mercredi 1 mai 2024

Algérie: campagne de boycott de la pomme de terre

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L’Organisation algérienne pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a lancé une campagne nationale de boycott de la pomme de terre, après que le prix de ce tubercule ait dépassé 180 DA (environ 12 dirhams) le kilogramme.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook officielle, l’APOCE a déclaré que cette action intervient après de nombreux appels pour agir et assumer la responsabilité morale. Soulignant le manque d’aide « dans des circonstances difficiles dans lesquelles nous vivons compte tenu des mutations économiques mondiales et du coût élevé des produits agricoles, en plus du déséquilibre du marché et de la difficulté à contrôler son organisation ».

L’APOCE a suggéré « le boycott circonstancié du produit, en tout ou en partie, tout dépend de la situation et la capacité de chaque famille, en acquérant de petites quantités et de ne pas incorporer les pommes de terre dans les repas jusqu’à la modération du marché ». D’autant plus, ajoute l’APOCE, qu’il s’agit d’une question de fond, « qui dépend de la conscience, de la patience et de la solidarité des citoyens ».

La même instance a interpellé le gouvernement à fixer un prix de référence pour ce produit, selon des mécanismes précis dans lesquels personne ne sera lésé. L’OPACE a adopté un slogan pour sa campagne de boycott de la pomme de terre qui dit : « J’achète selon ma capacité et le reste qu’il demeure en semences ».

L’Algérie fait partie des vingt plus gros producteurs du monde avec environ 5 millions de tonnes de pommes de terre produites chaque année. Mais ô paradoxe, le pays se retrouve aujourd’hui dans l’obligation d’en importer. C’est dire combien la situation est révélatrice des failles de la gestion de l’économie de l’Algérie.

La pomme de terre, constitue l’élément essentiel de l’alimentation de l’Algérien. Le tubercule a vu son prix plus que doubler en l’espace de quelques mois, passant de 60 dinars (0,42 euro) à 140 dinars le kilogramme en fin d’année 2021 à plus de 180 dinars aujourd’hui.

Aussi, l’augmentation du prix de la patate reflète l’existence d’une crise bien plus profonde. L’Algérie est en effet touchée par une vague d’inflation, d’un taux en hausse de 3,4 points par rapport à l’an passé, ce qui dérégule la politique économique d’Alger. Aussi peut-on s’interroger sur les conséquences de l’inflation galopante en Algérie qui constitue une réelle menace sur la cohésion sociale et la sécurité nationale en cet exercice qui ressemble comme une goutte à celui de 2021.

 Le processus inflationniste a atteint tous les secteurs et à un niveau intolérable : plus 100 % pour les pièces détachées et les voitures, entre 50 et 100 % pour les produits alimentaires et en parallèle. Cerise sur le gâteau, on assiste en Algérie à une pénurie de nombre de produits et on frôle la paralysie de l’économie.

Il y a six raisons qui alimentent ce chaos et la première est « l’inflation importée ». Toute la crise qui prévaut à l’international engendre de facto une inflation qui impacte, par ricochet, les taux d’inflation de ce pays qui importe pratiquement tout, excepté les produits énergétiques.

Il y a également pour expliquer ce désarroi économique en Algérie, la « faiblesse du taux de croissance interne », « la dépréciation officielle du dinar », « le niveau des réserves de changes dépendant de la cotation du dinar à plus de 70 % », « le marché informel, qui sert de soupape de sécurité sociale, mais entrave le développement à moyen terme » et enfin et pas des moindres, « la corruption à travers les surfacturations », selon le Professeur et Docteur d’Etat en sciences économiques Abderrahmane Mebtoul (Algérie).

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