samedi 4 mai 2024

Programmes ramadanesques sur les télés marocaines: Entre médiocrité et nullité

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Chaque année, à l’approche du Ramadan, le paysage audiovisuel marocain est envahi par une vague de productions télévisuelles qui suscitent plus de critiques que d’engouement. Ces programmes, souvent formatés et dénués de substance, peinent à répondre aux attentes d’un public en quête de divertissement de qualité et porteur de sens.

Sitcoms, caméras cachées, drames, fictions, télé-réalité… La grille ramadanesque sur les télés marocaines ne laisse jamais indifférent. Les avis partagés sur les réseaux sociaux en disent long sur les attentes et les déceptions des Marocains. Les chaînes Al Aoula et 2M sont des exemples de la production télévisuelle la plus insignifiante jamais vue. Comme chaque année, la plupart de ces productions souffrent de nombreux défauts qui irritent les téléspectateurs, ce qui soulève des questions sur leur acceptation de suivre de tels programmes qui ne correspondent ni à leurs aspirations ni à leurs valeurs culturelles.

Ce large débat se manifeste clairement par le rejet croissant de la médiocrité des productions ramadanesques, ce que nous observons clairement sur les réseaux sociaux où les critiques fusent sur la qualité médiocre de ces productions. Celles-ci sont accusées d’aborder des sujets futiles indignes du niveau attendu par les téléspectateurs pendant ce mois sacré. De plus, la qualité artistique et la médiocrité du jeu d’acteur font l’objet de critiques acerbes, ce qui crée une grande controverse sur l’intérêt de les suivre.

Le problème se complique encore lorsqu’on examine les données indiquant que les taux d’audience de ces productions restent élevés, ce qui soulève des questions sur la fiabilité et l’efficacité des méthodes de mesure d’audience. Le grand intérêt accordé aux statistiques et aux données fournies par les institutions responsables de la mesure d’audience incite beaucoup de gens à douter de la précision de ces chiffres et de leur représentativité réelle des goûts et des intérêts des téléspectateurs. En effet, les chiffres exprimés dans ces données ne reflètent pas l’opinion réelle des Marocains qui rejettent ces productions, comme le montre clairement l’activité sur les réseaux sociaux.

Étant donné que ces productions sont financées par l’argent des contribuables et diffusées sur les chaînes nationales, il est crucial de revoir d’abord les mécanismes de mesure d’audience et de les améliorer pour refléter les aspirations et les préférences des téléspectateurs. De même, les professionnels des médias et les responsables des programmes ramadanesques doivent s’efforcer d’améliorer la qualité du contenu et de proposer des programmes télévisés qui répondent aux attentes du public et qui sont à la hauteur des défis culturels et sociaux auxquels la société marocaine est confrontée aujourd’hui.

Il est inadmissible de tolérer la prolifération de programmes télévisuels médiocres pendant le Ramadan pour satisfaire les désirs de profit rapide de certains, qui considèrent ce mois comme une occasion de réaliser des profits importants aux dépens du bon goût des Marocains. Il est également inacceptable de masquer ce phénomène en jugeant le succès des programmes télévisés uniquement en fonction des taux d’audience et de la publicité directe, sans prêter attention à la qualité artistique ou au contenu culturel. Ce modèle économique risque d’encourager la production de programmes qui visent uniquement à attirer le plus grand nombre possible de téléspectateurs, sans se soucier de leur contenu.

Si l’industrie télévisuelle marocaine souffre d’un manque d’organisation et de contrôle, laissant le champ libre à l’opportunisme et à la production de programmes de qualité médiocre sans aucune intervention ni surveillance, il est temps de mettre un terme à ces pratiques honteuses indignes du Maroc de 2024, qui sont désormais rejetées par les Marocains. Il s’agit d’une crise qui exige des solutions réalistes et concrètes au lieu de la politique de procrastination et des solutions palliatives.

Le Ramadan, mois de spiritualité et de partage, ne devrait pas rimer avec productions télévisuelles médiocres. Il est temps de sortir du cercle vicieux du profit à court terme et de miser sur la qualité des contenus. Repenser les mécanismes de mesure d’audience, responsabiliser les professionnels des médias et mettre en place une réglementation efficace sont autant de leviers pour opérer un véritable renouveau télévisuel. Le public marocain mérite une télévision à la hauteur de ses aspirations, capable de proposer des programmes divertissants, stimulants et respectueux de la culture marocaine. Le Ramadan peut être l’occasion d’une renaissance audiovisuelle, à condition de placer l’exigence de qualité et le respect du public au cœur des préoccupations.

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