samedi 20 avril 2024

Tunisie: des salafistes protestant contre une exposition de peinture

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Lareleve.ma-AFP

 

  La police tunisienne a procédé à des tirs de sommation dans la nuit de lundi à mardi pour disperser un important rassemblement de plus d’un millier de salafistes qui tentaient d’incendier un poste de sécurité dans la zone du Kram, une banlieue populaire au nord de Tunis, a-t-on appris auprès de témoins oculaires.

 

  Face à la multiplication des actes de violence attribués à des groupes dits salafistes, le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, a autorisé les forces de l’ordre à tirer à balles réelles.

 

  Les manifestants se dirigeaient vers la ville de La Marsa, à moins de 5 kilomètres de distance, pour s’attaquer au palais Abdellia où se tenait une exposition de peintures dont certaines étaient jugées « choquantes » et « indécentes » par les islamistes radicaux.

 

  L’un de ces tableaux considérés comme «portant atteinte au sacré» représente des fourmis qui forment le nom d’Allah. D’autres exposent des caricatures de la Mecque et d’un homme barbu avec de longues dents ou encore le portrait d’une femme nue.

 

  La tension est montée dimanche lorsque des salafistes accompagnés d’un avocat et d’un huissier ont ordonné aux organisateurs d’enlever les toiles controversées. La menace a été contrée par une mobilisation de forces de l’ordre, de la société civile et de personnalités politiques venues « défendre la liberté d’expression et de création », selon le mot d’ordre lancé sur le site Facebook.

 

  Mais des centaines d’islamistes radicaux sont revenus à la charge à la tombée de la nuit, détruisant et lacérant plusieurs œuvres d’art. Une flambée de violence s’en est suivie dans la nuit de lundi à mardi dans les environs de Tunis.

 

A La Marsa, un poste de police a été incendié, a constaté un photographe de l’Associated Press. Des troubles plus violents étaient signalés par la radio privée Mosaïque FM à Sijoumi, une cité populaire proche de la capitale.

 

  Des salafistes y auraient incendié le tribunal cantonal et un véhicule de la protection en banlieue tandis que d’autres individus se livraient au pillage de magasins en dépit de l’arrivée de renforts des forces de sécurité.

 

  L’an dernier, la diffusion de films comportant des séquences jugées « blasphématoires » avaient provoqué une levée de boucliers des islamistes. Le domicile de Nabil Karoui, du patron de la chaîne privée « Nessma TV » qui avait passé « Persepolis », a été partiellement incendié. Traduit en justice, M. Karoui a écopé d’une amende pour « atteinte à la morale et troubles à l’ordre public ». AP

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