lundi 13 mai 2024

L’OMS organise son premier sommet mondial sur la médecine alternative

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L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) organise depuis jeudi son premier sommet mondial sur la médecine traditionnelle, en marge d’une réunion des ministres de la santé du G20, à Gandhinagar, en Inde. Quel est son but ? Voici les questions posées au docteur Kim Sungchol, chef de l’unité de médecine traditionnelle, complémentaire et intégrative de l’OMS.

C’est quoi la médecine traditionnelle ?

Selon l’OMS, il s’agit « des connaissances, compétences et pratiques que différentes cultures, comme les autochtones, ont utilisées au fil du temps pour préserver la santé et prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies physiques et mentales. » La médecine traditionnelle regroupe plus de 400 pratiques différentes, telle que l’aromathérapie, visant à utiliser des mélanges à base de plantes, l’ostéopathie, l’hypnose, l’acuponcture ou encore le yoga.

Dans un récent rapport, l’OMS rappelle les apports de la médecine traditionnelle dans les produits pharmaceutiques utilisés aujourd’hui. « 40 % des produits pharmaceutiques autorisés utilisés aujourd’hui sont issus de substances naturelles. » Elle cite notamment l’aspirine, découverte grâce à des formules de médecine traditionnelle utilisant l’écorce de saule ou la pilule contraceptive, mise au point à partir des racines de l’igname sauvage.

Pourquoi avoir créé un tel sommet ?

Dès 1978, l’OMS a mis en place un programme sur la médecine traditionnelle. « Nous travaillons déjà à l’élaboration de directives politiques sur l’intégration de la médecine traditionnelle dans le système de santé », rappelle Kim Sungchol. Mais pour cela, faut-il encore prendre en compte le contexte et la réalité de chaque pays. Si la médecine traditionnelle fait partie intégrante du système de santé de nombreux pays, notamment en Asie, en Afrique ou en Amérique latine, ce n’est pas le cas dans tous les Etats membres de l’OMS. « Les croyances autour de la médecine traditionnelle sont très différentes en fonction du territoire », explique l’expert.

À ce jour, 170 des 194 États Membres de l’OMS déclarent que leur population a recours à certaines pratiques de la médecine traditionnelle. « 126 pays ont mis en place des politiques publiques sur ces pratiques, ce qui montre bien qu’ils reconnaissent certaines pratiques de médecine traditionnelle », estime Kim Sungchol. Lors de ce sommet, praticiens, chercheurs, académiciens mais aussi citoyens des pays membres, notamment des populations indigènes, se mettront autour de la table pour échanger sur leurs pratiques. « Ce sommet est une occasion importante de faire progresser la compréhension et l’utilisation de la médecine traditionnelle. C’est nécessaire et opportun de le faire maintenant. »

Quel est le but de ce sommet ?

« Le principal but est de renforcer la base de connaissances sur la médecine traditionnelle afin d’encourager les pays membres à les intégrer dans leur système de santé en mettant en place des politiques nationales appropriées », explique l’expert de l’OMS. Mais qu’en est-il de la régulation, notamment demandée par l’Ordre des médecins en France ? « Il y a parfois besoin de réglementer, notamment quand la communication est trompeuse », confirme Kim Sungchol. En prévoyant un encadrement législatif sur les produits et l’exercice de certaines pratiques de soin non conventionnelles, l’OMS souhaite renforcer leur qualité, leur sécurité et leur efficacité.

Pour former un corpus de données fiables sur les pratiques et les produits de la médecine traditionnelle, l’OMS mène actuellement une étude basée sur les nouvelles technologies. « Nous essayons d’utiliser les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle pour trouver des preuves de l’efficacité de certaines pratiques. » L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle a, par exemple, permis d’étudier l’activité cérébrale lors de certaines thérapies de médecine traditionnelle, comme la méditation ou le yoga. Quand le futur rencontre le traditionnel.

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