vendredi 26 avril 2024

L’Union européenne condamne l’exécution d’un dissident irano-suédois

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La Suède, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, a dénoncé une sanction « inhumaine et irréversible », après l’annonce de l’exécution par l’Iran du dissident Habib Chaab. Au moins 16 détenteurs de passeports occidentaux, dont six Français, sont détenus en Iran.

L’Iran a exécuté ce samedi le dissident irano-suédois Habib Chaab, condamné à mort pour « terrorisme » après avoir été accusé d’être le dirigeant d’un groupe séparatiste arabe de l’ouest du pays. La Suède, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, a condamné samedi l’exécution la veille en Iran du dissident irano-suédois Habib Chaab pour « terrorisme ».

« La peine de mort est une sanction inhumaine et irréversible et la Suède, comme le reste de l’UE, condamne son application en toutes circonstances », a déclaré sur Twitter le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billstrom.

La justice avait confirmé sa condamnation à mort le 12 mars. « La condamnation à mort de Habib Chaab […] à la tête du groupe terroriste Harakat al-Nidal, a été exécutée aujourd’hui ce matin », a annoncé samedi l’agence de l’autorité judiciaire Mizan Online. Les exécutions se font habituellement en Iran par pendaison à l’aube.

Disparu en octobre 2020

L’Iran est le pays exécutant le plus de personnes après la Chine, selon des organisations de défense des droits humains, qui ont évalué à 582 le nombre de pendaisons en 2022.

Agé d’une cinquantaine d’années, Habib Chaab, connu également sous le nom de Habib Asyud, est présenté comme le chef du groupe Harakat al-Nidal, ou ASMLA (Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz) par les autorités iraniennes qui qualifient ce mouvement de « terroriste ». Il avait disparu en octobre 2020 après s’être rendu à Istanbul, avant de réapparaître un mois plus tard en prison en Iran.

En décembre 2020, les autorités turques avaient annoncé l’arrestation de 11 personnes soupçonnées de l’avoir enlevé à Istanbul avant de l’emmener à Van, à la frontière iranienne, et de le livrer aux autorités de Téhéran.

La télévision iranienne avait diffusé en novembre 2020 une vidéo de Habib Chaab, dans laquelle il s’accusait notamment d’un attentat meurtrier ayant visé en septembre 2018 un défilé militaire à Ahvaz, chef-lieu de la province du Khouzestan (sud-ouest), et de travailler pour les services de renseignement saoudiens. La diffusion de telles vidéos est fréquente en Iran et condamnée par les défenseurs des droits humains, qui accusent les autorités de les obtenir sous la torture.

La population de la province du Khouzestan, riche en pétrole, compte une importante minorité arabe, qui se plaint d’être laissée pour compte par les autorités. Le Khouzestan avait été l’un des points chauds d’une vague de contestation fin 2019, violemment réprimée. En mars dernier, la justice avait condamné à mort six hommes accusés de faire partie de l’ASMLA, les accusant d’avoir « suivi les ordres de leurs chefs européens, comme […] Habib Chaab ».

Plusieurs Européens condamnés à mort

En janvier, Téhéran avait provoqué une vague d’indignation internationale en exécutant un ancien responsable de la Défense, l’Irano-Britannique Alireza Akbari , reconnu coupable d’espionnage.

En février, l’Allemagne avait expulsé deux diplomates en poste à Berlin pour protester contre la condamnation à mort, confirmée en avril, du dissident irano-allemand Jamshid Sharmahd. Il est accusé d’avoir participé à un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le sud de l’Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.

Au moins 16 détenteurs de passeports occidentaux, dont six Français, sont détenus en Iran, la plupart d’entre eux étant des binationaux. Parmi eux figure l’universitaire iranien Ahmadreza Djalali, un résident suédois qui a été arrêté lors d’une visite en Iran en avril 2016 et condamné à mort en 2017 pour espionnage pour le compte d’Israël. Il a obtenu la nationalité suédoise pendant sa détention. Selon sa famille, il est toujours dans le couloir de la mort.

Les relations irano-suédoises sont également tendues en raison du dossier d’Hamid Noury, un ancien fonctionnaire pénitentiaire iranien condamné à la perpétuité en première instance en Suède pour son rôle dans les exécutions de masse de prisonniers ordonnées par Téhéran en 1988. Son procès suscite la colère de Téhéran, qui dénonce régulièrement des poursuites « politiques » et des « accusations sans fondement et fabriquées contre l’Iran » dans ce dossier.

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