De tous les grands projets de l’Etat, l’habitat est sans doute celui qui renvoie le plus à l’image de l’âne qu’on veut ferrer pendant qu’il trotte. Commence-t-on à peine à réaliser un objectif jugé déterminant que déjà il est dépassé. De fait les choses progressent très vite dans le secteur de l’habitat. Mais, est-on en droit de demander : à partir de quelle fondation s’améliorent ou s’aggravent-elles ? Les avis sont partagés sur les réponses à fournir. Car les estimations des besoins insatisfaits en logements sont si nombreuses et dressent des tableaux si différents du déficit en le domaine qu’il est difficile de s’en faire une idée précise. Des avis concordants incitent à penser toutefois qu’il tourne autour de 300.000 logements.
Il faut donc, affirment les experts, construire 300.000 toits pour simplement se mettre à niveau. Quand on sait que l’effort de réalisation le mieux consenti ne va pas au delà des 100.000 logements par an, on conçoit que ce secteur d’activité ait toujours été à la traine.
Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant. Depuis les années 80 où la question du logement s’est imposée comme une priorité des politiques publiques, bien des actions ont été entreprises pour y trouver remède. Le fait est que les résultats n’ont pas été au niveau d’efficience qui aurait permis à toute politique d’habitat substantielle de se libérer des pesanteurs de l’accumulation des déficits. Ce n’est qu’en 2010 que cette perspective se présentera. Devant la pression démographique qui s’est accrue avec l’arrivée à l’âge adulte des naissances des années 80, il est ainsi apparu que les politiques suivies jusqu’alors n’ont pas résolu le problème. Il est donc apparu qu’il était temps de changer le fusil d’épaule.
C’est ce à quoi SM le Roi a appelé en 2010 en dessaisissant le ministère de l’Habitat de la question du logement social. Outre que la somme de ce qui a été entrepris dans le passé n’a pas même suffi à combler le déficit cumulé, le logement est devenu un des droits fondamentaux des citoyens. A côté des aspirations à l’enseignement, à la santé et au travail, le droit au logement décent est en effet considéré aujourd’hui comme un devoir des Etats modernes envers leurs citoyens en même temps qu’un critère fondamental pour juger du progrès économique et social des Nations.
Mais mettre en œuvre une politique de l’habitat conséquente ne peut se limiter à la seule édification de logements aussi nombreux soient-ils, il faut encore lui trouver cadre légal à sa mesure. L’habitat social a donc bénéficié d’une batterie de mesures incitatives. Elles ont pour objectif de le porter au point d’efficience qui lui permettra non seulement de combler le déficit mais encore de satisfaire des besoins nouveaux.
Pour parvenir à réaliser ce double objectif, le niveau d’effort de construction requis a été porté de 100.000 à 300.000 unités et des plans d’urbanisation et de lutte contre l’habitat insalubre ou sauvage mis en œuvre.