dimanche 19 mai 2024

Trois ans après l’explosion du port de Beyrouth, une justice entravée

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Sans grand espoir de parvenir un jour à la vérité et d’en juger les responsables, des centaines de Libanais ont marqué vendredi le troisième anniversaire de l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, accusant la classe politique d’entraver l’enquête sur ce drame.

Le 4 août 2020, à 18 h 07, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire dévastait des quartiers entiers de la capitale, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6500.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d’ammonium, malgré des avertissements répétés aux responsables.

Sans grand espoir de parvenir un jour à la vérité et d’en juger les responsables, des centaines de Libanais ont marqué vendredi le troisième anniversaire de l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, accusant la classe politique d’entraver l’enquête sur ce drame.

Le 4 août 2020, à 18 h 07, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire dévastait des quartiers entiers de la capitale, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6500.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d’ammonium, malgré des avertissements répétés aux responsables.

Protection politique

Un premier juge chargé en 2020 de l’enquête avait dû jeter l’éponge, après avoir inculpé l’ex-premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Son successeur, Tarek Bitar, s’est à son tour attaqué à des responsables politiques, mais le Parlement a refusé de lever l’immunité de députés inculpés, le ministère de l’Intérieur s’est opposé à l’interrogatoire de hauts gradés et les forces de sécurité ont refusé d’exécuter des mandats d’arrêt.

Il a été contraint de suspendre son enquête pendant 13 mois, en raison de dizaines de poursuites à son encontre de la part de responsables politiques et d’intenses pressions.

En janvier dernier, il a repris son travail à la surprise générale. Il a alors été poursuivi pour insubordination par le procureur général après avoir inculpé plusieurs personnalités de haut rang, une première dans l’histoire du Liban.

Le procureur a également ordonné la libération des 17 personnes détenues sans jugement depuis la gigantesque explosion.

En deux ans et demi, le juge Bitar aura pu travailler pendant environ six mois, au cours desquels il a été soumis à d’intenses pressions qui ont provoqué une crise inédite au sein du système judiciaire.

Espoir

Toutefois, même s’il n’a plus remis les pieds au palais de justice depuis des mois, son investigation se poursuit, a assuré à l’AFP un expert juridique qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.

Cet expert qui suit l’enquête a affirmé que le juge Bitar était déterminé à poursuivre son travail jusqu’à rendre son acte d’accusation, soulignant qu’il en avait fait la promesse aux familles des victimes.

Nous sommes convaincus que nous parviendrons à la vérité, car la vérité ne meurt pas tant qu’on la réclame, assure Rima Zahed.

Jeudi, 300 ONG, incluant Human Rights Watch (HRW) et Amnistie internationale, ainsi que des familles de victimes ont renouvelé leur appel à la formation d’une commission d’enquête internationale.

Une action internationale est nécessaire pour briser la culture de l’impunité au Liban.

Une citation deRamzi Kaiss, chercheur pour Human Rights Watch

Les autorités ont utilisé tous les moyens à leur disposition pour saper et entraver sans vergogne l’enquête nationale, afin de se soustraire à l’obligation de rendre des comptes, a de son côté déploré Aya Majzoub, directrice régionale adjointe d’Amnistie internationale.

Le président français, Emmanuel Macron, a assuré vendredi les Libanaises et les Libanais de son soutien : Vous pouvez compter sur la France, notre solidarité, notre amitié, a-t-il écrit sur Twitter, rebaptisé X.

Appels à la réforme

Le département d’État américain a estimé de son côté que l’absence de progrès dans l’enquête était inacceptable, soulignant la nécessité d’une réforme judiciaire.

Jeudi, 300 ONG parmi lesquelles Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International ainsi que des familles de victimes avaient renouvelé leur appel à la formation d’une commission d’enquête internationale.

Une action internationale est nécessaire pour briser la culture de l’impunité au Liban, a déclaré Ramzi Kaiss, de HRW.

Les autorités ont utilisé tous les moyens à leur disposition pour saper et entraver sans vergogne l’enquête, afin de se soustraire à l’obligation de rendre des comptes, a de son côté déploré Aya Majzoub, directrice régionale adjointe d’Amnesty.

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