Le 9 janvier marquera un tournant significatif pour le renseignement français à l’étranger, avec l’arrivée de Nicolas Lerner à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).
Ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), proche d’Emmanuel Macron, Lerner a la mission délicate de «réorienter» le renseignement français dans un contexte international mouvementé.
La décision de confier ce rôle à Nicolas Lerner a été officialisée lors du conseil des ministres du 20 décembre, illustrant la volonté du président de donner un nouvel élan au renseignement extérieur français.
L’ancien chef de la DGSI succède ainsi à Bernard Emié, en poste depuis 2017, marquant la fin d’un mandat qui coïncidait avec des bouleversements internationaux et une perte rapide d’influence de la France à l’étranger.
À 45 ans, Nicolas Lerner devient le plus jeune directeur général de l’histoire de la DGSE, un poste qu’il avait déjà occupé à la DGSI dès l’âge de 40 ans en 2018.
Diplômé de Sciences Po et de l’École nationale d’administration (ENA), Lerner a gravi les échelons au sein du ministère de l’Intérieur, affichant un parcours professionnel impressionnant.
La nomination de Lerner intervient après une visite au Maroc les 14 et 15 décembre, soulignant l’importance des relations franco-marocaines dans le contexte géopolitique actuel. Il prend ainsi la relève de Bernard Emié, dont le mandat a été marqué par des crises avec le Maroc, notamment autour de l’affaire Pegasus et du « QatarGate », affaires qui ont contribué à envenimer les relations entre les deux pays.
La nomination de Céline Berthon en remplacement de Nicolas Lerner à la DGSI est également notable, faisant d’elle la première femme à occuper ce poste. Un signe de diversification dans un domaine souvent considéré comme masculin.
La carrière de Nicolas Lerner au sein du ministère de l’Intérieur, où il a occupé des postes de responsabilité, témoigne de sa compétence et de sa rapidité à gravir les échelons. Sa proximité avec Emmanuel Macron, partageant la même promotion à l’ENA, suggère également une certaine harmonie politique dans cette nomination.
Cependant, la DGSE, sous la direction d’Emié, a été la cible de critiques sévères ces dernières années. Des échecs notables, tels que la méconnaissance de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la mauvaise anticipation des coups d’État dans la région du Sahel, ont souligné un déclassement stratégique de la France. Dans ce contexte, la mission de Nicolas Lerner est cruciale, visant à accélérer la modernisation de la DGSE et à rétablir l’efficacité du renseignement français à l’étranger.
L’arrivée de ce nouveau capitaine du renseignement français à l’étranger suscite des attentes considérables, tant au niveau national qu’international. Nicolas Lerner devra naviguer avec agilité dans ce contexte complexe pour redonner à la DGSE une place de choix sur la scène internationale et renforcer la sécurité nationale face aux défis du XXIe siècle.