samedi 4 mai 2024

Conseil National de la Presse: «Le débat ne fait que commencer»

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Le débat au sujet du Conseil National de la Presse au Maroc ne fait que commencer. En réaction à l’article de Taieb Dekkar, ancien directeur de l’information de la MAP, intitulé «Conseil national de la presse, un conseil mort-né», le journaliste marocain Mohamed Boundi, membre de l’Association de Presse de Madrid, a diffusé sur son compte facebook un post où il exprime ses idées et quelques observations à ce sujet.

Voici le point de vue de Mohamed Boundi :

 

Débat: A propos du Conseil National de la Presse au Maroc

 

Merci cher ami Taieb pour les éclaircissements en rapport avec le Conseil National de la Presse au Maroc. En tant que journaliste résidant à l’étranger, je devais, en principe, exprimer mon optimisme pour la création d’un parlement des journalistes au Maroc. Toutefois, j’aimerais avancer quelques observations.

D’abord, il fallait s’inspirer des expériences d’autres pays, surtout celles d’Europe, la région géographique la plus proche. Secundo, les éditeurs de journaux, qui sont en fait les patrons d’entreprise de pressé, doivent constituer leur propre organisme qui serait conforme à leur statut. Tercero, le Maroc doit d’abord développer la pratique syndicale et respecter les revendications professionnelles. Cuatro, il faut revoir le statut de la presse qui représente une réelle entrave devant le progrès de la presse.

Comme exemple, je cite le cas de l’Espagne où j’exerce depuis plus de trente ans. Il n’existe pas de Conseil de presse. Il y a uniquement des associations de presse. Je suis affilié à l’Association de Presse de Madrid (APM : 5.785 membres), qui est membre de la Fédération des Associations de Presse de l’Espagne (FAPE : plus de 19.000 affiliés et 49 associations membres).

Il existe aussi Le collège des journalistes de Catalogne (3.500 membres), Le Collège des journalistes de Galice (1.100 affiliés), La Fédération des syndicats des journalistes (2.000) et les groupements de journalistes intégrés aux Centrales syndicales (3.400 environ). Il faut aussi compter les professionnels répartis entre cinq associations sectorielles : sportive (AEPD : 3.000 affiliés), sanitaire (ANIS : 548), administration publique (ANPAP : 548), économique (APIE : 238), photographes de presse et cameramen de TV (ANIGP-TV : 707). Au total, plus de 30.000 professionnels exercent actuellement en Espagne.

 Je ne suis pas en mesure de donner un chiffre exact des professionnels actifs du fait que des milliers de journalistes autonomes ne sont pas recensés dans un organisme institutionnel.

Dans une étude comparative, que j’ai publiée dans la revue de l’APM «Cuadernos de periodistas» (cahiers de journalistes), je suis parvenu à la conclusion selon laquelle la presse espagnole n’est régie ni par un code de presse ni par un haut conseil de presse. Ce sont les associations professionnelles qui délivrent les cartes professionnelles. Elles sont autofinancées et indépendantes des pouvoirs publics. En cas de litige entre professionnels et entreprise, pour insulte ou diffamation, la justice intervient. Pour statuer, le juge doit se référer à une multitude de textes puisés dans les codes  pénal, civil et du travail.

Les éditeurs ont leur propre organisme, Association des Editeurs de Journaux d’Espagne (AEDE). C’est le patronat tout simplement. Je ne suis pas en mesure de concevoir un Conseil National de Presse dans un pays qui compte moins de 5.000 journalistes munis de la carte professionnelle. Ce sont toujours les mêmes noms qui circulent sur la place publique que l’on rencontre partout depuis les années 70. Avec tous mes respects à mes collègues, il faut d’abord élaborer un code de presse viable et encourager le développement de la profession. Nous sommes encore loin des paramètres universels.

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