dimanche 12 mai 2024

Adel Taarabt, le rebelle du foot marocain

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     A 22 ans, Adel Taarabt a déjà connu les joies de la sélection et des transferts à coups de millions. Mais le Marocain au talent indéniable doit composer avec un caractère bien trempé, qui lui joue des tours.


 

 

La saison 2010-2011 devait être celle de tous les bonheurs pour Adel Taarabt. Brillant en club, où le milieu de terrain offensif de Queens Park Rangers (Londres) a été élu joueur de l’année en Championship (deuxième division anglaise) avec 15 buts et 15 passes décisives la saison dernière, le Marocain était en train de faire son trou en sélection.

 

    Mais Eric Gerets, le sélectionneur des Lions de l’Atlas, a décidé de se passer de lui le 4 juin dernier pour le derby 100% maghrébin contre l’Algérie (4-0). Et l’ancien Lensois est retombé dans ses travers.

 

Car Taarabt est aussi talentueux qu’impétueux. Avec son coup d’éclat de Marrakech, où il claque la porte de la sélection parce qu’il n’est pas titulaire, le joueur de 22 ans n’en est pas à son coup d’essai. Formé au RC Lens, ce milieu de terrain à la technique fine s’était déjà fait remarquer chez les Sang et Or en 2006, en quittant précipitamment le terrain en plein match, après une altercation avec son coéquipier Grégory Vignal. Prodigieusement talentueux, Taarabt n’en reste pas moins un gamin mercuriel.

 

Viré de Lens, puis de Tottenham

    Prêté quasiment dans la foulée, Tottenham n’attend pas six mois pour lever l’option d’achat. Quatre millions d’euros pour celui que les Anglais appellent «le nouveau Zidane», cela ressemble à une affaire. D’autant que le Marocain a un talent qui saute aux yeux: il est capable de gestes techniques fous, de tours et de détours dont certains ne rêvent même pas. Ses mouvements balle au pied sont fascinants, même s’il ne parvient pas à s’imposer chez les Spurs. Neil Warnock, son entraîneur chez les Queens Park Rangers, où il s’est refait un nom, ne s’y trompe pas:

 

    «Adel est le joueur le plus talentueux que j’ai eu sous mon aile depuis trente ans que dure ma carrière d’entraîneur.»


C’est d’ailleurs autour de Taarabt que c’est articulé le 4-2-3-1 de Warnock. Celui qui a marché sur le Championship la saison dernière (88 points, 24 victoires, 16 nuls, 6 défaites). Le gars est talentueux, c’est une évidence. Et, comme les plus grands avant lui, Taarabt en est conscient.

 

    D’ailleurs, les plus grands clubs d’Europe se sont intéressés à lui, le FC Séville et la Lazio de Rome récemment. L’AC Milan, Chelsea, Arsenal, le FC Barcelone, le Juventus de Turin, le Real Madrid, l’OM ou le PSG avant eux. Pour le moment, il est toujours dans le centre de Londres. Car c’est un fait: Ses caprices rebutent.

 

    Dernièrement, Taarabt a remis le couvert, réclamant début septembre une nouvelle revalorisation salariale, histoire de s’aligner sur les nouvelles recrues Shaun Wright Philipps et Joey Barton. Tout le monde attendait d’ailleurs des étincelles entre l’enfant terrible marocain et le bad boy anglais. Et le spectacle n’a pas tardé, puisque les deux joueurs se sont accrochés quand l’ancien de Newcastle, qui a hérité du brassard en remplacement de Taarabt, a décidé de tirer les coups de pied arrêtés, jusqu’ici chasse gardée du Marocain.

 

Dix sélections, trois buts

 

    Car le natif de Fès reste un joueur au talent immense qui fonctionne à la confiance. Et cette confiance, il l’a retrouvée avec cette fleur de Gerets. Le technicien belge, qui n’a pourtant pas la réputation d’être un cœur sensible, a décidé de rappeler Taarabt pour le match décisif contre la Tanzanie, comptant pour la 6e et dernière journée de la CAN 2012. Et le joueur semble avoir déjà mûri.

 

     Ainsi, après s’être mis à dos la majorité des supporters des Lions de l’Atlas, Taarabt a fait son mea culpa sur Medi 1 TV. Son mauvais caractère lui joue des tours, il le sait.

 

    «À vrai dire, j’ai juste pété les plombs et je m’en excuse auprès de tout le monde. Je ne savais pas que mon geste allait être interprété aussi mal, et que ça allait faire autant de bruits. Ça s’est passé mercredi, le coach avait établi son onze rentrant pour ce match face à l’Algérie. J’avais constaté dès lors que je ne figurais pas parmi les titulaires et cela m’avait beaucoup affecté. […]

 

    J’ai déjà eu des problèmes à cause de ça, lorsque j’évoluais à Lens à l’âge de 17 ans. J’essaie de travailler sur ça pour changer et améliorer mon comportement. Je sais que si je continue ainsi, je vais certainement avoir une sale réputation.»

 

    Il ne faut cependant pas l’oublier: le meneur de jeu n’a, finalement, que 22 ans. Il faudra attendre avant de le mettre au rang des El Hadji Diouf, Hristo Stoichkov et autres Eric Cantona, mauvais garçons patentés du football mondial.

 

Nicholas Mc Anally

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