samedi 4 mai 2024

Venise ne sera pas inscrite au patrimoine mondial en péril

-

La ville de Venise ne sera finalement pas inscrite au patrimoine mondial en péril, a décidé jeudi le Comité du patrimoine mondial réuni à Ryad, prenant le contrepied des recommandations des experts de l’Unesco.

«Le Comité du patrimoine mondial – l’organe de gouvernance de la Convention du patrimoine mondial composé de 21 Etats membres représentant les 195 États parties à la Convention – a pris ce jour la décision de ne pas inscrire Venise et sa lagune sur la Liste du patrimoine en péril», a indiqué l’Unesco, dont le siège est à Paris, dans un communiqué.

«Cette décision tient compte des avancées obtenues ces derniers jours par l’Unesco, notamment la mise en place dès 2024 d’un système de gestion des flux de visiteurs», a précisé un diplomate à l’AFP.

Alors même que son cas était en train d’être discuté par l’Unesco, la ville de Venise a en effet fort opportunément décidé mardi d’introduire à titre d’essai à partir de 2024 une taxe de cinq euros dont auront à s’acquitter les touristes ne passant qu’un jour dans la Cité des Doges. Le principal objectif de cette mesure est de dissuader ces visiteurs à la journée qui contribuent à engorger une ville célèbre dans le monde entier pour ses œuvres d’art, ses ponts et ses canaux.

En 2024, cette taxe payable en ligne ne concernera qu’un maximum de trente journées pendant lesquelles le nombre des touristes est traditionnellement plus élevé.

Dès que l’Unesco a annoncé que Venise avait échappé au classement infamant, le ministre italien de la Culture Gennaro Sangiulano s’est empressé de saluer «une victoire de l’Italie et du bon sens».

Venise n’est toutefois pas définitivement sortie d’affaire : «Le Comité a réitéré ses préoccupations concernant les défis importants qu’il reste à relever pour la bonne conservation du site, notamment liés au tourisme de masse, aux projets de développement et au dérèglement climatique. Il estime que des progrès supplémentaires doivent être réalisés».

Le Comité a en outre demandé à l’Italie «d’inviter une mission consultative du Centre du patrimoine mondial et de soumettre un rapport au 1er février 2024, pour que l’état de conservation du site soit à nouveau examiné lors de la 46e session du Comité à l’été 2024».

L’Unesco avait pourtant recommandé fin juillet le classement « en péril » de Venise, un joyau menacé par un tourisme trop important et le réchauffement climatique, du fait de mesures «insuffisantes» prises en Italie pour lutter contre la détérioration de ce site.

Venise reporte depuis des années la prise de mesures drastiques, notamment la mise en place d’une réservation obligatoire et le contingentement du nombre des entrées pour endiguer le déferlement de millions de touristes dans le centre historique saturé.

Les experts de l’Unesco avaient estimé que «la poursuite du développement (de Venise), les impacts du changement climatique et le tourisme de masse» menaçaient de «causer des changements irréversibles à la valeur universelle exceptionnelle du bien».

Venise, une cité insulaire fondée au Ve siècle et devenue grande une puissance maritime au Xe siècle, s’étend sur 118 îlots. Ce site exceptionnel a été intégré au Patrimoine mondial par l’Unesco en 1987.

La Sérénissime est l’une des villes les plus visitées du monde. En pic de fréquentation, 100 000 touristes y dorment, en plus de dizaines de milliers de visiteurs à la journée. A comparer aux quelque 50 000 habitants du centre-ville, qui ne cesse de se dépeupler.

- Advertisment -