jeudi 2 mai 2024

Les rebelles touaregs évincés au nord-Mali par les islamistes

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Lareleve.ma

 

  Hier alliés dans leur offensive pour faire tomber le nord du Mali, les islamistes radicaux du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao, une filiale d’Aqmi au Sahel) se désengagent aujourd’hui de leur alliance opportuniste avec les rebelles touaregs pour reprendre leur objectif fondamental qui consiste à se tailler un territoire dans la région Sahelo-saharienne.

 

  Dès les premières heures du matin de mercredi, les groupes du Mujao ont lancé une attaque foudroyante contre les positions des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dans la ville stratégique de Gao.

 

  Quelques heures ont suffi pour que les combattants du Mujao viennent à bout des rebelles touaregs et prennent le contrôle de leur quartier général, là même où ils avaient proclamé, en avril dernier, l’indépendance du nord Mali.

 

  Une proclamation vivement rejetée par la communauté internationale et qui n’a pas manqué de susciter la crainte des pays d’Afrique de l’Ouest qui redoutent un effet de contagion dans une région constituée d’une mosaïque de communautés et d’ethnies susceptibles de céder à la tentation du séparatisme.

 

  Consciente de la gravité de la situation et du risque de voir basculer la région sahélo-saharienne dans un chao profitable aux groupes d’Al-Qaida qui ne manqueront pas de nouer des alliances de conjoncture avec n’importe quelle cause, la communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a affiché un ton ferme dès le début de la crise au nord-Mali.

 

  Lors de différents sommets extraordinaires, les Chefs d’Etat des pays de la Cédéao ont convenu de la nécessité de déployer une intervention militaire régionale au Mali pour circonscrire le risque et préserver l’intégrité territoriale d’un pays membre.

 

  Toutefois, cette volonté d’agir avec fermeté et célérité a été vite diluée par plusieurs voix qui se sont opposées à toute intervention militaire et ont plaidé pour des « négociations politiques ». Une option décriée par la classe politique Malienne qui s’est sentie « trahie et abandonnée » face à cette grave situation.

 

  Côté Union Africaine, la ferme détermination contre la dislocation de l’intégrité territoriale du Mali, semble aussi entamée par cette improbable voie des négociations. « L’UA et ses Etats membres ne ménageront aucun effort pour contribuer à rétablir l’autorité de la République du Mali sur l’ensemble de son territoire national et mettre un terme aux attaques perpétrées par des groupes armés et terroristes dans la partie nord du pays », avait déclaré le président de la Commission de l’UA, Jean Ping dès la proclamation de l’indépendance du Mali par les rebelles touaregs du MNLA.

 

  Dès le coup d’Etat du 22 mars au Mali qui a occasionné une dégradation de la situation sécuritaire propice à l’assaut des Touaregs appuyés par les groupes extrémistes sur le Nord du Mali, le Royaume du Maroc a été l’un des premiers pays à exprimer son inquiétude quant à l’intégrité territoriale de ce pays sahélien.

 

  Le Maroc réitère son attachement « à la stabilité, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République du Mali », soulignait un communiqué du ministère des affaires étrangères et de la coopération au lendemain du coup d’Etat militaire au Mali. Le Royaume du Maroc « promet d’œuvrer pour le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région du Sahel et du Sahara et de coopérer dans ce sens avec les Etats de la région et les organisations régionales concernées », indiquait le communiqué.

 

  Depuis la chute du nord Mali, la situation s’est compliquée davantage avec la prédominance des groupes intégristes qui ont pris le dessus face aux rebelles Touaregs, avec le projet de s’offrir un territoire stratégique au niveau de la région Sahelo-saharienne. Comme c’était prévisible, les groupes extrémistes, qui ont contribué à l’avancée des combattants du MNLA, ont pris la situation en main dans plusieurs localités du Nord Mali. Outre Gao qui vient de tomber définitivement aux mains des combattants du Mujao, la ville de Tombouctou est déjà sous le contrôle du groupe extrémiste « Ansar Dine », lui aussi un essaimage d’Al-Qaida au Maghreb Islamique.

 

  La collusion entre groupes terroristes d’AQMI, groupes de trafiquants de stupéfiants et mouvements séparatistes au Sahel a été dénoncée à plusieurs reprises par des rapports d’organisations internationales. D’ailleurs les séparatistes du Polisario ont été pris dans de flagrantes implications avec les nébuleuses d’AQMI dans des affaires de trafic de stupéfiants, d’armes et d’enlèvements de ressortissants occidentaux.

 

  En attendant une ferme réaction de la communauté internationale et des pays de la région, les populations du nord mali souffrent le martyre et d’importantes vagues d’exode se sont déversées sur plusieurs pays limitrophes qui ne disposent pas de moyens de prendre en charge des milliers de réfugiés démunis.

 

  A la violente rigueur imposée par les groupes islamistes aux populations de Gao et de Tombouctou, s’ajoutent des pénuries en toutes sortes qui menacent d’un drame humanitaire imminent. Désormais aux portes de l’Afrique de l’Ouest pointe un péril qui menace sa fragile stabilité et risque de compromettre son projet de développement et d’émergence.

 

 Mise au point du MNLA

 

  Par ailleurs, le Mouvement National de Libération de l’Azawad  s’est fendu d’un communiqué précisant sa position et une mise au point sur la situation à Gao. En voici les détails comme nous les avons reçus à la releve.ma du Chargé de communication du MNLA, Mossa Ag Attaher :

 

 

  Aujourd’hui, l’AFP, repris en boucle par un certain nombre de médias occidentaux, maliens et algériens, annonçait que le  » MUJAO avait occupé le QG du MNLA « . Ils annonçaient que le MNLA avait subit une sérieuse défaite face au Mujao et que   »  Les combattants du MNLA « ont fui, d’autres ont été tués, d’autres arrêtés ». Il convient de préciser que:

 

·         le QG du CTEA était occupé par des civils et non des militaires, le QG militaire du MNLA se trouve au camps militaire 1 et non au siège du gouvernorat.

 

·         les victimes ne se comptent pas uniquement dans les rangs du MNLA mais nous nous abstiendrons de faire de décomptes macabres. L’avenir proche rétablira les fait.

 

·         les islamistes du Mujao ont reçu le renfort de plusieurs unité de l’AQMI dont l’un des chefs a été abattu aujourd’hui par les combattants du MNLA. Nous confirmerons ultérieurement l’identité du terroriste abattu.

 

·         les combattant du MNLA qui avaient la charge de protéger le QG ont tenté d’éviter au maximum l’usage des armes lourdes en raison de la localisation en plein centre ville du QG.

 

·         les combattants du MNLA arrivés du camps militaire 1, zone aéroportuaire ont tenté de déplacer les combats à l’extérieur de la ville mais les djihadistes du Mujao  ont ouvert le feu dans les rues, exposant ainsi les populations et poussant le MNLA à se replier dans le camps militaire toujours occupé par les combattants du MNLA, contrairement aux affirmations de l’AFP qui annonçaient « la fuite des combattants du MNLA ».

 

Par ailleurs, il ya également lieu de préciser que les forces en présence dans l’Azawad ne se limitent pas à la seule présence physique des groupes armés, il y a aussi et surtout tout le soutien logistique,  financier et médiatique de certaines puissances étrangères qui appuient sans réserve les groupes islamistes opérants dans notre territoire tout en dénigrant outrageusement le seul mouvement démocratique du pays.

Où est cette communauté internationale qui n’a eu de cesse d’exiger du MNLA qu’il « précise » sa position vis à vis de l’islamisme et pour certain de « mener le combat contre les islamistes » ?

 

Quel soutien apport-telle au MNLA dans cette nouvelle guerre que nous sommes en train de mener contre les narcoterroristes du Mujao?

 

Où est la presse internationale sensée promouvoir la liberté et la démocratie ?

 

Où sont donc tous les donneurs de leçons ?

 

Avec ou sans l’aide de la communauté internationale, le MNLA combattra jusqu’au bout les ennemis de l’Azawad et n’abandonnera jamais le combat qu’il a entrepris de mener pour la liberté du peuple de l’Azawad.

 

En ce moment une partie des unités du MNLA, stationnées aux frontières de l’Azawad, reviennent à l’intérieur du territoire pour achever de débarrasser la ville de Gao des groupes islamistes du Mujao qui terrorisent la population. C’est une nouvelle phase de cette guerre que les ennemis de notre peuple nous imposent. Nous l’affronterons avec courage et détermination et nous appelons l’ensemble des peuples frères et amis à nous soutenir massivement par tous les moyens dont ils disposent.

 

Mossa Ag Attaher,

Chargé de communication,

Mouvement National de Libération de l’Azawad

 

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