samedi 27 juillet 2024

Algérie: Les autorités accusent la Tunisie d’être à l’origine des problèmes de pénuries alimentaires

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Après avoir longtemps nié le problème de pénuries alimentaires et de médicaments, dans les villes algériennes, et puis avoir accusé des agriculteurs d’être la source de la spéculation des prix des pommes de terres et autres produits frais, les autorités algériennes ont trouvé cette fois une explication.

Comme à son habitude, le pouvoir algérien a avancé la théorie de la main extérieure pour se dédouaner de toute responsabilité.

En effet, le Sénat algérien a finalement reconnu l’existence d’un problème au moment où les déclarations des officiels, notamment dans des interventions du président algérien Abdelmadjid Tebboune, ont nié des mois durant une quelconque pénurie.

Ainsi, le chef de l’Etat algérien avait accusé, dans un récent discours, certains Algériens de vouloir tout critiquer affirmant qu’ils « attendent toujours la catastrophe « .

« Toute honte bue, un journal a mis à la Une des étagères vides » a avancé le président avant d’ajouter qu’il est impossible de parler d’étagères vides en Algérie.

Les Algériens ont pourtant dénoncé à maintes reprises l’accentuation de la crise qui s’est faite surtout ressentir au niveau des produits de première nécessité, à savoir le pain, l’huile de friture, la pomme de terre, la farine, la semoule, ou encore le lait en boite dont les prix se sont envolés face à la rupture des stocks.

Sur les prix des produits de base ayant grimpé, la baguette de pain est passée de 10 à 15 dinars, le lait est passé de 100 dinars l’unité à 130 dinars la boite, sans parler des pénuries des légumes et des fruits que les Algériens produisent mais ne peuvent plus se permettre d’acheter.

Pris à la gorge et ne faisant plus de marge bénéficiaire, les boulangers à Tizi Ouzou ont annoncé leur intention de faire grève.

De plus, le pays a enregistré le taux d’inflation le plus important de la région en 2021, soit 9,2% et les experts algériens estiment qu’elle passera à deux chiffres en 2022, selon les prévisions.

Pourtant, pour les autorités algériennes, le problème ne vient pas de l’intérieur. Comme à son habitude, le pouvoir algérien a avancé la théorie de la main extérieure pour se dédouaner de toute responsabilité.

Alors que les relations diplomatiques avec le Maroc sont rompues depuis août et les relations commerciales sont au point mort entre les deux pays, l’ennemi traditionnel de l’Algérie ne pouvait pas être accusé cette fois, et de ce fait le Sénat algérien s’est rabattu sur la Tunisie, en l’accusent d’être responsable de contrebande et donc d’inflation des prix.

Une étude présentée aux gouverneurs de 14 régions frontalières, dans le sud et l’est du pays, estime que c’est surtout la frontière de l’est la plus active dans le phénomène de contrebande, provoquant ainsi la perte de 30% des produits algériens, d’où semble-t-il les pénuries en cours dans le pays.

Les élus algériens estiment ainsi que la contrebande des produits algériens en Tunisie est une réelle menace pour la sécurité alimentaire en Algérie et ont également appuyé la politique de fin des subventions de produits de base décidée par le gouvernement algérien en décembre, jugeant que de cette manière, ils ne profiteront plus à la Tunisie.

En réalité, le phénomène de contrebande entre l’Algérie et la Tunisie n’est pas essentiellement lié aux produits alimentaires, mais surtout au pétrole, et les produits qui se retrouvent en pénurie dans les commerces algériens sont surtout des produits importés comme la poudre de lait ou encore l’huile et subventionnés par l’Etat.

Le 31 décembre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a signé la nouvelle loi de finances 2022 qui a acté la fin des subventions sur des produits de base (pain, semoule, sucre, huile, eau, électricité, gaz…) et c’est cette donne qui a impacté aussi rapidement les ménages algériens dès janvier.

Avec la fin des subventions en Algérie, qui touchent également les prestations sociales qui permettent à la population de bénéficier d’une éducation, de soins de santé gratuits, de logement à prix réduits, le quotidien des Algériens risque d’être bouleversé, et en contre partie, l’Etat algérien économisera 10% de son PIB.

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