jeudi 2 mai 2024

Cet étrange crâne découvert en Chine pourrait réécrire l’évolution de l’humanité

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En Chine, un crâne aux spécificités uniques intrigue les chercheurs. Daté d’il y a 300 000 ans, le fossile ne peut être actuellement apparenté à d’autres sous-espèces du genre homo. De Néandertal à Homo sapiens, en passant par l’Homme de Denisova, ce crâne semble relancer les débats autour de la classification au sein de la longue histoire de l’évolution humaine.

L’évolution de l’espèce humaine est une longue histoire cahoteuse que les anthropologues tentent de démêler d’année en année. En Chine, la découverte d’un crâne aux caractéristiques pour le moins inhabituelles suscite des questionnements au sein de la communauté scientifique. Dans une étude à paraître en septembre 2023 dans le Journal of Human Evolution, un consortium de chercheurs fournit quelques détails après plus de trois ans d’examens menés sur cet étrange fossile, sobrement baptisé HDL 6. À la source des interrogations soulevées par les scientifiques : une ossature présentant des similarités avec la forme du crâne de l’Homo sapiens, mais préservant certaines caractéristiques archaïques antérieures à celles de l’humain contemporain.

Ni Homo sapiens ni Homme de Néandertal

C’est dans la province de Huanlongdong, à l’est de la Chine, que les archéologues déterraient 16 individus en 2019. Grâce à diverses techniques de datation, les experts déterminent l’âge des squelettes exhumés à environ 300 000 ans. Parmi les restes, le crâne HDL 6. Ce dernier provient d’un hominidé âgé de 12 ou 13 ans au moment de sa mort, et intrigue directement ses découvreurs. S’il s’avère partiellement détruit, sa forme globale ressemble à celle de l’Homo sapiens. Mais en examinant l’os inférieur de la mâchoire, appelé mandibule, les scientifiques constatent une croissance anormale, qualifiée d’« archaïque ».

À la Chinese Academy of Science (CAS, Académie chinoise des sciences), débute alors un jeu de piste s’étendant sur plusieurs centaines d’années durant le Pléistocène moyen. Les chercheurs se penchent sur les fossiles humains datant de cette période, qui prend place entre 774 000 et 129 000 ans avant J.-C. Malgré les analyses morphologiques, l’affaire reste cependant un mystère. Les scientifiques chinois, aidés par des confrères basés dans d’autres universités à travers le monde, n’arrivent pas à dresser de filiation entre HDL 6 et d’autres squelettes préservés à ce jour.

Vers une nouvelle classification ?

La question de l’évolution en Asie est une problématique d’importance pour les chercheurs chinois. Avec ses caractéristiques singulières, comment classifier HDL 6 ? Le crâne ne s’apparentant ni à l’Homo sapiens ni à l’Homme de Néandertal, le regard se tourne alors vers une trouvaille plus récente. En 2010, les anthropologues désignaient Homo denisovensis un nouveau type d’hominidé, en se basant sur la découverte d’une phalange datant d’il y a plus de 40 000 ans. Les assertions autour de l’Homme de Denisova, dont les restes ont été trouvés en Sibérie et à seulement quelques kilomètres de la Mongolie et de la Chine, ont intéressé les scientifiques travaillant sur HDL 6. Mais là encore, impossible de dresser une parenté entre le crâne de Huandonglong et l’Homo denisovensis.

Il est possible que HDL 6 se soit trouvé à la croisée des chemins entre plusieurs sous-espèces du genre Homo s’établissant en Chine durant le Pléistocène moyen, il y a 300 000 ans. Dans les méandres des études de l’évolution humaine, HDL 6 devrait continuer à intriguer tout en restant un objet d’étude prisé. Pour l’heure, il reste un spécimen unique, dont les caractéristiques n’ont été observées chez aucun autre fossile.

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