vendredi 26 avril 2024

Paris-Alger: Le nouvel axe de mal contre le Maroc

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Le succès et l’influence diplomatiques du Maroc sur les plans régional et international rendent jaloux voire font peur à certaines puissances européennes comme la France. Ce postulat suffit, à lui seul, pour décortiquer les enjeux de la visite du chef d’état-major algérien, Saïd Chengriha, à Paris et le tapis, honteusement tenu caché, que lui a déroulé Emmanuel Macron à l’Elysée qui, en dehors de la symbolique et des considérations d’apparat, servaient d’autres desseins: de mirobolants contrats d’armement et le balisage d’un axe Paris-Alger avec, forcément, le Maroc et son multilatéralisme pour cibles.

Le budget de la défense algérienne dans la loi de finances pour l’année 2023 a augmenté de 130% par rapport au budget 2022 , passant de 1.300 milliards de dinars (9 milliards de dollars) à plus de 3.000 milliards de dinars, soit plus de 22 milliards de dollars.

Ce chiffre a entraîné des interrogations, y compris au sein des médias algériens. Les justifications avancées, telles que l’expiration de la validité de nombreux équipements, n’avaient pas convaincantes. D’aucun ont avancé que la junte militaire se préparer à une escalade contre le Maroc, qui demeure pour les généraux sénile « l’ennemie classique », selon les termes du chef d’état-major algérien Saïd Chengriha himself.

De l’autre coté de la méditerranée, le président français Emmanuel Macron a promis en fin de semaine dernière, une enveloppe de 400 milliards d’euros pour l’armée française sur la période 2024-2030! ainsi qu’une forte hausse du budget du renseignement militaire, le tout représentant un tiers de plus que la précédente enveloppe, fixé dans le cadre de la loi de programmation militaire. L’on se demandait comment Macron va-t-il  procéder pour piocher ces ressources colossales, dans un contexte de crise que traverse la France?

L’on sait désormais mieux à quoi vont servir ces milliards de dollars réservés par le régime algérien à l’armement au titre de la seule année 2023. Là encore, on en sait davantage quant à certaines voies où le président français entend piocher les ressources nécessaires à cette ambition.

Selon des spécialistes, l’objectif de l’explosion du budget de l’armée algérienne en 2023 est double. Il s’agit pour l’Algérie de sortir du monopole de fait que lui impose la Russie, son fournisseur quasi exclusif en armes, mais dont les équipements ont montré leurs limites en Ukraine. Les contrats d’armement à venir scellent également un nouvel axe Paris-Alger dont la France sortirait, là encore, grand, sinon seul et unique, vainqueur.

Reçu à l’Elysée lundi 23 janvier 2023, ainsi que par Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées françaises, ou encore le ministre des Armées, Sebastien Lecornu, Saïd Chengriha était en France pour une raison bien plus «matérielle» que la hauteur symbolique du tête-à-tête que lui a réservé le chef d’Etat français.

Le chef d’état-major de l’armée algérienne s’est rendu en France pour acheter des armes.

Le chef d’état-major de l’armée algérienne s’est rendu en France pour acheter des armes, selon des sources bien informées. L’accueil de Chengriha par Macron à l’Elysée, a priori étonnant à la fois par son aspect hautement symbolique et par son côté inhabituel, prend ainsi tout son sens. Tout comme s’explique enfin l’absence d’images de ce tête-à-tête et, surtout, le silence de l’Elysée et des médias de l’Hexagone à l’égard de cette visite et ses desseins occultes. Il y a un silence détonnant des médias français sur la présence du patron de la junte d’Alger sur leur territoire.

Le grand secret dont ce nouvel accord est entouré par les médias français qui, généralement, font feu de tout bois, n’y changera rien. Les directeurs des rédactions françaises, habitués des dîners confidentiels avec Macron, sont rompus à ce genre d’exercices pour fomenter leurs coups en traître et leurs campagnes acharnées, avec comme cibles de choix le Maroc et ses intérêts stratégiques. Un Maroc qui gêne par sa projection multiforme et la diversité de ses alliances stratégiques. Là encore, le nouvel axe Paris-Alger ne pourra rien y changer.

Les propos, ce jeudi 26 janvier 2023, de la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, voulant que «la France n’est pas en crise avec le Maroc» relèvent, dans ce contexte, du risible.

En dehors des précieux milliards que va apporter le choix de la junte par Paris, la France en sort-elle grandie sur les moyen et long termes? Rien n’est moins sûr, soulignent nos sources.

Au delà de ces considérations, cette visite est perçue par certains comme un service rendu par la France à la personne du général Chengriha, accusé par l’opposition algérienne à l’étranger d’avoir commis ‘’des crimes et des exactions’’ liées aux droits de l’Homme et divers trafics.

Pour d’autres observateurs, l’Algérie devrait jouer le rôle d’émissaire de la France au Sahel afin de tenter de juguler le sentiment anti-français grandissant dans la région sahélo-saharienne.

 Il serait plus pertinent pour Paris de s’interroger, dans la foulée de la récente demande d’évacuation de ses troupes militaires au Burkina Faso, si le rapprochement avec Alger ne participera pas à accélérer son déclassement au Maghreb, au Sahel et sans nul doute dans plusieurs pays d’Afrique. Un continent où le sentiment anti-français ne s’est jamais autant exacerbé que depuis que Macron est à la tête de la France.

Signalons, en passant, que ce tête-à-tête est le premier du genre accordé par un président français à un haut gradé algérien depuis l’indépendance de ce jeune pays, créé par la France par un décret d’octobre 1839, un territoire qui formait trois départements français. Ce décret de même que son appendice départementale sont un fait historique dont l’Algérie détient l’exclusivité dans la colonisation de l’Afrique et qui a spolié des nations, surtout le Maroc et la Tunisie ainsi que le Mali, de vastes territoires annexés à la France, qui pensait rester ad vitam æternam dans le pays qu’elle a créé.

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