À la surface de Pluton, un énorme cœur intrigue les astronomes depuis presque dix ans maintenant. Mais des chercheurs proposent aujourd’hui un scénario pour sa formation. Une collision entre la planète naine et un corps de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre.
En 2015, la mission New Horizons (Nasa) a dévoilé une immense structure en forme de cœur à la surface de Pluton. Depuis, les astronomes se demandent comment elle a pu apparaître. Grâce à des simulations numériques, une équipe de l’université de Berne (Suisse) et de l’université de l’Arizona (États-Unis) semble avoir trouvé une explication au moins à la formation de celle que l’on nomme la plaine Spoutnik, la partie occidentale du cœur de Pluton.
Une collision avec un corps planétaire
Cette zone aussi grande que le quart de notre Europe se situe à une altitude de presque quatre kilomètres plus basse que le reste de la surface de Pluton. Elle est recouverte d’une épaisse couche de glace d’azote qui lui confère son aspect brillant. Et les dernières simulations détaillées dans la revue Nature Astronomy suggèrent qu’elle est apparue suite à une collision avec un corps planétaire de quelque 650 kilomètres de diamètre.
La forme allongée de la plaine Spoutnik dans le cœur de Pluton et sa localisation près de l’équateur laissent penser que l’impact n’a pas été frontal. Il semble également s’être produit à faible vitesse. Quant au noyau de l’impacteur, il ne s’est visiblement pas enfoncé dans celui de Pluton, retenu par sa dureté. « Dans le Système solaire lointain, les collisions ont lieu à des vitesses bien plus lentes que celles plus proches du Soleil. La glace, elle, est bien solide. Nous avons besoin de calculs plus précis pour comprendre ce qu’il s’y joue », souligne Erik Asphaug, professeur au Laboratoire lunaire et planétaire, dans un communiqué de l’université de l’Arizona.
Un coup d’œil au cœur de Pluton
Cerise sur le gâteau de ces travaux : de précieuses informations sur la structure interne de Pluton. L’impact, en effet, pourrait expliquer à lui seul pourquoi la plaine Spoutnik, qui a dû se former tôt dans l’histoire de Pluton, n’a pas, depuis, migré vers les pôles. Et ce, sans avoir besoin de faire appel au coup de pouce d’un océan souterrain. La collision aurait ainsi pu excaver le manteau primordial de la planète naine et la rencontre entre le noyau de l’impacteur et celui de Pluton aurait pu créer un excès de masse local responsable de la migration de la plaine vers l’équateur et non vers les pôles.