samedi 27 avril 2024

Nouvel an amazigh célébré pour la première fois au Maroc comme un jour férié officiel

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Yennayer est célébré partout par les Imazighen, en Afrique du Nord ou au sein des diasporas. Cette année, Yennayer sera célébré pour la première fois au Maroc comme un jour férié officiel!

Yennayer marque le premier jour de l’année selon le calendrier agraire amazigh, remontant à l’Antiquité. Il est célébré entre le 12 et le 14 janvier de chaque année, correspondant au calendrier julien, décalé de 13 jours par rapport au calendrier grégorien. Son origine remonte à 950 av. J.-C., coïncidant avec l’intronisation du roi berbère Sheshonq Ier en tant que pharaon d’Égypte, marquant ainsi le début de la XXIIe dynastie égyptienne, dite libyenne ou boubastide​​​​​​​​.

Une date qui suscite plusieurs questions sachant que les historiens sont unanimes à déclarer que l’histoire des Amazighs est plus ancienne que cette date clé. Mais à l’origine du calendrier amazigh, un pharaon égyptien intronisé 950 ans avant la naissance de Jesus Christ.

Une date qui reste historique puisqu’elle marque le début de l’émergence forte et remarquable des Amazighs sur la scène internationale. Il a été établi par les historiens que cette date coïncide effectivement avec celle de l’intronisation du chef amazigh en tant que pharaon et qui fondera par la suite la 22ème dynastie égyptienne.

Le calendrier amazigh remonte à avant l’islam. C’était un calendrier solaire, peut-être inspiré d’un calendrier traditionnel plus ancien.

Les Amazighs s’en servaient pour marquer le cycle des saisons. Avec l’arrivée de l’islam, ils ont adopté le calendrier islamique, lunaire, pour les fêtes religieuses, tout en conservant le leur, plus utile pour l’agriculture.

Le calendrier amazigh moderne a été développé par l’écrivain amazigh Chawi « Ammar Negadi », un des fondateurs de l’Académie berbère (Agraw n imaziɣen ⴰⴳⵔⴰⵡ ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ). Il s’est basé sur le calendrier julien, qui commence 13 jours après le calendrier grégorien, en vigueur aujourd’hui. Ainsi, le premier jour de l’année amazighe est le 14 janvier. La date traditionnelle du Yennayer varie cependant selon les régions, du 12 au 14 janvier.

A la base, le calendrier amazigh n’avait pas de point de départ (pas d’ « an 0 »). Ammar Negadi a choisi la date (approximative) du couronnement de Sheshonq Ier, le premier Pharaon d’Egypte d’origine amazighe libyenne. Ce roi, mentionné dans la Bible sous le nom de Shishak, a ensuite envahi le Royaume d’Israël et pillé le Temple de Jérusalem. La mention biblique de l’invasion de Sheshonq Ier serait la plus ancienne référence écrite aux Amazighs.

Le calendrier amazigh commence donc en l’an -950 du calendrier grégorien. Ainsi, l’année 2024 correspond à l’année 2974 du calendrier amazigh.

Un tout premier pharaon d’origine amazighe

Mais bien avant d’arriver à cette accession au pouvoir, il faut reconnaître que la présence des Amazighs en Egypte remonte à plusieurs années avant cette date. Dans son ouvrage intitulé «Les Berbères Célèbres», le linguiste et écrivain algérien Mohamed Akli Haddadou retrace cette présence, en évoquant notamment les grandes tribus berbères avec lesquelles l’Egypte était en contact. «Les Temehu, qui s’étaient installés à une époque immémoriale sur la rive occidentale du Nil, dans le désert égyptien, les Tehenu, plus au nord, sur les côtes de la Méditerranée et, plus à l’est, dans la Libye actuelle, les Lebu (ou Rebu) et les Mashawash», écrit-il. Mais même au sein de ces tribus, le rêve de conquérir le pays des Pharaons a toujours été présent. L’écrivain cite, en effet, plusieurs guerres ayant opposé de célèbres pharaons égyptiens aux libyens amazighs, à l’instar de Thoutmosis III, Ramsès II ou encore Ramsès III.

C’est lors du règne Psousennès (ou Psoussenes) II que ce rêve devient réalité. Dernier pharaon de la XXIe dynastie ayant régné 14 ans, à en croire Manéthon de Sebennytos, auteur d’«Ægyptiaca», ce dernier décède en laissant son trône à Sheshonq 1er, fondateur de la première dynastie berbère d’Egypte. Les histoires sur cette accession au pouvoir divergent, entre ceux qui parlent de la mort de Psousennès II et d’autres qui évoquent une bataille entre les armées égyptiennes et des «mercenaires libyens». Mais les versions ne manquent pas d’évoquer le membre de la tribu Mashawash qui est devenu, à Bubastis, le tout premier pharaon d’origine amazighe.

Conquérant de Jérusalem, du Liban et de la Syrie

Les historiens rapportent que le pharaon amazigh avait quatre enfants : Osorkon Ier, Ioupout, Nimlot Ier et une fille appelée Tashepenbastet. Sesonchôsis, selon l’appellation que Manéthon de Sebennytos lui accorde, se serait emparé du pouvoir vers 950 avant J.-C. Contrôlant d’abord un territoire allant de la partie orientale de l’actuelle Libye jusqu’au delta du Nil, le pharaon amazigh régna par la suite sur toute l’Egypte jusqu’à 929 av. J.-C. Il serait également le fondateur de Bubastis. Soucieux de la stabilité de son empire, Sheshonq désigna par la suite son fils Ioupout comme grand prêtre d’Amon à Thèbes et gouverneur de la Haute-Égypte, et son autre fils Nimlot Ier, comme roi de Hérakléopolis afin de contrôler la Moyenne-Égypte.

On lui attribue notamment le qualificatif de «pharaon conquérant», puisque selon les fresques du mur nord du temple d’Ammon, à Karnak, Sheshonq a même réussi par la suite à écraser les troupes du roi de Judée Roboam et pillé les trésors du temple de Salomon à Jérusalem. Il serait même cité dans la Bible (ancien testament) sous le nom de Sesac. «Sésac, roi d’Egypte, monta contre Jérusalem avec mille deux cents chars et soixante mille cavaliers ; et l’on ne pouvait compter le peuple qui vint d’Egypte avec lui : Libyens, Sukkiens et Ethiopiens. Il prit les villes fortes qui appartenaient à Juda, et arriva jusqu’à Jérusalem», indique un passage de l’ancien testament.

Sheshonq Ier aurait vécu pendant deux à trois ans après sa campagne réussie en Canaan. Une raison pour laquelle les égyptologues situent son règne entre -943 à -922 au lieu de la période allant de -945 à -924. Sa conquête s’étale aussi jusqu’au Liban et aux marches de la Syrie.

On lui doit aussi le fait d’avoir remis à l’Égypte sa prépondérance en Palestine et en Phénicie et d’avoir permis aux Imazighen de renouer avec leur histoire vieille de plusieurs millénaires.

Aseggwas amazigh amaynu 2974 Ighudan

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