vendredi 26 avril 2024

Le gouvernement français s’alarme de caricatures de Mahomet

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La « Une » de Charlie Hebdo, une parodie du film « Intouchables », montre un juif orthodoxe pousser un homme ressemblant à un imam sur une chaise roulante

 

 

Lareleve.ma-Agences

 

  Le gouvernement français a exprimé son inquiétude à l’annonce de la publication mercredi par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo de caricatures du prophète Mahomet, en pleine flambée de violences liée à la diffusion d’un film anti-islam.

 

  Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en a appelé à « l’esprit de responsabilité de chacun », sans toutefois faire référence à Charlie Hebdo ou à des manifestations.

 

  Un appel à manifester samedi prochain près de l’ambassade des Etats-Unis à Paris et dans les grandes villes contre le film « L’innocence des musulmans », jugé blasphématoire, circule en effet sur les réseaux sociaux.

 

  Les dessins de Charlie Hebdo montrant le prophète dans des positions osées ne sont pas en Une, mais en quatrième de couverture, dans la rubrique « les couvertures auxquelles vous avez échappé ».

 

  La « Une » elle-même, une parodie du film « Intouchables », montre un juif orthodoxe pousser un homme ressemblant à un imam sur une chaise roulante.

 

  En déplacement au Caire, en Egypte, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré que le gouvernement français n’encourageait en aucun cas ce genre de provocation, même s’il respecte la liberté de la presse.

 

  « Je ne vois pas du tout l’utilité quelconque d’une provocation et même je la condamne. En même temps, je respecte la liberté d’expression », a-t-il dit sur i>Télé.

 

  « Mais en aucun cas, on ne peut estimer que le gouvernement encouragerait cela, il n’en est pas question », a-t-il ajouté.

 

  Dans un communiqué, Jean-Marc Ayrault rappelle « que la liberté d’expression constitue l’un des principes fondamentaux de notre République » mais que cette liberté « s’exerce dans le cadre de la loi et sous le contrôle des tribunaux, dès lors qu’ils sont saisis. »

 

  « Et c’est pourquoi, dans le contexte actuel, le Premier ministre tient à affirmer sa désapprobation face à tout excès. Il en appelle à l’esprit de responsabilité de chacun », dit le texte.

 

  Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, s’est alarmé sur France 2 d' »une véritable provocation », d' »une véritable incitation à l’exacerbation des tensions qui règnent actuellement dans le monde mais aussi dans notre pays ».

 

  Sur i>Télé, le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, Charb, a dit ne pas être inquiet des conséquences de cette publication.

 

  En novembre 2011, les locaux parisiens de l’hebdomadaire avaient été incendiés et son site internet avait été piraté le jour de la sortie d’un numéro spécial « Charia hebdo ».

 

  En 2006, le journal avait déjà été attaqué en justice après la publication de caricatures du prophète. Il a par la suite gagné ses procès en première instance puis en appel.

 

  Parallèlement, deux appels distincts sont diffusés sur internet, l’un pour un nouveau rassemblement à Paris et l’autre pour reproduire la même initiative à Toulouse, Marseille ou Lille, précise mardi le site Islam en France.

 

  Dans la capitale, le rendez-vous, avec pour slogan « Touche pas à mon prophète », est fixé en début d’après-midi près du Trocadéro pour rallier ensuite l’ambassade des Etats-Unis.

 

  Laurent Fabius a déclaré que ces manifestations ne seraient pas tolérées.

 

  « Il ne faut pas accepter ces manifestations. Si c’est le cas, la manifestation sera certainement interdite », a-t-il déclaré sur BFM-TV.

 

  Samedi dernier, environ 200 personnes avaient tenté de manifester à proximité de l’ambassade des Etats-Unis à Paris avant d’être dispersées par la police, qui a interpellé 152 manifestants.

 

  Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a annoncé avoir donné des instructions « pour que cela ne se reproduise pas ».

 

  Les manifestations anti-américaines, parfois meurtrières, se sont multipliées à travers le monde musulman après la diffusion d’extraits de « L’Innocence des musulmans », réalisé aux États-Unis, et qui décrit l’islam comme un « cancer ».

 

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