mercredi 1 mai 2024

Audrey Azoulay à la tête de l’UNESCO..Une victoire à l’arrachée!

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Personne ne s’y attendait au ministère de la culture, personne ne s’y attendait à la tête de l’Unesco ! Audrey Azoulay, une compétente et battante mais discrète, est certainement née sous une bonne étoile…souirie !

La candidature d’Audrey Azoulay, Ministre de la culture au sein du gouvernement de François Hollande (2016-2017), n’est présentée par le gouvernement français, in extremis, que  le 15 mars 2017!

 

Audrey Azoulay, à gauche, en compagnie du président François Hollande et du roi Mohammed VI sur le perron de l’Elysée. 

Audrey Azoulay ne s’attaqua à sa compagne pour briguer le poste de Directeur  Général de l’Unesco qu’à partir du mois de mai 2017.  Handicapée au départ par plusieurs obstacles sans oublier les polémiques autour du «tour» d’un pays arabe, de l’«inélégance» de la France de présenter un candidat…Audrey revient de loin et cumule les soutiens. Après un scrutin à suspens, les désistements, les batailles dans les coulisses, l’annonce des USA et d’Israël de quitter l’organisation internationale, elle décroche les 30 voix nécessaires face au candidat du Qatar Hamad Bin Abdoulaziz Al-Kawari qui bénéficie des 28 voix restantes. Un vote qui doit être validée par la conférence générale des 195 Etats membres de l’Unesco, le 10 novembre. Audrey Azoulay ne prendra ses fonctions que fin novembre.

Une victoire méritée

Outre son parcours professionnel, Audrey Azoulay a présenté un dossier ambitieux pour refonder l’Unesco, «une Ambition pour l’UNESCO». Fidèle à ses convictions, elle écrit au préambule,  «À l’heure où nous voyons ressurgir dans le monde des tensions que l’on croyait apaisées, régresser des libertés fondamentales, des populations massivement contraintes de fuir la misère et la violence, à l’heure où les revendications identitaires ou religieuses alimentent les discordes nationales et internationales, à l’heure où les risques environnementaux se matérialisent, la mission de l’UNESCO apparaît plus cruciale que jamais. L’Unesco doit s’affirmer avec ambition comme la conscience des Nations Unies, pour reprendre les mots fondateurs de Léon Blum, assumer pleinement le périmètre complet de ses missions et refuser toute vision réductrice de son mandat.».

Le programme énumère en suite les chantiers à venir : L’éducation comme ferment de développement et d’égalité entre les sexes, Refonder l’ambition culturelle pour l’UNESCO, Faire de l’UNESCO un acteur de référence du développement durable, l’UNESCO comme forum intellectuel au service des valeurs universelles, Rendre l’UNESCO plus efficace au bénéfice de tous…

Audrey au pays de la culture

Depuis sa naissance en août 1972, Audrey Azoulay a passé son enfance et son adolescence dans un univers familial épris d’art et de culture. Le papa, André Azoulay, à qui le roi Hassa II avait fait appel en 1991 pour le nommer conseiller économique, à débuté sa carrière en tant que journaliste au Maroc. C’est grâce à lui que l’oubliée ville d’Essaouira-Mogador ressuscite.  Elle est à l’origine de la création d’une association initiatrice de plusieurs actions culturelles d’envergure telles les festivals Gnaoua et musiques du monde, les Andalousies Atlantiques  et   les Alizés consacré à l’art lyrique et à la musique classique. On  oublie aussi son rôle incontournable dans l’installation du festival international du cinéma de Marrakech, ainsi que plusieurs missions discrètes dans le  domaine culturel.

 

Audrey en compagnie de son papa, André Azoulay,  conseiller de sa majesté le roi Mohammed VI

La maman Katia Brami est écrivaine, à qui on doit l’un des plus beaux livre d’art sur Essaouira «Essaouira, Mogador parfums d’enfance», concocté en collaboration avec les complices Elsa Rosilio et Régine Sibony. Audrey a deux sœurs, elles aussi dans le milieu. L’ainée Judith travaillait au sein de l’Association Française de l’Action Artistique (AFAA), dépendante à la fois des ministères des affaires étrangères et de celui de la culture. La cadette, Sabrina, ex directrice des programmes de la chaîne Paris Première, est productrice entre autres de «Entrée libre» que diffuse France 5 et qu’anime l’icône du PAF Claire Chazal.

Quand à son mari, François-Xavier Labaraque, croisé à sciences po, il est consultant et président de la société Garum Conseil. Il  fut «directeur de la stratégie et du développement» de radio France pendant plus de 14 ans.

Au sein de la famille proche et des beaux parents, on compte d’autres noms à l’instar de Liliane Azoulay, qui a exercée pendant des années à Télérama, de l’anthropologue Elisabeth Azoulay ou du grand écrivain Pol-Serge Kakon, auteur de «porte de lion» et de «Rica la vida», deux titres emblématiques sur la ville des fous et des vents, Essaouira, sans oublier la fille du regretté tonton Marcel, Yona qui exerce dans la planète musique….

Un cursus en béton

Issue de l’école publique, Audrey Azoulay est titulaire d’une maîtrise de gestion de l’Université de Lancaster (Grande-Bretagne, 1993),   d’une maîtrise des sciences de gestion (Université Paris Dauphine, 1994), diplômée   de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP, 1996) et l’Ecole Nationale d’Administration  en 2000,  promotion Averroès !

L’originaire d’Essaouira, la ville dont les enfants brillent à travers le monde, a surfé allégrement dans les arcanes de la haute administration avant d’atterrir au Centre National du Cinéma  pour en devenir  numéro 2 à partir de 2011.  Appréciée à gauche comme à droite, n’a t’elle pas fut approché par Dominique de Villepin pour un poste aux affaires étrangères et par Fréderic Mitterrand au ministère de la culture? Le milieu culturel l’encense et les fins connaisseurs des coulisses du pouvoir en France évoquent son sens de l’état,  son savoir-faire, sans oublier son sourire et son calme pour résoudre les dossiers les plus épineux. 

Sa nomination conseillère chargée de la culture et de la communication coïncidait  avec les nominations de Najat Vallaut-Belkacem et Meryem El Khomri au gouvernement Manuel Valls II. Elle coïncidait aussi avec les expositions «le Maroc contemporain»,  qu’abrita l’Institut du Monde Arabe et «Le Maroc médiéval», accueillie  par le  Louvre avant d’atterrir au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain.

Sa nomination ministre de la culture coïncide avec la visite royale, le lancement des travaux du futur Centre Culturel Marocain, qui doit ouvrir ses portes en 2018,   elle coïncida aussi  avec le réchauffement des relations franco-marocaines.

A l’air du repli sur soi, du retour du refoulé à la fois religieux et identitaire, des intolérances et des guerres fratricides, l’Unesco doit cultiver plus que jamais les valeurs humanistes. En la personne d’Audrey Azoulay, L’institution à dénichée leur incarnation. Audrey n’est elle pas le fruit du métissage heureux, des identités multiples et de l’ouverture sur l’Autre ? 

 

 

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