Les données de Refinitiv, fournisseur mondial américano-britannique de données et d’infrastructures sur les marchés financiers, montrent que les livraisons de carburant diesel de la Russie au Maroc, le mois dernier, se sont élevées à environ 150.000 tonnes. En 2022, les exportations totales dudit carburant étaient d’environ 735.000 tonnes, après 66.000 tonnes une année plus tôt. En janvier 2023, les mêmes sources indiquent qu’environ 140.000 tonnes de produits ont déjà été expédiées du port baltique de Primorsk vers le Maroc.
Les entreprises pétrolières marocaines sont accusées par des parlementaires de manipuler la source de pétrole qu’elles achètent à la Russie à des prix bas, pour le vendre sur le marché national à des prix élevés et réaliser d’énormes bénéfices « sous la table ». Cela a poussé l’opposition à demander au gouvernement de prendre des mesures pratiques pour contrôler les sources des produits pétroliers importés.
Ainsi, des révélations ont été faites par un député appartenant à l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), Abdelkader Tahir, à propos de possibles malversations commises par des compagnies pétrolières au Maroc.
Selon le député, ces compagnies auraient importé du gazole russe à un prix nettement inférieur à celui pratiqué sur le marché international, environ 70% moins cher, pour ensuite le revendre à un prix similaire à celui pratiqué sur le marché international en ayant falsifié les documents attestant de la provenance des produits.
Les entreprises pétrolières auraient ainsi accumulé des bénéfices énormes avec la complicité des sociétés gestionnaires de stockage de carburant dans le port de Tanger-Med, sans être contrôlées par les autorités financières.
Les médias locaux ont rapporté que certaines grandes entreprises pétrolières marocaines importeraient du gazole russe et le feraient passer pour un produit provenant de pays du Golfe ou des États-Unis. Les prix du gazole russe sur le marché international étant nettement moins élevés que ceux d’autres produits pétroliers, cela devrait normalement se traduire par une baisse des prix à la pompe pour les consommateurs marocains.
Cependant, ces entreprises manipuleraient les documents prouvant l’origine du produit pour le faire passer pour du carburant venant des pays du Golfe ou des États-Unis, ce qui leur permettrait de le revendre à un prix proche de celui du marché international et de réaliser des bénéfices considérables.
L’agence de presse spécialisée dans l’économie et la finance, Bloomberg a également révélé que la ville occupée de Ceuta est devenue un nouveau centre d’exportation de pétrole russe, dans un monde post-guerre en Ukraine, où les contours du marché mondial de l’énergie ont changé.
Selon cette même source, l’utilisation du préside de Ceuta pour l’exportation de pétrole russe permettrait de réduire les coûts de transport et d’aider à contourner les sanctions occidentales contre Moscou.
