«Aimez-vous Brahms» ? C’est sous cet intitulé que se tient la 18éme édition du Printemps Musical des Alizés à Essaouira du 26 au 29 avril 2018. Un rendez-vous musical unique dans le monde arabo-musulman qui draine des mélomanes comme s’il s’agissait d’un pèlerinage. A ne pas manquer !
« Essaouira aime la musique, la musique aime Essaouira » ne cesse de rappeler, tel un leitmotiv, André Azoulay, le parrain des rendez-vous culturels et festifs de la cité au vent, Essaouira-Mogador. Musique classique et art lyrique, musique andalouse, Malhoun, Flamenco, Fado, Gnaoua…Les saisons souiries sont dorénavant, ainsi depuis des années, rythmées aux sons et chants en provenance d’ici et d’ailleurs. Un langage universel qui célèbre la convivialité, la fraternité et l’ouverture sur l’Autre.
La thématique retenue cette année par la directrice artistique, Dina Bansaid, est vieille comme le monde : La passion et les amours contrariés, inassouvis. De là l’appel à la correspondance musical et littéraire entre le couple mythique et romantique par excellence de l’histoire musical, Clara et Robert Schumann.
Dans l’une de ses correspondances épistolaires, la pianiste Clara écrit à son amoureux compositeur, « Mon cher Robert adoré, j’ai le cœur gros aujourd’hui parce qu’il faut que je t’écrive ce que j’ai envie de t’écrire depuis assez longtemps ; j’ai beaucoup lutté avant de m’y décider, mais il le faut, ça concerne notre bonheur. Je suis terriblement malheureuse à l’idée d’être séparée encore de toi pendant de longs mois. Mais nous ne pourrons pas encore nous marier à Pâques prochain ; ne perds pas courage, moi je demeure forte ; crois-moi, nous ne serions pas heureux…Je t’en prie, écris-moi tout de suite et aussi tout ce que tu ressens, même si c’est de la colère ! Ecris-moi aussi si tu m’aimes encore ? Chaque heure, je t’aime davantage, tu me crois ».
Le père de Clara refusa leur mariage. Le couple s’exilent à Paris, lui intente un procès et finissent par s’unirent le 12 septembre 1840. Et Schumann sombre dans la folie, finit ses jours dans un auspice quand Clara s’unira à Brahms, son meilleur ami. Faut-il souffrir pour créer ? L’histoire de la création mondiale est jalonnée par une infinité de mélodrames à l’instar de cette histoire.
Revenant au Printemps Musical des Alizés qui nous convie à une infinité de concerts dans les lieux mythiques de la ville. Dar Souiri, le chapiteau et cette année un nouvel et original espace, Dar Addakira. L’ancienne synagogue Attia est réhabilitée, restaurée dans les règles de l’art. Elle s’apprête à accueillir « la maison de la mémoire » et le centre Haïm Zaâfrani, l’une des figures intellectuelles et incontournable de la cité et de l’histoire du judaïsme marocain et maghrébin. Une crémaillère digne et du lieu et de la manifestation !
Comme d’habitude, il y aura la matinée jeune talents avec les enfants du programme Mazaya et la déambulation des artistes dans la Médina offrant, telle dans les fêtes du Moyen Agé et les Hlakis des places publiques, l’art dans la rue. Une programmation riche, sélective et variée.
Le communiqué de l’Association Essaouira-Mogador, initiatrice de l’événement, se conclut par ces mots : «Comme à son habitude Essaouira, passionaria généreuse de l’âme et du cœur nous propose ainsi une grande fête de la musique avec tous ces compositeurs qui à travers les âges ont eu l’immense talent d’écrire et de transcrire la complexité et la profondeur de nos émotions, faisant ainsi naitre des chefs d’œuvre musicaux que l’on écoute encore et encore avec bonheur et reconnaissance ».
Ci-dessous le programme du Printemps Musical des Alizés à Essaouira:
