samedi 27 avril 2024

La prééclampsie et l’endométrite.. des risques sanitaires liés au mariage des petites filles

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Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), met en garde, dans son dernier avis sur « le mariage des petites filles et ses effets néfastes sur leur situation économique et sociale », contre les nombreux risques sanitaires qui menacent la vie des mineures mariées et de leurs enfants. Le Conseil appelle à mettre fin au mariage des petites filles sous toutes ses formes, soulignant les préjudices principalement infligés aux jeunes filles en tant que femmes futures.

Le CESE souligne que les filles mariées sont exposées à des risques élevés liés aux complications de la grossesse et de l’accouchement, avec des adolescentes âgées de 10 à 19 ans ayant des taux plus élevés de toxicité gravidique, d’inflammation du placenta et d’infections systémiques par rapport aux femmes de 20 à 24 ans, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Grossesses précoces

Les enfants de mères adolescentes ont un risque élevé de faible poids à la naissance, de naissance prématurée et de troubles graves liés à la naissance. Cependant, 32% des filles mariées ont un ou plusieurs enfants, même si le ministère de la Santé considère la grossesse avant 18 ans comme présentant des risques élevés.

Le Conseil souligne également les risques sanitaires pour les adolescentes et leurs enfants en raison du manque d’espacement entre les naissances, soulignant que l’utilisation des contraceptifs protège contre les risques liés à la grossesse, en particulier pour les adolescentes, selon l’OMS.

Selon l’Enquête Nationale sur la Population et la Santé Familiale de 2018, les femmes mariées de 15 à 19 ans sont parmi les moins susceptibles d’utiliser des contraceptifs, avec 50% d’entre elles n’utilisant aucune méthode contraceptive.

D’autre part, une étude diagnostique menée par le parquet général d’Azilal a révélé qu’environ un tiers des cas étudiés (26,7%) ont accouché à domicile, augmentant ainsi les risques de décès maternel ou infantile, notamment avec le risque élevé lié à la grossesse à cet âge.

Hausse de la mortalité infantile

Bien que le taux de mortalité maternelle a enregistré une baisse, passant de 112 décès pour 100.000 naissances en 2009-2010 à 72 décès pour 100.000 naissances en 2015-2016, il reste élevé dans les zones rurales, atteignant 111 décès pour 100.000 naissances vivantes, selon les données du Conseil.

Le Conseil économique, social et environnemental estime qu’il serait utile d’examiner s’il existe un lien entre la mortalité maternelle et le mariage précoce, surtout que les données à ce sujet ne sont actuellement pas disponibles, et ce, en raison du nombre plus élevé de cas de mariage des mineurs dans les zones rurales.

Concernant les enfants, l’avis du Conseil a noté une augmentation des cas de mortalité prénatale, néonatale, infantile, et des enfants en bas âge. Les données disponibles indiquent une augmentation de la mortalité néonatale lorsque l’âge de la mère à la naissance est inférieur à 25 ans (14,9 pour mille, contre une moyenne nationale de 13,56 pour mille), de la mortalité infantile (20,6 pour mille, contre une moyenne nationale de 18 pour mille) et de la mortalité des nourrissons et des enfants en bas âge (24,3 pour mille, contre une moyenne nationale de 22,16 pour mille).

Le taux de mortinaissance et de mortalité néonatale est également considérablement plus élevé chez les enfants de femmes de moins de 20 ans, atteignant 105,4 pour mille, contre 24,9 pour mille au niveau national.

Les mineures sont plus exposées à la violence physique et psychologique

D’autre part, le Conseil économique, social et environnemental a mis en garde contre l’exposition importante des filles à la violence familiale et conjugale, physique, sexuelle et verbale, « avec toutes les conséquences connues sur le plan physique et psychologique telles que la privation de liberté, les blessures physiques, la dépression, les troubles d’anxiété et le suicide ».

L’enquête nationale sur la population et la santé familiale de 2018 a souligné que si les femmes de moins de 25 ans, tout comme les femmes plus âgées, sont exposées à la violence psychologique incluant la violence verbale (94,4%), elles sont en revanche plus susceptibles d’être victimes de violence physique ; à hauteur de 27,2% contre 20,7% chez les femmes âgées de 25 à 34 ans et 18,5% chez celles de 34 à 49 ans.

Quant à l’auteur de la violence, selon la même source, il peut s’agir du mari (43,5%), de la famille du mari (36,4%) ou d’une personne extérieure à la famille (28%), indiquant qu’une grande proportion de femmes de moins de 25 ans (77,5%) sont exposées à la violence à domicile.

Selon une étude précédente de la présidence du parquet général, une femme sur dix interrogées (10,95%) a déclaré souffrir de violence économique, ce qui explique pourquoi près de la moitié des cas de violence rapportés par les répondantes (43,15%) proviennent de la famille du mari, étant donné que de nombreuses mineures ne jouissent d’aucune indépendance après leur mariage et vivent dans une situation de dépendance vis-à-vis de la famille du mari.

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