dimanche 5 mai 2024

Rabat: Le Maroc accueille la 3ème Conférence Pair-à-Pair d’EUROMED Migration V

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Le programme EUROMED Migration V (EMM5) du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD), en collaboration avec et sous l’auspice du Royaume du Maroc, organise une Conférence Pair-à-Pair (P2P) intitulée «Partenariats migratoires multilatéraux pour un développement durable dans la région euro-méditerranéenne». L’événement se tiendra les 9 et 10 novembre 2022 à Rabat, Maroc.

Selon un communiqué, dont une copie nous est parvenue à lareleve.ma, la mise en œuvre des 23 objectifs du Pacte Mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (le Pacte de Marrakech) et l’échange de bonnes pratiques nationales dans le domaine de la migration revêtent une importance capitale.

La Conférence Pair-à-Pair, ajoute le même communbiqué, sera une occasion de faire le point sur les avancées de la gouvernance des migrations dans la région euro-méditerranéenne quatre ans après l’adoption du Pacte de Marrakech et d’explorer des nouvelles approches de coopération internationale pour une gestion efficace, novatrice, responsable et mutuellement bénéfique de la migration et de la mobilité.

En particulier, la Conférence Pair-à-Pair vise à explorer comment les partenariats migratoires pourraient contribuer à :

  • renforcer les capacités des pays à intégrer les questions relatives au changement climatique et à la protection de l’environnement, dont la transition écologique, dans l’élaboration et la gestion des politiques migratoires (voir objectives 2 et 5 du Pacte de Marrakech) ;
  • améliorer la gestion des migrations dans des secteurs fondamentaux tels que l’agriculture et le développement rural, les technologies de l’information et de la communication (TIC) (voir objectives 5, 6 et 18 du Pacte de Marrakech) ;
  • numériser et la moderniser les outils de gouvernance de la migration (voir objectives 1 et 18 du Pacte de Marrakech).

Puisque le développement socio-économique est lié à la fois aux facteurs déterminants et aux résultats de la migration, la Conférence Pair-à-Pair explorera les moyens de renforcer une meilleure gouvernance des migrations au niveau national, régional et sous régional, notamment la coopération sud-sud et triangulaire, dans les secteurs susmentionnés, comme outil pertinent à la disposition des décideurs politiques pour obtenir des résultats économiques plus équitables et des moyens de subsistance durables dans la région.

A cet égard, souligne la même source, la Conférence Pair-à-Pair s’inspire de l’Agenda Africain pour la Migration − soumis par Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc en sa qualité de Leader de l’Union Africaine sur Migration – et des conclusions du 6e sommet Union européenne-Union africaine. La Conférence Pair-à-Pair s’inscrit aussi dans les efforts visant à contribuer à assurer le suivi des recommandations des conclusions de la 8ème Conférence Ministérielle du Dialogue 5+5 sur la Migration et le Développement, tenue les 1 et 2 mars 2020 à Marrakech, Maroc et la «feuille de route» adoptée pour opérationnaliser ses conclusions, et à créer des synergies avec le processus de Rabat, le processus de Khartoum et le dialogue UA-UE sur la migration et la mobilité de continent à continent (C2CMM).

Enfin, les recommandations de la Conférence Pair-à-Pair alimenteront d’autres grands forums régionaux et internationaux, tels que le prochain 7e Forum régional de l’Union pour la Méditerranée − qui se tiendra en novembre 2022 à Barcelone, en Espagne − et la réunion du Forum d’examen des migrations internationales.

Conformément à la procédure habituelle des dialogues EUROMED Migration, la Conférence Pair-à-Pair se déroulera sous les règles de Chatham House.

Contexte

La région méditerranéenne dans son ensemble fait face à des défis environnementaux et socio-économiques considérables.

Bien que riche en sources d’énergie renouvelables telles que le soleil, le vent et l’eau, la région utilise environ trois fois plus de ressources naturelles que ses écosystèmes ne peuvent en fournir et elle compte plus de 180 millions de personnes considérées comme pauvres en eau. La région a aussi l’un des taux de chômage les plus élevés au monde, atteignant une moyenne de 30% parmi les diplômés de l’enseignement supérieur, particulièrement dans le sud de la Méditerranée, alors qu’au nord de la Méditerranée le vieillissement de la population s’accélère depuis longtemps et contribue à une pénurie croissante de main-d’œuvre.

Les défis susmentionnés affectent la gouvernance de la migration de plusieurs manières.

 Premièrement, les changements environnementaux et les phénomènes météorologiques extrêmes inciteront probablement directement ou indirectement les gens à se déplacer aussi bien dans le même pays qu’à l’étranger.

Deuxièmement, l’appel de la communauté internationale à accélérer les transitions économiques vers des énergies à faible émission de carbone et renouvelables –  comme affirmé par exemple dans l’Agenda 2030 pour le développement durable, dans le Pacte de Marrakech, dans le Nouvel agenda pour la Méditerranée et dans le Pacte vert de l’UE – aura probablement un impact sur les besoins des marchés du travail et la composition de la main-d’œuvre dans la région, entraînant à terme une demande accrue de travailleurs locaux et migrants dotés de compétences et de qualifications «vertes» spécifiques.

Sur la base des prévisions actuelles conformes aux plans climatiques des pays, le monde aura besoin d’au moins 20 millions de travailleurs supplémentaires dans les secteurs verts d’ici 2030, alors que la plupart des pays identifient un manque de compétences vertes dans leur main-d’œuvre et reconnaissent qu’ils n’ont pas le capital humain nécessaire pour réaliser une transition bas carbone/verte. Cela pourrait ouvrir de nouvelles opportunités dans la région pour des investissements dans des secteurs économiques clés – tels que l’agriculture et les les technologies de l’information et de la communication (TIC) – et conduire plusieurs pays à adopter des politiques pour attirer et retenir les travailleurs internationaux.

Les partenariats de migration centrés sur les capacités peuvent aider les pays à répondre aux besoins du marché du travail en comblant les pénuries de compétences et de main-d’œuvre, en facilitant le développement des compétences, en créant des réseaux et en encourageant l’innovation, contribuant ainsi au développement durable de toute la région euro-méditerranéenne.

En particulier, la migration légale peut être un outil important pour les transitions jumelles (écologique et numérique), par exemple grâce aux investissements des membres de la diaspora et les envois de fonds vers les pays d’origine. Dans leur rôle de moteurs du développement, de l’entrepreneuriat et de l’innovation, les migrants et la diaspora peuvent faire partie de la solution.

L’intégration d’actions dans le domaine de l’environnement et du climat dans toutes les politiques publiques, y compris la migration, est donc d’une importance capitale pour atténuer les effets du changement climatique et de la dégradation de l’environnement tout en favorisant la création d’emplois et le développement économique. Cela se reflète dans le Pacte vert de l’UE qui préconise de renforcer la résilience climatique et environnementale pour prévenir les sources de conflit, d’insécurité alimentaire, des déplacements de population et une migration forcée, et de soutenir une transition écologique à l’échelle mondiale.

Plusieurs initiatives de coopération sur la migration et la mobilité de la main-d’œuvre ont été adoptées dans la région pour remédier aux pénuries de compétences, et pour renforcer les connaissances, le capital humain, les capacités et les compétences pour stimuler l’innovation dans les secteurs-clés de la transition. Cela inclut la Stratégie 2063 de l’Union africaine, le Protocole de 2018 de l’Union africaine sur la libre circulation des personnes sur le continent, et les Partenariats destinés à attirer les talents lancés récemment par l’UE. Ces initiatives offrent un terrain fertile pour les partenariats en matière de migration afin de renforcer la capacité des pays à gérer les programmes de migration légale et de mobilité afin de favoriser le développement, l’entrepreneuriat et l’innovation. S’ils sont correctement exploités, les partenariats migratoires peuvent conduire à de meilleurs résultats de développement en :

  • favorisant la transition numérique et écologique et la modernisation en reconnaissant mutuellement les lacunes et les besoins en matière de capacités ;
  • renforçant le développement du capital humain dans les pays d’origine (objectif 2.18 c du Pacte de Marrakech); et
  • améliorant le transfert de connaissances et de compétences des pays de destination vers les pays d’origine (objectif 18 du Pacte de Marrakech et Agenda Africain sur la Migration).

Résultats Attendus

Les résultats suivants seront, entres autres, activement recherchés :

  • Les acteurs politiques des pays participants à l’EMM5 ont une compréhension claire du potentiel des partenariats centrés sur les capacités – y compris dans le contexte de la coopération sud-sud et triangulaire – pour atteindre un développement durable lié à la migration et favoriser la transition écologique et numérique.
  • Les acteurs politiques des pays participants à l’EMM5 ont identifié les secteurs économiques clés bénéficiant d’une meilleure gouvernance des migrations et contribuant à la transition et numérique et écologiques.
  • Les acteurs politiques des pays participants à l’EMM5 sont conscients de la manière de moderniser les outils de gouvernance des migrations en faveur de la transition écologique et numérique.

Participation prévue

Le groupe-cible des participants attendus comprend :

  1. Les points focaux nationaux d’EMM5 ;
  2. Des hauts fonctionnaires (Directeurs ou similaires) des pays participants travaillant sur les questions liées à la migration ;
  3. Des représentants des organisations internationales opérant dans le domaine de la migration dans la région euro-méditerranéenne ; et
  4. Des experts en migration.
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