dimanche 19 mai 2024

Adoption, à la majorité des voix, du programme gouvernemental

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Sara bar-Rhout

  C’est fait ! En votant par 218 voix pour la Déclaration du gouvernement, la majorité a prouvé, jeudi au Parlement, qu’elle était désormais derrière Benkirane.

 

  Avec 137 voix contre, les députés composant le trio de l’opposition PAM, USFP et RNI, ont manifesté, à travers le vote de jeudi, qu’ils n’étaient pas du tout convaincus par la Déclaration gouvernementale et encore moins par la plaidoirie d’Abdelilah Benkirane. Deux positions parfaitement en phase avec leur rôle d’opposants au sein de l’Hémicycle. Toutefois, et sans grande surprise, la Déclaration a été approuvée par une majorité composée de 218 voix et sans abstention aucune.

 

 

  Durant sa plaidoirie de jeudi matin, le chef de gouvernement a répondu, point par point, aux questions des députés, sans pour autant apporter davantage de détails sur les moyens qu’il mobilisera pour atteindre quelques uns des objectifs qu’il a chiffrés. Parmi ceux-ci, on notera le rabaissement du déficit budgétaire pour le limiter à 3 % du PIB, le maintien d’un taux de croissance à 5,5 % (inférieur à celui annoncé lors de la campagne électorale et qui était aux alentours de 7 %). Abdelilah Benkirane estimait lors de sa plaidoirie que ce réglage du taux de croissance est «plus ambitieux, car plus réaliste et réalisable». Mais ce qui était le plus frappant du discours est la minimisation du poids de la crise internationale et son impact sur l’économie marocaine. Ainsi, comme tout chef d’Etat ou de gouvernement, il a adopté un discours rassurant, en précisant que la crise est  «passagère et qu’on a les moyens pour la dépasser». Un point de vue que ni les opérateurs ni les grandes institutions ne partagent forcément.

 

 Autres chiffres soulevés, la hausse des pensions de retraite à 1 500 DH, et du salaire minimum à 3 000 DH, à l’horizon 2016, tout en insistant que ces mesures concernent essentiellement la fonction publique. «Pour atteindre ce niveau dans le privé, il faudra travailler main dans la main avec le patronat dans ce sens et, pourquoi pas, atteindre des niveaux supérieurs», a ajouté Benkirane.

 

Genre et nombre

  Maniant le verbe avec cette manière qui lui est propre, Abdelilah Benkirane est revenu sur l’équipe gouvernementale et plus précisément sur le nombre de ministres qui la compose: «  J’ai révisé ma conviction à ce sujet. Ce n’est pas une question de ministre en plus ou en moins, mais plutôt d’affectation de personnes compétentes pour des postes déterminés». Il a donné l’exemple du département du tourisme et de son pendant dans l’ancien gouvernement, l’artisanat, aujourd’hui devenu un ministère à part entière. Le chef de gouvernement a expliqué qu’il était heureux de cette nouvelle répartition car, généralement, quand « on adosse un petit secteur à un autre, plus important, c’est souvent ce dernier qui prend la part du lion, en termes d’actions et de réalisations».

 

  Quant à la question du genre, deux phrases glissées dans son allocution, allaient révéler que Benkirane a bien compris que l’égalité entre l’homme et la femme est un chantier auquel devrait s’atteler l’ensemble de la classe politique. D’ailleurs, il n’a pas hésité à porter une insinuation à sa propre équipe gouvernementale, comptant une seule femme au poste de ministre, et dont la composition a généré un tollé dans le landernau médiatico-politique. «Le Maroc a besoin de ses hommes… et de ses femmes pour réussir cette expérience», a-t-il déclaré, en substance, avant de rajouter, dans un murmure à peine audible : « J’ai appris la leçon !».

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