dimanche 5 mai 2024

Trafic de carburant à la frontière algéro-marocaine

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Lareleve.ma

 

  Du coté marocain, on les appelle les «mouqatilate» (guerrières), ces fameuses Renault 18, véritables vestiges de l’automobile, qui défilent à vive allure sur les routes étroites des frontières maroco-algériennes, dès la tombée de la nuit.

 

  Chargées d’une cinquantaine de bidons casés dans le coffre, à l’arrière et sur le toit, la plupart de ces voitures n’ont pas de plaques d’immatriculation. Ayant, apparemment, raté plus d’un contrôle technique. Elles sont de véritables guerrière contre les barrages et autres contrôles policier et douaniers.

 

  Leurs activités vont crescendo ces jours marqués par l’augmentation des carburants au Maroc. Qu’en est-il de cette activité contrebandière de l’autre coté de nos frontières ?

 

Les «hallabas» bien organisés pour brader le carburant

 

 

  Une virée à la frontière algéro-marocaine, tout le long de la bande allant de Maghnia à Marsa Ben M’hidi, passant par Sidi Boudjenane, Bab El Assa, Nedroma, Ghazaouet et le CW 35, renseigne sur l’ampleur du trafic de carburant. Des centaines de jeunes se consacrent à cette activité informelle devenue courante dans la région.

 

  Le phénomène des «hallabas» s’impose comme une activité qui s’exerce de droit. Les dinars et autres devises coulent à flot et les barons des carburants s’érigent en véritables patrons d’entreprises qui emploient par dizaines des jeunes allant des chauffeurs aux passeurs. Fini le temps des petits jerricans et des trabendistes qui franchissaient la frontière en quête d’acheteurs de gasoil ou d’essence.

 

  Aujourd’hui, malgré la répression et l’occupation du terrain par les éléments de la gendarmerie (GGF), la douane et autres services de sécurité, c’est tout un monde qui est recruté dans ce business plutôt juteux. Tout le long de ce tronçon de la frontières ouest, des réservoirs pouvant contenir de grandes quantités de mazout et d’essence sont minutieusement stockés dans certains endroits, et même des maisons.

 

Un système de canalisation…

 

  Au début de la mise en œuvre de ce trafic, des fûts, jerricans et autres contenants, étaient éparpillés dans les champs, sous les fagots dans des écuries et maisons abandonnées. Désormais, c’est tout un chantier que l’on met en place pour la traversée du carburant, du guetteur aux passeurs en passant par les porteurs.

 

  Dans certaines localités, le carburant est acheminé vers le Maroc par un système canalisation souterraine traversant l’oued Ris. Ce dispositif est beaucoup plus utilisé du côté de Boukanoune et Marsa Ben m’hidi. Le passage se fait quotidiennement en temps de nuit, et s’arrête avant l’aube.

 

  Selon certains jeunes, ce trafic rapporte en moyenne entre 2.600 et 3.000 dinars par jour et la recette d’un porteur de seconde zone, c’est-à-dire le passeur et autres personnes qui le suivent, dépasse de loin les sommes sus citées. Ce sont en fait des réseaux bien structurés et parfaitement organisés, allant de l’achat des carburants dans les stations-service à son acheminement au-delà de la frontière et jusqu’à la couverture sociale du ou des passeurs qui se feraient épinglés et emprisonnés.

 

  C’est dire combien ce marché juteux est loin de disparaître. Les «hallabas» n’ont aucun remord. Les barons du carburant entretiennent des relations dans les rouages de l’administration, y compris au niveau central. Ils ont un argument de poids. Ils usent sans vergogne de la «Chkara» (sac plein d’argent liquide) confie un vieux contrebandier jadis versé dans le trafic d’épices et de fruits.

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