samedi 27 juillet 2024

Incohérences bien marocaines !

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Les « Marocains » sont finalement des gens très bizarres, jugez en vous-mêmes ;

 

    Le gouvernement qu’on vient d’avoir est officiellement constitué  d’un parti intégriste religieux se qualifiant d’islamiste, d’un parti allié qui s’autoproclame détenteur exclusif de la légitimité nationaliste, d’un troisième parti qui se revendiquait encore jusqu’à la chute du mur et de l’URSS d’une gauche fidèle à Marx et à Lénine, et puis d’un quatrième parti , surtout lié aux particularismes identitaires du Maroc .La formule panachée semble nous aller à merveille ! Ce beau monde se trouve également augmenté par des sans appartenance politique qui sont des gens cooptés par le Palais (censé ne pas se mêler de politique) pour assurer  finalement et évidemment une gestion  totalement contrôlée hors des institutions élues. Nous sommes ainsi loin de la logique du fabuleux Discours du 9 mars ; nous nous trouvons plutôt proches des méthodes d’un système  marocain qui a marqué quatre décennies successives de la vie de cette nation produisant un large retard économique et social par rapport à nos voisins immédiats du nord!

 

    Pour ceux là – mêmes qui, dans cette mixture gouvernementale particulière, s’attaquaient  à la puérile congrégation des G8, parlant «  d’alliance contre nature», c’est vraiment mal parti ; en se faisant passer il y a  encore quelques semaines pour des donneurs de leçons et  des champions de la cohérence, ils ne pensaient sûrement pas se démentir en si peu de temps,  l’actuel gouvernement Benkirane étant  un flagrant délit d’incohérence.

 

    On ne devrait d’ailleurs pas trop les charger, ils ne sont pas seuls à vivre et cultiver l’incohérence, l’opposition de gauche hors institutions a cherché exclusivement à investir la voie publique fondant ses projets  « printemps arabes » en courtisant  les intégristes religieux  de tout bord.  Elle ne s’est pas lassée de les convier  jusqu’au point de théoriser  cette mixture d’opposition lui trouvant  arguments dans l’un des concepts les plus boiteux et incohérents de feu Abed El Jabri, la fameuse  Koutla Tarikhia( Bloc historique ). Aujourd’hui, ces gauchistes  non sevrés des totalitarismes  s’accrochent désespérément  à allier ensemble Dieu et Satan ! Les gauchistes d’Annahj si peu démocratique, du PSU si peu unifié et les autres consorts, sont sous le charme de la vague contestataire cléricale mondiale d’Al adl Wal Ihsane dans sa version nationale; mais aussi, implicitement, des salafistes qui investissent l’espace public en leur compagnie.

 

    Finalement, tout le monde ou presque au Maroc exprime la même attitude ou comportement politique inquiétant, celui de ne donner aux identités idéologiques proclamées qu’une importance de façade, une forme de présentation pour les besoins des processions. Lesquelles semblent être le fond culturel majeur (peut être cultuel serait plus exact) du Maroc actuel. C’est comme si on est encore en retard  par rapport aux batailles des idées et des projets de société, batailles inéluctables de modernisation  pour donner aux idées un impact plus fort que leur statut  ludique et les jeux de rôles que nous vivons encore  presque en exclusivité. Pour le moment, nous sommes la foule d’un carnaval pas seulement en politique, mais y compris dans le vestimentaire qui nous habille, les noces que nous célébrons et bien d’autres choses…

 

    C’est comme cela seulement qu’on peut comprendre comment un Youssef Lamrani à la veille de son investiture est devenu istiqlalien , qu’un Aziz Akhnouch n’est plus au RNI et que les Marocains sont à la fois pour  la démocratie et pour les intégristes religieux ! Ce qui se passe au sein de la société marocaine aujourd’hui fait craindre que la diversité du chaos  ne puisse  conforter la modernisation de ce royaume. Les jeux dangereux ne sont jamais assurés de succès. Moins de démagogie est à conseiller !

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