samedi 20 avril 2024

Nouvelles révélations sur le point G !

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 Catherine Maillard


  Longtemps controversé, le point G, relève le défi de la science. La gynécologue Odile Buisson tente d’éclaircir les mystères de l’anatomie du clitoris et du point G en l’échographiant. Zoom sur sa recherche et la sexualité des femmes, continent resté « noir » pour la médecine contemporaine.

 

  Le point G reste controversé, depuis sa découverte, somme toute récente, en 1950. Son existence n’a jamais été démontrée, tout simplement parce qu’on en n’a pas trouvé trace ni par dissection anatomique, ni par RMN (imagerie par résonance magnétique). Cette absence de preuves flagrantes donne lieu à bien des polémiques alors que 50 à 70 % des femmes confirment avoir une zone de sensibilité particulière. La gynécologue Odile Buisson, lève le voile, et pointe les réticences des milieux scientifiques. Selon elle, la sexualité féminine ne semble pas intéresser la médecine, comme si le sujet n’était pas digne d’intérêt ou sous le coup de tabous. Récit d’une échographie de ladite zone et ses découvertes sur la sexualité féminine.

 

Dans l’odyssée du point G, pouvez-vous nous rappeler les dates-clés ?

 

  Nouvelles révélations point GOdile Buisson : Tout débute en 1950 par l’article de Ernst Grafenberg, rapportant les propos de ces patientes autour d’une zone particulièrement agréable située dans la partie antérieure vaginale basse le long du trajet de l’urètre. C’est une région qui lorsqu’elle est stimulée provoque des orgasmes jugés plus importants, profonds et lancinants. C’est seulement fin des années 80 que Beverley Whipple nomme cette région le point G, en l’honneur de son découvreur. En 1998, l’Australienne O’Connell décrit l’anatomie exacte du clitoris et en 2005 son équipe réalise la première image en Résonance Magnétique Nucléaire de l’organe clitoridien. Avec le Docteur Pierre Foldès, spécialiste de la réparation des mutilations génitales, nous avons décidé de pousser plus loin.

 

Quel est le lien entre le point G et la fabuleuse anatomie du clitoris ?

 

  Odile Buisson : Je me suis aperçue que le clitoris était un organe assez mobile, car sous l’influence de contractions périnéales ses différentes parties se mobilisent. J’ai alors eu l’idée de faire l’échographie d’un coït. On s’aperçoit que lors d’un rapport sexuel, le clitoris est étiré, comprimé, ascensionné, de façon répétitive par la verge en érection. Sous l’influence de ces simples va-et-vient, il augmente de volume. On peut aussi constater que c’est à travers la partie antérieure vaginale basse que la double arche du clitoris est stimulé. Ce qui met fin à la différenciation des femmes vaginales et clitoridiennes, puisque dans les deux cas, le clitoris est donc en jeu, mais de façon différente.

 

Cette zone que vous avez découverte serait le fameux point G ?

 

  Odile Buisson : Le point G n’existe sans doute pas en tant que structure. C’est donc le point de contact entre le vagin et la racine interne du clitoris, c’est la zone d’adossement en quelque sorte. La nouveauté réside, selon nous, dans le fait que nous pensons que cette zone est une fonction du CUV (complexe clitoro/urethro/vaginal). Le CUV dénommé ainsi par les Australiens désigne l’ensemble des organes impliqués dans l’activité sexuelle féminine. Pour vous donner une image, c’est un peu comme siffler : il y a une expulsion d’air par le diaphragme, les poumons, une contraction des muscles des joues et des lèvres. De l’ensemble de ces interactions d’organes est produit un son plus ou moins mélodieux. Cependant, vous aurez beau chercher dans la gorge des gens, vous ne trouverez pas de structure  anatomique en forme de sifflet. Pour le plaisir que procure « le point G », c’est pareil ! En clair, c’est une des gâchettes fonctionnelles pour obtenir un orgasme, du moins ceci est notre hypothèse.

 

Vous semblez insister sur l’information, pourquoi ?

 

  Odile Buisson : La médecine sexuelle en est à ses balbutiements. La sexualité féminine reste un continent à explorer pour en découvrir les nombreux ressorts. Si l’aspect psychologique est indéniable, l’implication d’éléments biologiques l’est tout autant.

 

  En France, aucune Faculté n’étudie scientifiquement la fonction du clitoris féminin car le clitoris ne sert qu’à l’orgasme et au plaisir. D’où un désintérêt pour la médecine sexuelle féminine, teinté également de tabou ou de peur… la première définition du clitoris remonte seulement à 1998 ! C’est donc une science très récente.

 

Toutefois pour les femmes qui ont des difficultés sexuelles et qui en souffrent, il est important de connaître les mécanismes du corps qui conduisent à l’orgasme afin de pouvoir les soulager de cette souffrance. La médecine du corps n’exclut en rien les médecines de la psyché et des rapports interpersonnels. Ces médecines sont complémentaires

 

Que faut-il penser des injections, une solution miracle ou non ?

 

  Odile Buisson : D’abord, il faut dissocier le point G de l’orgasme. Le point G n’est pas la panacée et on peut avoir une sexualité épanouie de mille manières différentes avec ou sans orgasme. Nous sommes trop rapidement passés de l’injonction « Trouvez votre point G » à « l’injection du point G ». Trop souvent ces injections sont faites sans bilan gynécologique et sexologique préalables et de plus, elles n’ont jamais été évaluées scientifiquement. Par ailleurs, pratiquées le plus souvent à l’aveugle, elles peuvent comprimer l’urètre et ainsi donner des complications urinaires voire blesser les vaisseaux de la région. Il faudrait évaluer tout cela de façon beaucoup plus rigoureuse avant de dire ou de faire quoi que ce soit. Cela nécessite évidemment de poursuivre des études scientifiques avec une méthodologie correcte et bien codifiée.

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