Le tout s’est joué quelques mois seulement avant le maximum solaire de 1860. Dans une société encore assez peu dépendante de la technologie. Aujourd’hui, alors que notre Soleil semble vouloir déborder d’activité – il ne devrait toutefois pas atteindre son maximum avant juillet 2025 –, la question se pose du risque que pourrait courir notre civilisation. Une civilisation que nous avons rendue tributaire de tant de systèmes sensibles aux perturbations électromagnétiques.
Rappelons en effet que le plasma qui constitue une éjection de masse coronale est composé de particules chargées. Lorsqu’elles atteignent la Terre, elles interagissent avec le champ magnétique qui entoure et protège notre Planète. Cela provoque toutes sortes de perturbations naturelles. Les aurores boréales – ou australes, le phénomène est bien sûr similaire – en sont probablement les plus enchanteresses. Certains se demandent même si cela n’aurait pas un effet sur les mouvements des plaques tectoniques. Avec le risque de déclencher séismes et, pourquoi pas, tsunamis. Pas de quoi, tout de même, mettre en danger l’existence de la vie sur Terre. Notre atmosphère nous protège suffisamment bien, selon les chercheurs.
Un réseau électrique sous tension
Le réel risque pour notre civilisation semble être le risque technologique. Un événement de type Carrington – classé G5 sur l’échelle allant de 1 à 5 de la National Oceanic and Atmospheric Administration (États-Unis) – qui se produirait demain aurait potentiellement des conséquences catastrophiques pour nos systèmes.
Parce que les tempêtes géomagnétiques génèrent des courants induits qui traversent le réseau électrique. Ces courants peuvent dépasser 100 ampères. De quoi potentiellement causer des dommages à toutes sortes de composants du réseau (transformateurs, relais, etc.) et entraîner des pannes à grande échelle. Comme celle qui s’est produite au Canada, en 1989. Un événement trois fois moins important que celui de Carrington a privé cinq millions de personnes d’électricité pendant neuf heures. La fréquence d’un tel événement est estimée à un tous les 50 ans.
Au-delà des coupures d’électricité, une tempête géomagnétique pourrait aussi perturber nos systèmes de communication et de navigation. Notamment parce que les satellites en orbite autour de notre Terre pourraient être endommagés par les fameux courants induits cités plus haut. Même s’ils sont conçus pour y résister. Et même si les ingénieurs veillent, des satellites pourraient être délogés de leur orbite – à cause d’une augmentation de densité de l’environnement dans lequel ils évoluent et de fait, d’une augmentation des frottements – et être ainsi perdus à jamais.
Une société totalement désorganisée ?
L’effet des particules énergétiques sur l’atmosphère de notre Terre serait aussi sensible aux ondes radio. D’où la possibilité de black-out de ce côté. Les systèmes à haute fréquence pourraient être également touchés. Sans signaux GPS, même certains systèmes militaires pourraient souffrir. Et l’internet mondial pourrait tomber. La faute à la sensibilité, surtout, des câbles sous-marins qui relient les continents.
Vous l’aurez compris, un événement de type Carrington pourrait mettre notre civilisation en grande difficulté pendant plusieurs semaines. Selon des estimations de la Nasa, il en coûterait quelque 1 000 milliards de dollars rien qu’aux États-Unis pour s’en relever. Une autre étude évoque entre 20 et 40 millions de personnes potentiellement touchées dans le pays par des coupures de courant allant de seize jours à deux ans ! On imagine les conséquences sur l’organisation – ou la désorganisation, justement – de la société…