vendredi 10 mai 2024

Le Goncourt décerné à Eric Vuillard et le Renaudot à Olivier Guez

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Le prix Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone, a été décerné lundi à Eric Vuillard pour « L’ordre du jour », a annoncé le jury présidé par Bernard Pivot. Le prix Renaudot a pour sa part été attribué à Olivier Guez pour « La disparition de Joseph Menguele ».

Cette année, il n’y avait pas de favori désigné dans la dernière ligne droite du Prix Goncourt. Tour à tour, Saint-Germain-des-Prés prédisait la victoire de Véronique Olmi Bakhita , Alice Zeniter L’Art de perdre , Yannick Haenel Tiens ferme ta couronne et Éric Vuillard L’Ordre du jour,dont la cote est remontée dans les dernières heures. C’est finalement ce dernier dont le livre est sorti au printemps dernier qui se voit attribuer la plus prestigieuse récompense littéraire française fondé en 1903 par les frères Edmond et Jules de Goncourt. Il succède ainsi à Leïla Slimani couronnée l’année dernière pour sa Chanson douce.

Le jury Renaudot présidé cette année par Frédéric Beigbeder a décerné ses lauriers à Olivier Guez pour La Disparition de Josef Mengele (éditions Grasset), un roman qui retrace la vie du docteur-bourreau de la chute du IIIe Reich en 1945 à sa mort sur une plage brésilienne en 1979. L’auteur y écrit et décrit les moindres détails de cette fascinante descente aux enfers. Les premières années, son héros porte beau. Puis il sombre dans la dépression, la solitude et la misère. En dépit de la pression sociale et internationale, mais aussi de son fils venu tenter de comprendre qui est ce père si encombrant, Josef assume tout et n’esquisse pas l’once d’une excuse. Une fresque fascinante et magnifiquement, tout autant que cruellement, restituée.

Actes Sud doublement récompensé

Chroniqueur au Point, Olivier Guez y tient depuis quelques mois un carnet de voyage en Europe. Une traversée littéraire et politique qui l’a déjà mené en Allemagne, en Roumanie et au Portugal. Ce jeudi, les lecteurs du Point découvriront son reportage en Hongrie. Au printemps 2016, alors qu’il enquêtait sur Josef Mengele en Amérique latine, il avait écrit un long reportage sur Bariloche, la ville argentine où les vaincus nazis ont trouvé refuge à la fin des années 40.

Philippe Jaenada, auteur de La Serpe, et Anne-Sophie Stefanini pour Nos années rouges ont également obtenu des voix dans les premiers tours de scrutin. Le Renaudot de l’essai est quant à lui attribué à Justine Augier pour De l’ardeur : histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne : récit chez Actes Sud. À noter que cette maison d’édition fondée par Hubert Nyssen, le père de l’actuelle ministre de la Culture, est doublement récompensée par le Renaudot essai et par le Goncourt.

Autre point commun dans cette première moisson des prix de l’automne : les deux romans récompensés évoquent l’un et l’autre le nazisme. Si Guez met en lumières la vie méconnue des dignitaires du régime qui se sont repliés en Argentine ou dans d’autres pays d’Amérique latine, Vuillard retrace dans un court récit les conditions de l’arrivée au pouvoir d’Hitler et raconte l’Anschluss. Il dissèque le soutien sans faille des industriels allemands à la machine de guerre nazie notamment avec une scène dans laquelle 24 grands patrons allemands du secteur industriel (Siemens, Krupp, Opel) vont rallier la cause d’un Adolphe Hitler fraîchement élu, qui par opportunisme, qui par conviction.

Par ailleurs, le prix Renaudot de l’essai a été décerné à Justine Augier pour De l’ardeur (éditions Actes Sud).

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