vendredi 26 avril 2024

Hausse des prix: le CESE rappelle l’urgence d’une réorganisation des circuits de commercialisation

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Le système de commercialisation des produits agricoles, marqué par des dysfonctionnements organisationnels et fonctionnels, a été l’un des facteurs qui ont contribué au renchérissement des prix des principaux produits alimentaires. Toutefois, les efforts pour limiter l’impact sur le pouvoir d’achat des citoyens n’auront pas suffi à résorber le hausse des prix.

Le CESE propose un ensemble de mesures permettant d’organiser les circuits de commercialisation de ces produits et de limiter la spéculation des intermédiaires.

Dans une démarche explicative et de recommandations, le Conseil économique social et environnemental liste un ensemble de facteurs, à caractère structurel, qui alimentent notamment le contexte actuel marqué par la persistance de la tendance haussière des prix des intrants agricoles et des produits phytosanitaire. Le CESE, dans une note publiée ce mercredi 22 février, dresse les facteurs suivants:

– L’absence d’un cadre de gouvernance global et intégré du processus de commercialisation des produits

agricoles entrainant plusieurs insuffisances en matière d’organisation des marchés des produits agricoles (marchés de gros et souks hebdomadaires) et la prédominance des circuits parallèles de commercialisation (vente informelle) ;

– La faible capacité des petits et moyens agriculteurs à s’organiser pour écouler, dans de bonnes conditions, leurs produits. A cela s’ajoute une digitalisation encore très faible des processus de commercialisation et de valorisation des produits agricoles qui ne facilite pas l’accès direct et fluide des petits et moyens agriculteurs aux différents marchés et débouchés ;

– Une intermédiation excessive et peu contrôlée qui favorise la spéculation et la multiplication des intervenants, pénalise le producteur, impacte la qualité des produits en rallongeant les circuits de distribution et partant, renchérit le prix de vente final au consommateur. Le prix d’un produit peut, parfois, tripler ou quadrupler avant d’arriver au consommateur.

A la lumière des différents constats et analyses établis par le CESE dans ses différents avis, il est proposé de prendre un ensemble de mesures permettant d’organiser les circuits de commercialisation des produits agricoles et de limiter la

spéculation des intermédiaires:

– Accélérer la réforme des marchés de gros en adoptant un dispositif ouvert à la concurrence et conditionné par le respect d’un cahier de charges et en mettant en place une réglementation qui clarifie le fonctionnement interne des marchés, les modalités d’éligibilité des intervenants, et le nouveau système de redevances ;

– Développer les circuits courts de commercialisation à caractère coopératif, promouvoir le commerce de proximité et encourager les petits et moyens agriculteurs à se regrouper dans des coopératives en s’inspirant des approches adoptées par la filière sucrière et la filière laitière ;

– Mettre en place un cadre juridique encadrant les pratiques de stockage des produits agricoles soit à des fins de consommation ou destinés ultérieurement au culture et permettant de lutter efficacement contre l’entreposage à des fins spéculatives ;

– Accélérer la transformation digitale de la commercialisation des produits agricoles, notamment à travers la conception de plateformes digitales permettant aux agriculteurs, d’une part, d’accéder instantanément aux données sur les prix réels afin de mieux négocier avec tous les intervenants de la chaine de commercialisation, et d’autre part d’écouler

directement une partie de leurs produits ;

– Mettre en place un cadre réglementaire précis et opposable pour repenser et réguler le rôle et les missions du métier de l’intermédiaire qui explicite ses droits et ses obligations au niveau de la chaine de commercialisation ;

 – Elargir l’étendue et renforcer la fréquence des opérations relatives au contrôle des prix et au respect de la concurrence pour lutter efficacement contre les pratiques spéculatives dans les différents secteurs concernés par la hausse des prix ;

– Mettre en place un « observatoire des prix et des marges », qui pourrait être abrité par le Conseil de la concurrence, pour aider à la détection de tout comportement d’accumulation non-justifiée des marges de profit au détriment du pouvoir d’achat des citoyens.

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