jeudi 2 mai 2024

Iran : La chute imminente d’une dictature 43 ans après

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La répression sévère des forces iraniennes ne parvient pas à mettre fin aux protestations et un changement de régime se profile à l’horizon.

Après plus de quatre décennies sous la dictature des ayatollahs, les manifestations dans les rues d’Iran menacent l’emprise de la dictature et font rêver la population d’un renversement du régime.

Mahsa Amini. Ce nom a incité la société iranienne à descendre dans la rue pour manifester que les jours de la dictature instaurée en 1979 par Ruhollah Khomeini sont comptés. La mort de la jeune femme de 22 ans pendant sa garde à vue a ouvert les vannes d’un ras-le-bol de la population qui, tôt ou tard, devait briser le dernier fil qui tient le régime des Ayatollahs en échec. Un mois plus tard, l’Iran voit, pour la première fois en 43 ans sous l’ombre de la dictature, un petit rayon de lumière qui invite à l’optimisme, une occasion de mettre fin à plus de quatre décennies de souffrance et de léthargie.

Ce qui est vraiment compliqué, c’est de savoir jusqu’où la société iranienne peut aller, de savoir si elle sera capable de renverser le régime ou, au contraire, si ses forces lui feront défaut avant de mettre fin à la dictature. Une chose est indéniable, c’est que c’est le moment où le plus de doutes sont apparus à Téhéran ces dernières années. Ces dernières années, l’action rapide – et violente – de la police a mis fin à toute velléité de protestation, mais cette fois-ci, rien n’est moins vrai. Les décès sont acceptés comme des pertes dans une guerre, une guerre dont le prix est la liberté et dont le coût pourrait être trop élevé si l’aide ne vient pas de l’extérieur des frontières de l’Iran.

La lutte du peuple iranien

Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), 204 personnes ont perdu la vie lors des manifestations, dont 23 enfants. Des manifestations ont eu lieu dans 140 villes depuis le 10 septembre, date à laquelle Amini a été tuée après avoir omis de porter correctement son voile. Ce sont les chiffres d’une lutte qui a commencé il y a plus d’un mois mais qui a conduit le gouvernement iranien à envisager une table de dialogue, chose totalement impensable lors des précédentes tentatives de protestation du peuple iranien qui, comme aujourd’hui, se sont heurtées à la violence des forces de l’État en réponse.

Zahedan est la ville qui a le plus souffert de cette répression. Située dans la province du Sistan et Baluchestan, dans cette seule ville, 90 personnes ont été tuées lors d’une marche organisée le 30 septembre pour protester contre le viol d’une jeune Baloutche de 15 ans par le chef de la police de Chabaha. Le rapport de l’IHR dresse une liste exhaustive des villes et des victimes qui y ont trouvé la mort lors des manifestations. Elle met en évidence les 27 décès à Mazandaran, 12 à Gilan, 12 en Azerbaïdjan occidental et huit à Téhéran.

Mais parmi toutes les victimes, les informations fournies par Iran Human Rights en soulignent une par-dessus tout, le meurtre d’une jeune fille de 16 ans. Sarina Esmailzadeh, originaire de Karaj, capitale de la province d’Elburz, a été brutalement assassinée par la police alors qu’elle manifestait avec ses amis près de l’école de langues qu’ils fréquentaient ensemble. La première version donnée par les autorités était qu’Esmailzadeh s’était suicidée en sautant d’un point élevé, ce qui a été démenti par l’IHR : « Après avoir examiné les preuves et parlé avec des témoins et des sources proches, Iran Human Rights confirme que Sarina a été victime d’un assassinat perpétré par les forces de sécurité de l’État ».

Source site Atalayar (par José María Martín)

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