lundi 6 mai 2024

Les pirates à l’assaut de la BD

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AFP

  Avec quelque 40.000 titres piratés sur internet, la bande dessinée est le secteur de l’édition le plus écumé par ces « corsaires », organisés en équipes de fans qui proposent des fichiers illégaux de très bonne qualité, selon une étude rendue publique avant le Festival de BD d’Angoulême.

 

  Cette étude réalisée pour le MOTif (Observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de-France) ne concerne que les contenus payants et sous droits et seulement les BD publiées par des éditeurs français, en français (traduites ou non).

 

  « Notre estimation va de 35.000 à 40.000 titres de BD piratés, dont 8.000 à 10.000 réellement accessibles, avec des liens de téléchargement et des sources peer-to-peer actifs, à la portée d’un internaute moyennement averti », souligne Mathias Daval, qui a mené l’enquête.

 

  Le peer-to-peer (P2P) est un système où les ordinateurs, reliés entre eux par un réseau, peuvent s’échanger des fichiers. Il est encore employé pour le piratage des BD mais le téléchargement direct gagne du terrain.

 

  Les BD disponibles sur des réseaux privés accessibles par une connexion sécurisée ont été exclues de l’étude, explique le chercheur de Edysseus Consulting.

 

  « Le lecteur de bande dessinée est historiquement un collectionneur, plutôt compulsif. Et il n’y a pas assez d’offre numérique légale, ce qui peut constituer, dans une certaine mesure, un encouragement au piratage », note-t-il.

 

  « Le temps de lecture et le format des BD s’adaptent bien à une lecture sur ordinateur ou support numérique et il est fréquent de trouver des paquets de BD à télécharger par série ou par auteur », ajoute Mathias Daval.

 

   D’autres sites se contentent de publier une liste brute de liens proposant jusqu’à 100 Go de BD téléchargeables en quelques clics…

 

  Le piratage de bande dessinée n’est pas un sport solitaire. Ce sont des centaines d’équipes très organisées de pirates passionnés qui sont à l’œuvre.

 

  Ces « teams » scannent les planches, les traduisent si nécessaire, refont alors les textes à la main et les mettent en ligne. C’est un travail de longue haleine, nécessitant trois à cinq heures pour une BD sans la traduction.

 

   Côté mangas, ce sont surtout celles parues au Japon et pas encore en France qui sont piratées. « Une fois la traduction publiée, les pirates suppriment la version illégale. C’est leur code de déontologie », explique-t-il.

 

  Autre caractéristique, la BD se prête très bien au « streaming » (lecture en continu sur internet). C’est d’ailleurs le modèle choisi par la plupart des plates-formes légales de BD numériques.

 

  Pour le manga piraté, la lecture en ligne est une pratique ancienne, ce qui n’est pas le cas pour les autres types de BD.

 

  Il existe d’énormes portails de téléchargement: le principal, fin décembre 2011, regroupait ainsi environ 9.000 chapitres de mangas en streaming et 8.000 en téléchargement direct. Certains sites sont aussi spécialistes d’un seul manga. Ainsi, le plus populaire consacré à la série « One Piece » a enregistré 4,1 millions de visites en 2011…

 

  A l’exception du manga, les nouveautés sont nettement moins piratées que les best-sellers des deux dernières années. Deux BD piratées sur trois datent de moins de dix ans.

 

  Aux Etats-Unis, ce sont surtout les « comics » qui sont piratés et au Japon les mangas.

 

Ce coup de projecteur sur la BD fait partie d’une étude plus globale sur l’offre numérique illégale de livres français sur internet en 2011 qui sera publiée en mars par le MOTif, à l’occasion du Salon du Livre, à Paris.

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