dimanche 19 mai 2024

Le tourisme solidaire et développement local

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Ahmed AIT HADDOUT*

  Tout le monde s’accorde pour dire aujourd’hui qu’on ne peut concevoir le développement humain que dans le cadre d’un territoire. Et je suis d’avis que le cadre a «COMMUNE ». De par la longue  expérience du Réseau Marocain de l’Economie Sociale et Solidaire (REMESS) que ses membres ont accumulée, la concertation entre les différents acteurs dans une commune constitue la démarche la plus performante pour atteindre l’objectif escompté. Association et Communes sont les institutions à qui il incombe de mettre en commun les moyens et les connaissances en vue d’accompagner les populations en vue de créer des entreprises visant à satisfaire les besoins économiques, sociaux, éducatifs et environnementaux.

 

 

1-LA COMMUNE.

  La commune est l’institution à qui il échoit, à côté des différents services de l’Etat,  de gérer les affaires de la communauté et veiller sur la satisfaction des différents besoins de  la population. Les membres de la communes et à leur tête le Président (le Maire) sont élu par la population pour s’occuper de l’administration et la gestion des affaires de la communauté. Mais, pour réussir sa mission la Commune a intérêt à se concerter avec les organisations de la Société Civile. La démarche partenariale est la meilleure formule qui permet de se répartir les tâches et les rôles entre les acteurs. Le partenariat peut être bilatéral ou multilatéral. Les acteurs doivent se compléter en veillant essentiellement sur la mutualisation des moyens et convergence des objectifs pour atteindre les résultats escomptés.

 

 

2-L’ASSOCIATION, ORGANISATION A BUT NON LUCRATIF.

  L’Association qui est une Organisation de la Société Civile est à but non lucratif, apolitique et areligieuse. Elle créée par deux ou plusieurs personnes en vue de mettre en commun leurs connaissances et leurs moyens dans un but autre que se répartir les bénéfices. Les membres d’une coopérative ne doivent pas en tirer un profit matériel. Une association agit en faveur des autres et de manière désintéressée. Elle peut poursuivre des objectifs sportifs, culturels, d’assistance aux handicapés, femmes, enfants, protection de l’environnement, alphabétisation, appui à la création de toutes petites entreprises, AGR   ou coopératives…

 

 

3-LA COOPERATIVE, ENTREPRISE ECONOMIQUE PAR EXCELLENCE.

  La coopérative est l’entreprise économique qui est fondée sur des valeurs et principes universels qui ont été reformulés par l’Alliance Coopérative Internationale en 1995 à l’occasion du centenaire de sa création en Angleterre en 1895. En effet, l’Identité Coopérative Internationale adoptée par les mouvements coopératifs mondiaux, a été reprise par le Bureau International du Travail, dans son congrès de 2002 et l’a adoptée en tant Recommandation 193 sur « la promotion des coopérative ». Ainsi, la commune et l’association ont intérêt à appuyer les coopératives sur leur territoire. Dans quel domaine les coopératives pourraient être constituées et quelle forme de coopératives concevoir ? On doit exclure a priori la forme de coopérative de propriété « collective » qui rappelle l’expérience malheureuse de l’Algérie qui a fait l’objet de la thèse de Serge Koulitshisky, de l’Université de Lyon française durant les années 70 – 80. C’est un mauvais souvenir qui a terni le concept de la « coopérative » (une forme d’entreprise humaine universellement reconnue) aux yeux des algériens. La forme de la coopérative à envisager dans le cadre du territoire qui nous intéresse est autre que celui d’antan. Il s’agit de coopératives de services qui pourraient concerner les activités touristiques, l’artisanat, les produit alimentaires (couscous, PAM, apiculture etc…). Ainsi, il convient que les travaux d’aménagement qui sont menés par l’Association   TAJMAAT N’JEBLA au village DJEBLA, aboutissent à la revalorisation des maisons abandonnées en vue de les transformer en maisons d’hébergement des visiteurs dans le cadre d’un tourisme solidaire et d’échange culturel. Il est nécessaire de commencer par doter ces vieilles maisons en sanitaire, notamment les toilettes et douche et de conditions hygiéniques correctes. Les aliments de consommation et l’animation culturelle doivent être autant que peut locaux. Les visiteurs doivent être sensibles  à la dimension humaine du contact humain, à la tolérance  et respect de la différence et à la protection de l’environnement et des monuments historiques.

 

 

4-LA COUVERTURE ET PREVENTION SOCIALE     

  La coopérative étant une entreprise de l’Economie Sociale et Solidaire, est tenue de s’organiser pour assurer la couverture et la protection sociale de ses membre et des membres de leurs familles. Universellement la Mutuelle est la forme qui relève de la famille de l’Economie Sociale. C’est une entreprise qui est fondée sur la solidarité, l’entraide et la prévention institutionnalisées. Elle a comme principe de base la cotisation du membre et la prise en charge par la communauté des charges des risques qui atteignent un des membres ou sa famille.

 

 

5-COOPERATION ENTRE COOPERATIVE

  Une coopérative, de par les principes universels de la coopération est tenue par,

 

1-L’ouverture de la porte d’adhésion à toute personne qui remplit les conditions, sans aucune discrimination de sexe , de race, de religion, d’appartenance politique , de couleur, de nationalité ..

 

2-Chaque membre a une voix. Il a le droit de se présenter pour faire partie des organes de gouvernance, en vue d’assumer des responsabilités et doit rendre compte à l’assemblée générale.

 

3-Le membre doit participer aux activités et travaux de la coopérative dont il fait partie. Il bénéficie de droits et assume des devoirs. Il doit effectuer ses transactions en exclusivité avec sa coopérative et honorer ses engagements envers elle.

 

4-La répartition des excédents réalisés grâce à  la  mutualisation et gestion commune  de certaines fonctions, se fait au prorata des transactions et/ou travail de chaque « coopérateur ».

 

5-La coopérative a l’obligation de constituer un fonds auquel un pourcentage des excédents annuels est versé en vue d’assurer la formation et l’éducation de ses membres , notamment dans le domaine de « la coopération et de la solidarité ».

 

6-La coopérative doit coopérer avec d’autres coopératives au niveau de la région, national , régional (Maghreb, MENA…), continental et international, par des échanges de produits, de visites et des expériences.

 

 

6-PROPOSITIONS POUR CONCRETISATION DU PROJET TOURISME SOLIDAIRE EN KABYLIE.

1-     Assurer une sensibilisation/formation aux propriétaires des logements objet de l’aménagement et constituer  un comité de suivi( 5 à 6 membres, dont 2 femmes et 2 jeunes) du projet comme le noyau devant entreprendre (assisté par l’association) les démarches pour la constitution de la coopérative de Tourisme Social et Solidaire

 

2-     Organiser un voyage d’études/formation au Maroc (durée de 10 jours) au comité de suivi, accompagnés par des membres de l’association et des élus représentants la commune ( 10 personnes).

 

3-     Former le personnel professionnel dans le domaine de la restauration, de l’accueil, des langues.

 

4-     Préparer l’édition 2013 de « ADERYIS AMENZU N’TAFSUT » (fête du printemps) avec la perspective de l’ouverture des frontières algero-marocaines et prévoir la participation de visiteurs du REMESS, dont des femmes et des jeunes.

 

5-     Lancer le produit de Tourisme Social et Solidaire au niveau national, puis maghrébin avant de l’étendre au niveau méditerranéen et international.

 

 

*Président du Réseau Marocain de l’Economie Sociale et Solidaire (REMESS).

  Communication présentée à Bejaia en Algérie le 2 Mars 2012 à l’occasion de l’atelier organisé par ARMEDT sur le tourisme solidaire et développement local

 

 

 

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