jeudi 9 mai 2024

Le livre « Amazighité au singulier »: Un pavé dans la mare

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Mohamed Boudari

  « Les élites marocaines militantes au sein du mouvement amazighe, politiques (celles partisanes et syndicales) et civiles (les ONG), se retrouvent au début du vingt-et-unième siècle face à un défi majeur: celui du statut de la (les) langue (s) amazighe (s) dans le système politico-linguistique contemporain. Ces élites voient que l’amazighe doit être unifié et  normalisé alors que la réalité et les attentes ‘‘scientifiques’’ et aspirations du développement et de la durabilité sont tout autres. »

  Voici un passage de l’introduction du premier livre de Driss Ait Lhou, publié à compte d’auteur par l’imprimerie Walili à Marrakech, sous l’intitulé: « Amazighité au singulier ».

  L’objectif majeur de ce livre, qui se décline en trois chapitres avec un résumé en langue arabe, « est une tentative de faire éviter au Maroc et aux marocains un autre échec sociopolitique et de leur faire gagner un enjeu sociolinguistique, tous les deux gérés aujourd’hui, à notre avis, au traves d’une démarche non pertinente  et surtout budgétivore.» souligne cet enseignant chercheur à l’université Cadi Ayyad à Marrakech.

  L’introduction en dit long sur le contenu de l’ouvrage qui aura, sans doute, des retombées considérables sur les discours construits jusqu’à présent autour de la langue Amazigh. Et qui suscitera surement  des allergies chez beaucoup de nos intellectuels Amazigh, tant il est vrai que l’idée développée par Ait Lhou va à l’encontre de ce que pense la majeure frange du mouvement Amazigh.

  D’ailleurs l’auteur ne transige pas et avance l’hypothèse suivante: » l’évangélisation de la standardisation et  de l’unification de l’amazighe explique comment les élites amazighes marocaines reproduisent, de manière consciente ou inconsciente, le discours pan-arabiste dans ses aspects linguistique et idéologique, tout en créant un nouveau discours pan-amazighiste. »

  Et d’ajouter qu’ » Une telle normalisation/standardisation ne peut que passer par l’institution. Or, le temps passe, la langue évolue; les donnes changent de même, et il est donc des questions qu’il faut de plus en plus prendre en considération; en l’occurrence : l’irréversibilité du temps. Ainsi, la dimension temporelle s’avère très importante quant à la durabilité de ladite unification linguistique. Il s’agit plutôt d’un enjeu sociétal ».

C’est dire que le débat ne fait que commencer.

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