samedi 27 juillet 2024

La revalorisation des pensions de retraite

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Lareleve.ma

 

  Ba Saleh avait dédié le printemps de sa vie au service militaire. Aujourd’hui, et suite à sa mise à la retraite au crépuscule de son existence, il est incapable de subvenir aux besoins les plus élémentaires de sa famille. Alors qu’il espérait avoir droit à un repos mérité après des années d’épuisantes besognes, le voilà contraint de travailler en tant que gardien d’un immeuble pour arrondir ses fins de mois.

 

  De larges tranches de retraité (e)s se trouvent dans la même situation que Ba Salah, touchant parfois des pensions ne dépassant pas les 100 dirhams/mois. Sous le poids de l’augmentation du coût de la vie et face à la marginalisation, ces retraités sont obligés de chercher un travail malgré leur âge avancé et l’état de maladie et de fatigue qui les ronge.

 

  Au moment où ces retraités espéraient l’augmentation de leurs pensions avec l’avènement du nouveau gouvernement, la récente déclaration du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, leur annonçant la hausse de mille dirhams du seuil minimal des pensions dans le cadre du régime collectif d’allocation de retraite, a déçu plus d’un. En effet, les différents acteurs syndicaux et associatifs représentant les retraités se sont accordés à dire que cette hausse est insignifiante et qu’elle ne couvre pas la totalité des caisses de retraite.

 

  Samedi dernier, lors du conseil du gouvernement, le chef du gouvernement avait précisé que cette procédure coûterait à l’Etat un milliard de dirhams par an, et qu’elle profitera à une large tranche des anciens fonctionnaires dont les pensions ne dépassaient pas 200, 250 et 400 dirhams. Toutefois, cette augmentation est considérée comme modique compte tenu de la hausse du coût de la vie.

 

  A cet égard, Ahmed El Mbarki, président de la fédération nationale des associations des retraités et des personnes âgées, a déclaré à l’agence Maghreb Arabe Presse que ces hausses doivent couvrir toutes les caisses de retraite et les tranches des retraités. La fédération réclame la réduction des prix de billets de transport au profit des retraités à 50 pc, la création de cartes spéciales assurant l’accès des retraités aux hôpitaux et autres établissements publics et la création de clubs exclusifs aux retraités afin d’y pratiquer leurs loisirs.

  Pour sa part, le secrétaire général de l’organisation démocratique des retraités, affiliée à l’organisation démocratique du travail, M. Abdelhamid Hassoun, a qualifié cette décision d’injuste, du fait que « ces hausses ne peuvent assurer une vie décente aux retraités ». Il a, en outre, souligné l’importance d’élever le seuil minimal à 3000 dirhams, attirant l’attention sur la situation des veuves des retraités qui n’ont droit qu’à la moitié de la pension que touchaient leurs défunts maris.

 

  Les revendications de la fédération nationale des associations des retraités et des personnes âgées portent essentiellement sur l’amélioration des salaires et pensions des retraités à travers la révision rétroactive du système des retraites et la hausse du seuil minimal à hauteur de 3000 dirhams. Selon M. Hassoun, cet organisme insiste notamment sur l’importance d’exonérer les retraités de l’impôt sur le revenu prélevé sur leurs pensions.

 

  En outre, M. Hassoun a souligné l’importance de mettre en place un code juridique assurant les droits des retraités, affirmant que ces derniers onstituent une force de proposition de part leur expériences et leurs connaissances.

 

  De son côté, l’organisation démocratique des retraités, affiliée à l’organisation démocratique du travail, a assuré que la récente hausse n’est que la mise en oeuvre de la décision d’élever le seuil minimal prise par le gouvernement précédent suite à l’accord du 26 avril 2011 signé avec les syndicats, tandis que les retraités civils et militaires s’attendaient à ce que le gouvernement fasse preuve d’équité.

 

  Le bureau national de l’organisation a considéré, dans un communiqué, que la hausse de mille dirhams allouée aux retraités constitue « une manœuvre et une illusion inacceptables et irresponsables » compte tenu du fait que ladite hausse n’est autre qu’une décision déjà prise par le précédent gouvernement, notant que la décision concerne le régime collectif d’allocation de retraite, considéré comme le plus minoritaire (75.000 retraités y sont affiliés) des quatre caisses de retraite. Le bureau a rappelé ses appels à augmenter le seuil minimal des pensions civiles et militaires au même niveau des salaires minimaux mis en place, d’augmenter les pensions des retraités civils et militaires, des forces auxiliaires, de la gendarmerie royale et de sûreté nationale à hauteur de 600 dirhams net, comme cela est le cas des fonctionnaires et des employés.

 

  Le directeur des assurances et de la prévoyance sociale au ministère de l’économie et des finances, M. Hassan Boubrik, a expliqué que la décision ne concerne pas la hausse du seuil minimal des pensions, mais l’établissement du principe du seuil minimal des pensions dans le cadre du régime collectif d’allocation de retraite, assurant que ce régime ne comporte pas seulement le seuil minimal des pensions prévu par la caisse marocaine de retraite et la caisse nationale de la sécurité sociale, et qui atteint actuellement 1000 dirhams.

 

  M. Boubrik a ajouté que d’un point de vue légal, et afin d’établir ce seuil, il est important de réviser les dispositifs de la loi 1.77..216 portant sur la création d’un régime collectif d’allocation de retraite via l’attribution d’un article sur cette question.

 

  Quant à la hausse du seuil minimal dans les autres caisses, M. Boubrik a affirmé à l’agence MAP que celles-ci ne peuvent augmenter le seuil minimal des pensions à des niveaux élevés puisque cela présenterait une menace à leurs équilibres financiers et à leur capacité d’assurer le versement des pensions, sachant que ces régimes souffrent d’ores et déjà de la fragilité de leurs équilibres sur le moyen terme.

 

  Il a déclaré que l’étude menée par le régime collectif d’allocation de retraite, et qui porte sur les retombées financières qui résulteront de la mise en exécution d’un seuil minimal des pensions de mille dirhams, indique que cette procédure profitera de 500.531 retraités et 5050 des ayant droit, qu’elle coûtera une enveloppe globale annuelle de 35 millions de dirhams, et que le coût total demeurera de l’ordre de 0,7 pc sur l’ensemble des engagements du régime envers ses affiliés.

 

Fatima Timjerdine

 

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