vendredi 26 avril 2024

Mustapha Tossa : le Sommet arabe d’Alger, une rencontre à « hauts risques maghrébins »

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A moins de deux mois de sa tenue, le prochain Sommet arabe organisé en Algérie le 1 et 2 novembre sera l’un des plus suivis de l’histoire de ces réunions des chefs d’Etats de la Ligue arabe. Pour le politologue et journaliste Mustapha Tossa, il s’agira d’un Sommet inévitablement à « hauts risques maghrébins ».

«C’est sans aucun doute un des sommets de la ligue arabe qui va être le plus scruté de ces dernières décennies », a déclaré l’observateur des relations maghrébines et spécialiste du Maroc dans une tribune sur le site Atlasinfo.

Le journaliste a rappelé que ce Sommet arabe a été difficile à organiser pour l’Algérie, déjà pour cause de covid-19, mais aussi à cause de ce qu’il a appelé des «conjectures proprement algériennes». Il cite à ce titre, les tentatives de l’Algérie de transformer cette tribune internationale pour faire avancer son propre agenda.

Cet agenda politique du régime d’Alger s’est manifesté entre autres par des efforts pour faire récupérer au régime de Bachar El Assad son siège au sein de la Ligue arabe et les Etats arabes y ont opposé une fin de non-recevoir.

Pour Mustapha Tossa, l’insistance d’Alger sur le dossier syrien « obéit clairement à une manipulation iranienne » Royaume du Maroc dans sa totale souveraineté sur son Sahara.

L’organisation d’un pareil événement pour Alger était également l’occasion d’y faire la promotion du séparatisme en cherchant à créer insidieusement un lien entre la milice du polisario et la cause palestinienne.

« L’obsession (de l’Algérie) par le dossier du Sahara marocain révèle une haine atavique et aveuglante que tout le monde dénonce, tant elle est devenue anachronique», indique à ce titre, le politologue.

Ce sommet « à haut risque maghrébin », poursuit-il, revient principalement à la situation diplomatique de rupture entre Alger et Rabat, et cette relation entre les deux capitales « était au cœur du bras de fer institutionnel de son organisation et de l’élaboration de son agenda politique. »

Mais s’il estime que les fantasmes du régime algérien ont été douchés, sur la question syrienne et du polisario, étant donné que la Ligue arabe ne reconnaît pas la milice et a même mis à jour sa carte officielle des pays membres en montrant clairement les frontières du Maroc s’étendant jusqu’à son Sahara, la situation reste tout de même très sensible.

La participation du Maroc à ce sommet est l’un des enjeux de sa réussite, mais la question divise. Tossa estime que certains voudraient que le Maroc ne fasse pas l’honneur de sa participation à l’Algérie, et d’autres, ne voudraient pas qu’il leur donne l’occasion de faire la promotion de leur agenda.

Il y a ceux «qui ne veulent pas que le Maroc participe par sa présence et son aura à donner à ce régime algérien, qui lui voue une haine tenace, l’occasion de se livrer à une spectaculaire exhibition internationale» et les autres qui «ne veulent que le Maroc pratique la politique de la chaise vide».

Dans le cas de la participation du Maroc, «les plus optimistes disent que la région n’est pas à l’abri d’un heureux accident de l’histoire qui pourrait enclencher une forme de détente dans les relations entre le Maroc et l’Algérie», indique le journaliste.

Tandis que les plus pessimistes y voient une nouvelle occasion pour le régime algérien, «dont l’ADN militaire est composé d’un antagonisme structurel contre le Maroc» pour «tenter de diffuser son venin anti marocain. Quitte à se livrer à des complications et à des provocations contre la délégation marocaine», et de citer comme exemple les récents événements sportifs lors de la finale de la coupe arabe U17 qui ont vu le régime algérien encourager les jeunes footballeurs et le public algérien à s’en prendre physiquement à la jeune équipe marocaine des moins de 17 ans. Cela «renseigne sur le volume de détestation que ce régime est prêt à injecter dans la relation avec le Maroc».

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