dimanche 28 avril 2024

Algérie, le déni des Droits de l’Homme et des libertés

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En matière de respect des droits de l’Homme et des libertés publiques, l’Algérie fait pâle figure et constitue un bien mauvais exemple. Le harcèlement continu des défenseurs des droits humains, la répression généralisée exercée contre toutes les voix discordantes, les journalistes et même les simples citoyens sont devenus légion.

Il s’agit de la marque de fabrique d’un régime sclérosé qui refuse tout changement, toute ouverture et toute réponse aux revendications exprimées. Face à la myopie d’un régime, les arrestations arbitraires, les jugements hâtifs et la répression sont devenus systématiques et n’épargnent aucune catégorie.

Cette dérive de l’arbitraire a pris plusieurs facettes, dont la mise au point de lois assimilant l’action au terrorisme, comme l’atteste le fameux article 87 bis du code pénal de 2021 utilisé pour justifier les poursuites et les arrestations arbitraires.

Face à une situation extrêmement inquiétante des droits de l’homme, aux violations massives des droits des populations séquestrées dans les camps de Tindouf et le refus de l’Etat algérien d’assumer ses responsabilités, le régime semble gagné par une certaine myopie.

Ce constat au demeurant peu reluisant vient d’être confirmé lors de l’examen périodique universel (EPU) au Conseil des droits humains (CDH) à Genève, le 11 novembre 2022. L’Algérie a été non seulement désavouée, mais aussi et surtout sévèrement critiquée, pointée du doigt pour les atteintes caractérisées aux droits de l’Homme, aux libertés publiques et à la répression de toute voix discordante.

Ce désaveu est loin de surprendre, la dérive du régime algérien a été constamment dénoncée que ce soit par les instances onusiennes, les organisations de la société civile et même des pays comme les Etats Unis ou l’Union Européenne.

L’Algérie a été, en effet, constamment interpellée au regard de l’ampleur prise par le harcèlement continu des défenseurs des droits humains, la répression systématique exercée sur les journalistes et les opposants au régime.

A Genève et, nonobstant le déni de la réalité pour lequel les autorités algériennes ont opté, le passage d’examen au CDH a été une véritable claque pour le régime qui a étouffé le mouvement de contestation populaire du Hirak, à l’origine de la chute du président Abdelaziz Bouteflika en 2019.

En effet, aujourd’hui tout le monde admet que les « quelques acquis » en matière de liberté d’expression, de manifestation ou encore de liberté de la presse en Algérie « sont en net recul, voire en voie de disparition ».

Bien plus, l’ambiguïté des lois anti terroristes et la définition du crime de terrorisme sont une instrumentalisation pour réprimer les défenseurs des droits de l’Homme.

A Genève, le verdict de la communauté internationale ne s’est pas fait attendre. Il a mis à l’index les exactions du régime et toutes les violations systématiques perpétrées à l’encontre de ceux qui ne se plient pas à ses exigences.

Les violations des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales ont été relevées lors de cet examen approfondi initié par le CDH des Nations-Unies. Les autorités algériennes sont accusées depuis 2021 d’avoir arrêté, poursuivi en justice, placé en détention et condamné des militants liés au mouvement de protestation pacifique de « Hirak », ainsi que des défenseurs des droits humains et des journalistes.

Les tribunaux algériens ont de plus en plus eu recours à des accusations liées au terrorisme pour poursuivre et placer en détention des militants et des journalistes en raison de leurs liens présumés avec des organisations politiques non enregistrées.

Lors de son examen périodique universel au CDH à Genève, l’Algérie a été sévèrement critiquée, s’attirant les piques de grands pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Alger s’est vu réclamer par la représentante américaine d’abroger les amendements de l’article 87 bis du Code pénal qui « contiennent une définition exagérément vaste du terrorisme », et de libérer « les journalistes, défenseurs des droits humains et ceux qui sont détenus en vertu de cette disposition ».

Il faut mentionner que depuis l’amendement en 2021 du code pénal et l’introduction de l’article 87 bis, les pouvoirs ont serré la vis à l’effet d’asphyxier tout mouvement ou revendication pour la liberté d’expression et le respect des libertés publiques.

Qui plus est ces amendements assimilent du « terrorisme » ou à du « sabotage » tout appel à « changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels ».

Actuellement, elles sont au moins 260 personnes qui sont poursuivies pour actes de terrorisme bien qu’elles n’aient participé à aucun acte de violence, indique, à Genève, le coordinateur chargé du Maghreb, l’Egyptien Karim Salem de l’Institut du Caire pour les droits de l’Homme (CIHRS) qui a évoqué le harcèlement judiciaire à l’encontre des militants et les restrictions systématiques imposées à l’action associative et syndicale.

Les ONG poussent un cri de détresse. Une coalition d’organisations composée de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme, Riposte internationale, SOS Disparus, le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique, la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie et le mouvement « Agir pour le changement et la démocratie en Algérie », alerte sur la situation des droits humains dans le pays et appellent les autorités à « s’engager sur la voie du changement » et exigent que « cette situation doit cesser ».

Ces ONG notent que « des milliers de militants pacifiques et de citoyens sont arbitrairement arrêtés, emprisonnés et poursuivis pour notamment incitation à attroupement non armée et pour atteinte à l’unité nationale, à l’ordre public et à l’armée, les rassemblements et marches pacifiques sont d’ailleurs interdites depuis mars 2021, l’action et les champs politique, civique et médiatique sont totalement verrouillés et criminalisés ».

Face à une réalité amère, des rapports concordants des organisations humanitaires en Algérie et internationales, le pouvoir a préféré le déni, l’amalgame et la fuite en avant.

Pour les dirigeants algériens, il n’y a ni prisonniers politiques ni la moindre dérive autoritaire menaçant les libertés publiques, individuelles ou les droits civiques en Algérie.

Le rapport adressé par le gouvernement algérien au début du mois de septembre au CDH est totalement flatteur pour faire croire à la communauté internationale que la situation des Droits humains est réellement radieuse en Algérie.

Ce qui est évidemment faux et totalement mensonger. Le même rapport fait croire que « plusieurs textes ont été révisés et adoptés pour répondre aux aspirations du Hirak du 22 février 2019, donnant lieu à des réformes qui ont permis de consolider certaines dispositions législatives existantes en les rehaussant au rang de normes constitutionnelles et en y introduisant de nouvelles ».

Des arguments trompeurs qui ont suscité l’étonnement des observateurs du Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies.

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