samedi 27 juillet 2024

Les attentats du 16 mai 2003: naissance de la stratégie marocaine de lutte contre le terrorisme

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Le 16 mai 2003, la ville de Casablanca connaissait l’un de ses pires chapitres avec les attentats dont elle a été victime, et qui ont fait 45 morts. Retour sur cet évènement tragique.

Il y a 21 ans, les attentats terroristes de Casablanca. Le bilan était lourd: 45 victimes et une centaine de blessés. Cinq attentats suicides terroristes ont été perpétrés ce jour-là par une dizaine de terroristes originaires du bidonville Sidi Moumen, membres de Salafia jihadiste. Ils ont visé un hôtel et un restaurant accueillant des clients étrangers, une pizzeria tenue par un Juif, le bâtiment social de l’Alliance israélite, le cimetière juif de la ville ainsi que le consulat de Belgique.

C’est dire qu’un terrorisme d’un genre nouveau est né et qu’il n’a ni religion ni frontières. Célébrer un anniversaire macabre, ce n’est pas de la joie. Mais cela sert à en tirer des enseignements.

Au Maroc, il n’y avait plus l’ombre du doute. La nébuleuse terroriste avait pris racine dans le pays. Du coup, l’approche sécuritaire a changé. Elle porte aujourd’hui ses fruits. Une approche intégrée, prenant en compte des aspects sociaux, religieux et économiques et qui place l’anticipation au cœur de ses actions.

Si le Royaume est un modèle à suivre autant à l’échelle mondiale qu’au niveau continental dans ce domaine, ce n’est pas pour rien. Depuis les attentats terroristes de Casablanca du 16 mai 2003, le Royaume a mis en place une stratégie efficace, multidimensionnelle et holistique de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Plus de 210 cellules terroristes ont pu être démantelées par le Maroc depuis 2002. La création du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), en 2015, a amélioré la riposte marocaine.

L’expertise et la perspicacité de collecte de renseignements des services de la DGST (Direction générale de la surveillance du territoire) et de suivi et d’intervention du BCIJ garantissent la sécurité et la stabilité du pays. Leur vigilance ne flanche jamais. Ils savent que la nébuleuse terroriste cible le Maroc de par sa position géopolitique assez singulière sur l’échiquier international. Il est situé aux frontières d’une zone où on assiste à un enracinement de foyers de terrorisme et de crime organisé qui s’établit dans une région très étendue aux frontières poreuses.

De plus, l’expertise marocaine est fortement sollicitée dans des opérations communes menées par le Maroc avec ses partenaires européens, et plus globalement mondiaux.

Commémoration et mémoire
Chaque année, le 16 mai est désormais commémoré au Maroc en souvenir des victimes des attentats de Casablanca. Une journée pour honorer leur mémoire et pour réaffirmer la détermination à lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme.

Les blessures causées par ces attaques restent profondes, mais le peuple marocain a montré une résilience remarquable face à l’adversité.

Ce soir, jeudi 16 mai 2024, aura lieu un rassemblement organisé par l’Association marocaine des victimes du terrorisme (AMVT). Cette association lutte sur le terrain, à travers ses actions, contre les idées extrémistes et le radicalisme religieux violent.

Le rassemblement aura lieu à 18h30 devant la stèle commémorative, place Mohammed V, en face de Bank Al Maghrib, à Casablanca.

«Chaque année, à cette date, nous sommes un certain nombre à nous retrouver autour des familles, autour des amis des victimes, pour leur montrer d’abord que nous restons solidaires, que nous pensons à ces familles et que nous n’oublions pas», déclare Ahmed Ghayet, président de l’Association Marocains Pluriels.

«C’est important, en ces temps troublés de se souvenir de ceux qui ont été tués par la violence, par le terrorisme, par la haine de l’autre, par le rejet et il y avait dans ces victimes aussi bien des Musulmans, que des Juifs, que des Chrétiens et à l’époque je m’en souviens vraiment très bien, le 16 mai 2003 ça avait été la sidération». Ajoute Ahmed Ghayet, cité par le site LeBrief.

C’est de là qu’un groupe d’acteurs de la société civile, dont Ahmed Ghayet faisait partie, a créé le fameux visuel Matkich Bladi, et organisé une marche quelques jours après le 16 mai, pour dire non au terrorisme. Cette dernière avait rassemblé environ un million de personnes.

«Tout ça est encore présent dans nos esprits, à nous qui l’avons vécu. Parce qu’aujourd’hui, il ne faut pas oublier qu’il y a toute une génération qui n’était pas née en 2003. Donc c’est un devoir de mémoire que nous devons leur transmettre. Même si c’est quelque chose d’abominable, il faut transmettre ces moments douloureux pour le pays, de façon à ce que ça ne se renouvelle pas», conclut Ahmed Ghayet.

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