samedi 20 avril 2024

Tanger, « Sur la planche » de Leïla Kilani récompensé

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Fouzia Marouf

 

  A l’issue des neuf jours et neuf nuits qui ont célébré l’audace du septième art marocain et de l’inclination de ses cinéastes pour des thématiques révélatrices de l’éveil du Printemps arabe, le 13e Festival national du film de Tanger a récompensé par son Grand prix, « Sur la planche » de Leïla Kilani. Retour sur les temps forts de ces récits qui réécrivent l’histoire cinématographique et contemporaine de la région.

 

  Prenez garde à la montée des extrémismes qui tentent, par voie d’intimidation, d’entraver les esprits libres et résistants. Tel est le message cardinal, de la production filmique de cette treizième édition. Qu’il s’agisse de films réalisés au Maroc ou hors de ses frontières, la jeune école et les cinéastes confirmés ne sont pas près de prêter le flanc à l’obscurantisme et à l’autocensure. Parmi les 23 longs-métrages et 23 courts-métrages, les auteurs se sont attachés à dépeindre le monde, tel qu’il est : dans sa totale vérité et sa nudité crue, à travers un art, au service d’une œuvre sincère.

 
Au nom de la liberté

  « Comme ils disent », « Femme écrite », « Mort à vendre », « L’Amante du Rif », « Les Hommes libres », pour ne citer que ces opus sur la lignée des autres films, ne doivent pas déranger par leur traitement et leur thématique mais susciter un débat, un questionnement, un élan vers une nouvelle forme de langage visuel. Le cinéma ne doit pas faire mal, il est un mode d’expression qui traduit précisément le mal-être, la violence, l’amour d’une société selon différents regards et sensibilités. « Libertad » comme on aime le dire dans le Nord marocain, a suffisamment été un mensonge, il faut qu’on le sache. « Libertad », doit être la source de création de toute forme d’art. Comme l’a justement rappelé, Nour-Eddine Saïl, aux pseudo-dépositaires d’une morale pudibonde, qui a tenté de faire un mauvais cinéma lors de la cérémonie de clôture, ce 21 janvier dans l’enceinte du cinéma Roxy : « La sexualité et la pornographie sont dans vos têtes ! ».

 

 

Palmarès, côté long et court

  sur-la-planche C’est au nom de liberté, que cette édition a récompensé par son Grand prix, « Sur la planche », de Leïla Kilani. La talentueuse réalisatrice qui avait déjà présenté, le documentaire « Nos lieux interdits », en 2008, également primé, a signé cette fois, une fiction qui se situe à Tanger. Présenté au 11e Festival international du film de Marrakech et lors de la 43e Quinzaine des réalisateurs au 64e Festival de Cannes, cet opus, qui sortira ne France le 2 février prochain, met en scène un quatuor féminin. « Une fraternité », comme le souligne Leïla Kilani, de destins fracassés, nourris de choix, de rêves et d’envie de vie meilleure. Badia, Nawal, Imene et Asmaa, travaillent et traversent Tanger, de l’usine à crevettes au port, puis de l’usine de textile en zone franche. Un film noir, où la cinéaste rappelait le matin, lors du débat à l’hôtel Chellah: « Il s’agit de mon univers propre, de ma culture ».

 

  Toujours situé dans le Nord, à Tétouan, « Mort à vendre », de Faouzi Bensaïdi, a obtenu, le Prix du jury. Ce récit sombre aux allures de polar, qui réunit Fehd Benchemsi, Fouad Labiad, Mouhcine Malzi, Iman Mechrafi révèle de nouveaux espoirs, et sera présenté à la Berlinale, le 11 février prochain.Le Prix du scénario a couronné, « Femme écrite » de Lahcen Zinoun. D’une esthétique hors pair, ce bel ouvrage nous embarque sur les traces d’Adjou, femme aimée par Naïm, un anthropologue. Adjou, lui inspire le souvenir de Mririda, poétesse qui fréquentait une maison où se pratique le plus vieux métier du monde. Le cinéaste rend un évident hommage à la Kayna, à l’histoire des tatouages et aux femmes libres à travers le temps.

 

   C’est le film, « Les Mécréants », réalisé par Mohcine Besri, qui a obtenu le Prix de la meilleure œuvre. Un film fort qui confronte, des islamistes à de jeunes comédiens.

 

   Côté court, le Grand prix est revenu au court-métrage, « Sur la route du paradis », de Uda Benyamina, avec la comédienne Majdouline Idrissi. « Quand ils dorment », signé par la cinéaste tangéroise, Maryam Touzani, avec l’acteur Abdessalam Bounouacha, a obtenu le Prix du scénario. Le Prix spécial, a distingué « En héritage » de Reda Mustapha et la mention spéciale a récompensé « La main gauche » de Fadil Chouika », hommage poignant à tous les gauchers du monde.

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