vendredi 26 avril 2024

Au Maroc, l’articulation entre société et spiritualité s’est faite en toute symbiose

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Lareleve.ma-MAP

 

  Au Maroc, l’articulation entre société et spiritualité s’est faite en toute symbiose, avec un Etat qui a une caractéristique et une structuration spirituelle et temporelle à la fois, a affirmé Faouzi Skalli, anthropologue et président du festival de Fès de la culture soufie.

 

  Dans un entretien à la MAP à l’occasion de la 6-ème édition de ce festival, qui s’est ouverte jeudi, M. Skali a expliqué cette relation en citant les Zaouïas qui jouent et continuent de jouer un rô le qui est celui de la société civile, mais à laquelle elles ajoutent cette dimension spirituelle en quelque sorte.

 

  C’est dans ce sens que ces Zaouias n’interviennent pas sur un plan idéologique, qui n’est pas le terrain du soufisme, mais sur des aspects de l’éducation et des valeurs de comportement, d’honnêteté, de sincérité, d’humilité et de transparence, poursuit-il.

 

  Et c’est là qu’apparaît la particularité du soufisme marocain, qui fait partie, certes, de ce soufisme universel qui a les mêmes principes et les mêmes enseignements, mais qui se caractérise par une coloration propre due à des pratiques particulières et à une évolution singulière, estime-t-il.

 

  Il convient aussi de rappeler que le Maroc a donné naissance à de grandes confréries soufies, qui se sont ensuite, diffusées à travers le monde, comme la tarîqa Chadiliya d’Abou Hassan Chadili, qui s’est propagée dans tout l’Orient et dans le monde entier, la Tariqa Tijania, dont on connaît la prospérité dans toute l’Afrique, mais aussi la voie Qadiriya, qui est d’origine orientale, mais qui a une implantation toute particulière au sein du Maroc.

 

  Ces grandes voies, auxquelles s’ajoutent une multitudes d’écrits sur le soufisme, ont donné une coloration de Takhallouq (de comportement), mais aussi une influence et une orientation de la culture de l’Islam au Maroc, qui s’est bien imprégné de cet esprit et de ces valeurs d’ouverture, d’humilité, de générosité, de compassion, d’amour et d’élévation spirituelle, explique M. Skalli.

 

  C’est dans ce sens qu’il parait extrêmement important, selon lui, de se baser sur ces valeurs, sur cette sorte de matrice culturelle et spirituelle, pour pouvoir bâtir, ensuite, tout un programme tendant à retrouver une reconnexion avec cet imaginaire de la culture spirituelle, car sans matrice culturelle et spirituelle porteuse de valeurs sures permettant de construire une Âœuvre collective au sein de la société, il ne peut y avoir de développement, lance-t-il.

 

  Il ne s’agit pas là d’une voie idéologique qui consiste à faire de la surenchère, mais, par contre, à arriver à une sorte de matrice sociétale qui permet aux gens de partager un mieux vivre ensemble et un projet sociétal commun.

 

  En penseur soufi qu’il est, M. Skalli explique que c’est de la richesse des cultures soufies dont on a besoin aujourd’hui, pour montrer que la spiritualité a produit tout un ensemble d’expressions artistiques (chants de Samae), sociétales (valeurs de comportement, rapports au travail, aux relations sociales et au voisinage), ou simplement littéraires, ou liées à l’art de vivre ou à la forme architecturale.

 

  « Nous avons besoin d’aborder l’islam à travers ses expressions civilisationnelles et culturelles, en ne parlant pas de façon strictement idéologique, comme si l’islam ne s’est pas incarné dans les valeurs et dans la société », a-t-il dit.

 

  Il est question dans ce cheminement, relève-t-il, de rendre sensible, traduisible et perceptible cette dimension culturelle et spirituelle qu’il est important de retrouver, non pas simplement comme une sorte de patrimoine d’histoire, mais comme une culture vivante.

 

  Et c’est de là que le besoin d’intégrer la dimension spirituelle dans nos sociétés devient essentiel. Car, c’est grâce à cette spiritualité qu’on peut parvenir au bien-être et à un rapport juste avec les questions sociétales, estime-t-il.

 

  L’islam montre, dans sens, la voie à suivre, dans la mesure où s’il a pu bâtir cette civilisation, c’est parce qu’il avait cette capacité de toujours se tenir dans la position juste, qui n’est jamais extrême, qui trouve l’équilibre des choses entre l’aspect matériel et spirituel, l’équilibre entre la nécessité de préserver une culture commune et la nécessité de la société pour l’ouverture

 

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  Mais, c’est une démarche qui se construit progressivement, car il y a une cohérence, une configuration de valeurs et intellectuelle qui composent une civilisation, conclut M. Skalli.

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