samedi 27 avril 2024

Paléontologie : de nouvelles espèces de dinosaures à bec de canard découvertes au Maroc

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Les récentes fouilles au Maroc ont mis au jour une diversité surprenante de dinosaures hadrosauridés, mieux connus sous le nom de dinosaures à bec de canard, dans les phosphates de la période du Maastrichtien au Maroc.

Ces découvertes, parus dans un article de la revue « Nature », révèlent de nouvelles perspectives sur la présence et l’évolution de ces créatures sur un continent où leur existence était précédemment peu documentée, surtout en comparaison avec les données disponibles pour l’Amérique du Nord et l’Asie.

L’étude, signée par une équipe composée de Nicholas Longrich, Xavier Pereda, Natalie Bardet et le Marocain Nour-Eddine Jalil, indique que jusqu’à présent, la connaissance des dinosaures de cette période en Afrique et sur la plaque afro-arabe était limitée, principalement en raison du manque de fouilles en comparaison avec l’Amérique du Nord et l’Asie. Les chercheurs ont identifié les restes de trois spécimens hadrosauridés dans les dépôts marins du bassin d’Oulad Abdoun, situé dans la province de Khouribga. Parmi ces découvertes, l’une représente une nouvelle espèce plus petite de lambeosauriné, distincte d’Ajnabia odysseus, une espèce antérieurement découverte dans cette même région. Les deux autres spécimens indiquent l’existence probable d’au moins une autre espèce de lambeosauriné de taille plus imposante.

La nouvelle espèce, baptisée Minqaria bata, se caractérise par des traits distinctifs au niveau de la mâchoire et des dents, suggérant une niche écologique spécifique. La fusion de certains os du crâne révèle que malgré sa petite taille, Minqaria bata était un individu mature, confirmant la présence de petits hadrosauridés en Afrique du Nord. Ces caractéristiques, ainsi que des similitudes avec l’Arenysaurus européen, soutiennent l’idée d’une dispersion des lambeosaurinés entre la masse terrestre ibéro-armoricaine et l’Afrique.

L’étude met en avant également la découverte d’un humérus à Sidi Daoui et d’un fémur à Mrah Lahrach, appartenant à des individus plus grands, ce qui suggère l’existence d’au moins trois espèces d’hadrosauridés au sein des phosphates marocains. Cette diversité contraste avec le déclin observé chez les lambeosaurinés en Amérique du Nord durant la même période.

Une analyse phylogénétique approfondie, incluant 14 nouveaux caractères morphologiques, a été réalisée pour mieux comprendre les relations entre les différentes espèces de lambeosaurinés, confirmant une origine asiatique suivie d’une dispersion vers l’Amérique du Nord, l’Europe, et enfin l’Afrique du Nord. Cette dispersion suggère une migration transocéanique vers l’Afrique.

Les hadrosaures étaient des herbivores prospères à la fin du Crétacé, ayant occupé presque tous les continents avant l’extinction de masse des dinosaures. La découverte de Minqaria bata et la suggestion d’une troisième espèce ajoutent une page importante à l’histoire de ces dinosaures en Afrique, soulignant une capacité remarquable à traverser les océans, probablement à bord de radeaux de végétation ou à la nage, grâce à leurs membres et queues puissants adaptés à la vie aquatique.

Le bassin d’Oulad Abdoun, une région géologique riche en fossiles marins du Maastrichtien tardif. L’étude de ces nouveaux spécimens révèle une complexité jusqu’alors inconnue de la faune dinosauresque africaine de cette époque. La présence de hadrosauridés en Afrique, indique l’article, est particulièrement surprenante compte tenu de l’isolement géographique présumé du continent depuis le Jurassique moyen.

Cette découverte soutient l’hypothèse d’une dispersion transocéanique des lambeosaurinés d’Europe vers l’Afrique, malgré les obstacles géographiques considérables. Elle révèle également une diversité insoupçonnée parmi les hadrosauridés nord-africains, suggérant une radiation évolutive riche et complexe dans un contexte de faible concurrence d’autres ornithischiens.

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