« Dites-moi que vous êtes argentin, sans me dire que vous êtes argentin !». A cette devinette sous forme d’énigme un brin provocatrice, les Argentins répondent sans l’ombre d’une hésitation : Dulce de Leche (littéralement sucre au lait).
En Argentine, cette friandise omniprésente à la fin des repas est une véritable passion élevée au rang d’étendard gastronomique.
Ce dessert a sa propre journée internationale célébrée le 11 octobre de chaque année, au milieu de disputes entre l’Argentine et l’Uruguay sur la paternité de cette confiserie déclarée « Patrimoine culturel et gastronomique d’Argentine ».
Toutefois, la poire de la discorde a été coupée en deux par l’UNESCO qui en a fait un Patrimoine commun du fleuve de La Plata, qui sépare les deux pays.
Bien qu’il soit fait de seulement deux ingrédients basiques que sont le lait et le sucre, Dulce de Leche se décline en mille et une recettes et il est ajouté à une multitude de confiseries, de bonbons, de tartes, de glaces ou d’Alfajor, l’autre dessert légendaire d’Argentine.
Plusieurs historiens se sont penchés sur la création « accidentelle » de ce dessert, son cheminement au sein de la société, ses déclinaisons et sa place dans la culture populaire.
Il est vrai que l’Argentine n’est pas le seul pays où le Dulce de Leche est produit et consommé massivement, mais il est aussi vrai que cette confiserie est élevée au rang de symbole national très représentatif de la cuisine locale.
La légende raconte qu’en 1928, la servante d’un ancien gouverneur de la ville de Buenos Aires avait oublié sur le feu un récipient de lait et de sucre. Le résultat de cet « oubli » a été un mélange visqueux à la texture lisse et au goût très sucré. Dulce de Leche venait de naître.
Bien que certains historiens contestent vivement cette version, il n’empêche que c’est en Argentine que le Dulce de Leche est le plus consommé avec une moyenne de 3,2 kilos pour chaque argentin par an.
Les Argentins sont toujours fiers de voir que la première recette documentée de ce dessert est toujours conservée dans le Almanach de la cuisine argentine que garde comme un “trésor » La Bibliothèque Nationale.
Depuis le 19ème siècle, le registre de la gastronomie argentine a intégré plusieurs recettes avec le Dulce de Leche, dont les plus célèbres demeurent les fameux Alfajores farcies avec du Dulce de Leche.
Selon les statistiques officielles, l’Argentine produit annuellement 128 mille tonnes de Dulce de Leche qui figurent parmi les produits laitiers les plus consommés par les argentins.
La passion des argentins pour cette friandise est tellement forte que seulement 10% de cette quantité trouve le chemin vers des marchés étrangers, alors que 90% de la production sont consommés localement.
Les puritains parmi les amoureux de cette gourmandise tonnent contre les procédés industriels destinés à sa confection et préfèrent de loin la méthode traditionnelle ou familiale qui donne une texture plus légère et plus brillante
Il existe aussi un Dulce de Leche plus compact utilisé dans la pâtisserie industrielle.
Une troisième version plus colorée, dotée d’une saveur plus intense, est utilisée dans la confection des glaces.
Mises à part les chamailleries sur l’origine de ce dessert, qui reviennent comme des éphémérides chaque 11 octobre, il est une certitude argentine immortalisée par ce dicton populaire qui dit que « ceux d’entre nous qui sont nés sur cette terre, rament dans le Dulce de Leche ».