dimanche 19 mai 2024

Hydrocarbures: le Maroc, 4ème importateur de gazole russe durant ce mois d’août

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Dans une dépêche publiée mardi 15 août, Reuters révèle que le Royaume figure parmi les plus grands importateurs mondiaux de gazole russe durant les deux premières semaines de ce mois d’août 2023. L’agence base ce classement sur des données livrées par des traders et par Refinitiv Eikon, fournisseur d’informations et d’analyses pour les marchés financiers.

Avec des importations de 68.000 tonnes métriques, le Maroc se place derrière la Turquie, premier acheteur de gazole russe durant cette période (720.000 tonnes métriques, soit près de 42% des exportations russes de gazole), le Brésil (140.000 tonnes métriques) et le Ghana (75.000 tonnes).

Globalement, du 1er au 14 août, les expéditions de gazole russe par voie maritime se sont établies à environ 1,7 million de tonnes métriques, en hausse de 7% par rapport au deux premières semaines de juillet 2023 «grâce à des volumes de production importants après la réduction de la maintenance saisonnière des raffineries», explique-t-on.

À noter que durant le même intervalle, environ 180.000 tonnes de gazole russe, chargées dans des navires près du port grec de Kalamata, devaient être acheminées vers des destinations inconnues, selon Reuters. Ces cargaisons aboutiraient généralement dans des ports en Turquie et dans des pays du Moyen-Orient.

Un circuit d’importation complexe

Au printemps dernier, les importations de gazole russe au Maroc avaient suscité la polémique. Attaquée sur les réseaux sociaux, la société Afriquia SMDC avait à l’époque démenti les rumeurs selon lesquelles elle commercialisait ce carburant sur le marché marocain. «Afriquia n’a pas importé une seule goutte de gazole russe, ni directement ni indirectement», avait affirmé Saïd Elbaghdadi, directeur général d’Afriquia SMDC, tout en précisant que sur le plan légal, rien ne lui interdisait de le faire.

Toujours par la voix de son directeur général, Afriquia SMDC affirmait alors être dans l’incapacité d’effectuer de tels achats. Et pour cause, en raison des sanctions appliquées par les pays européens à l’encontre de la Russie, interdiction est faite aux entreprises européennes d’acheter ou de vendre du pétrole russe, et aux banques européennes d’opérer des transactions avec le système bancaire russe.

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En clair, seules les multinationales, qui utilisent d’autres canaux financiers, peuvent importer le gazole russe. En avril dernier, Mohamed Chaouki, président de la Commission des finances au Parlement, avait d’ailleurs cité l’exemple de Shell, représenté au Maroc par Vivo Energy, qui aurait accès à cette possibilité.

Aucune influence sur les prix à la pompe

Cette annonce intervient dans un contexte marqué par la hausse continue des prix des carburants au Maroc. Une nouvelle hausse, la quatrième en deux semaines, est d’ailleurs prévue à partir du mercredi 16 août. Cette flambée résulte, en grande partie, de la décision des neuf pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep+), dont l’Arabie saoudite et la Russie, de réduire depuis mai dernier leurs volumes de production afin de soutenir les cours.

 «En plus de la baisse des volumes de production, la hausse de demande a également influé sur les cours. Durant la saison estivale, les raffineries reçoivent des commandes importantes de diesel auxquelles les capacités opérationnelles de production ont du mal à répondre. Ce qui renchérit automatiquement les prix», avait expliqué Mostafa Labrak, DG d’Energysium Consulting.

D’après les données de l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII), la part de gazole russe dans les importations marocaines ne dépassait pas les 9% en 2020, avant de chuter à 5% en 2021, pour revenir à 9% en 2022. Des chiffres révélés en avril dernier par la ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui, lors d’un passage à la Chambre des Représentants. Résultat, même si l’importation de gazole russe au Maroc était avérée, elle ne devrait pas, vu son faible pourcentage, impacter à la baisse les prix des carburants à la pompe.

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