samedi 27 juillet 2024

Hématophobie, cette « peur panique » qui gâche la joie de l’Aïd Al-Adha

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La célébration des fêtes est souvent associée à un sentiment de joie et d’euphorie, surtout lorsqu’il s’agit de l’Aïd Al-Adha, qui se caractérise non pas seulement par sa nature festive particulière, mais aussi par la grande importance accordée, dans le cas d’espèce, au rituel du sacrifice.

Cependant, il existe une catégorie de personnes, appelées « hématophobes », qui vivent différemment cette fête, en ressentant une peur incontrôlable et irrationnelle face à la vue du sang. Ainsi, la célébration se transforme en une panique intense qui provoque une série de malaises et de réactions anxieuses allant jusqu’à engendrer une perte de connaissance à la vue du sang. 

En effet, ces sentiments de peur ne sont pas liés à une sensibilité émotionnelle, mais plutôt à une véritable souffrance telle que décrite par ceux qui l’ont vécue. C’est le cas de Younes, un jeune homme qui souffrait de ce trouble pendant des années.

« Au départ, je ne comprenais pas réellement l’ampleur des sentiments de peur et de panique qui m’envahissaient pendant l’Aïd. J’ai souvent expliqué cela par ma nature anxieuse« , souligne ce trentenaire dans une déclaration à la MAP.

Selon lui, son état s’est aggravé lorsque son malaise a commencé à s’accentuer. « Ce malaise est devenu insupportable, il a été accompagné de symptômes physiques tels que des évanouissements, des nausées, des douleurs abdominales et des maux de tête…« , raconte-t-il, notant que sa souffrance n’était pas uniquement liée à la scène du sacrifice, mais se renouvelait à chaque qu’il a été contraint de subir des analyses médicales. 

Il se souvient comment il ressentait des vertiges à chaque fois que l’image du sang lui revenait à l’esprit, ajoutant qu’il lui arrivait également de sentir l’odeur du sang même après son retour à la maison, avant d’être orienté vers un traitement psychologique. Younes considère que ce qu’il a enduré est principalement d’ordre psychologique.

A ce sujet, la spécialiste en psychologie, Fatiha Meloul souligne que l’hématophobie ou la peur du sang fait partie des phobies spécifiques répertoriées dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.

La phobie du sang est classée comme une peur pathologique de la vue du sang, pouvant parfois entraîner des évanouissements, des nausées ou des douleurs abdominales, en raison du sentiment de panique provoqué par la vue de la scène du sang chez les personnes atteintes.

La spécialiste explique les causes de cette phobie chez certaines personnes à l’approche de l’Aïd Al-Adha par un traumatisme lié, depuis l’enfance, à la scène d’égorgement avec le sang giclant du cou d’un mouton, sans donner à l’enfant aucune explication valable.

« Il est également possible que la personne ait subi des traumatismes dans le passé, tels qu’un accident ou une violence physique sévère pendant l’enfance, donc la peur panique ressentie lorsqu’elle voit du sang ravive les souvenirs de ces traumatismes passés », poursuit-elle.

Le problème de l’hématophobie ne se limite pas à des symptômes psychologiques, mais se manifeste également par d’autres symptômes physiques, précise la spécialiste, relevant que cette peur peut atteindre un niveau alarmant de panique, de perte de conscience, d’une transpiration excessive, de palpitations cardiaques accélérées et de tremblements intenses. Pour faire face à cette situation, Meloul conseille la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui a prouvé son efficacité dans la guérison des personnes souffrant d’hématophobie et de troubles phobiques, en recourant à la technique de l’exposition progressive pour réduire la sensibilité excessive face au stimuli de la peur, et tout en changeant la perception de la personnes atteinte concernant certains événements et ses sentiments envers le sang. 

Elle a, ainsi, mis en avant l’importance du suivi psychologique, en complétant le traitement par une analyse psychologique permettant d’identifier les causes ayant provoqué ce trouble.

En l’absence de chiffres officiels sur l’hémophobie, il est essentiel de jeter la lumière sur cette phobie, eu égard à la prise de conscience croissante de l’importance de la santé mentale et des troubles mentaux. 

Présenter un soutien aux personnes atteintes de cette phobie, en les orientant vers un traitement psychologique peut jouer un rôle crucial dans leur guérison.

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