samedi 4 mai 2024

The Middle East Institute: Le Maroc pourrait devenir la banque centrale du marché mondial des engrais

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Depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, les prix des produits alimentaires de base et des énergies ont considérablement grimpé, ce qui a transformé les engrais en une crise existentielle pour la sécurité alimentaire mondiale. Les deux plus grands exportateurs d’engrais au monde, la Russie et la Chine, qui représentent ensemble 28,4 % des exportations mondiales, ont imposé des restrictions sur les exportations d’engrais.

L’Europe, qui en train de contrer les « avancées de Moscou vers l’ouest de l’Ukraine », est pressée d’empêcher une crise migratoire de masse en provenance de l’Afrique du Nord provoquée par la famine. Mais le Maroc ne veut pas se laisser faire par cette pression internationale en restant dépendant de la Russie ou de l’Ukraine en ce qui concerne les produits de base, notamment les céréales.

Dans un rapport publié par « The Middle East Institute », il est indiqué que l’Europe fait face à une guerre d’usure géoéconomique sur deux fronts avec la Russie. Pressée d’empêcher une crise migratoire en provenance de l’AN provoquée par la famine, l’Europe s’est réjouie du projet du Maroc d’augmenter sa production d’engrais de près de 70 % qui va certainement « modifié l’équation stratégique en contrant la capacité de Moscou à + militariser+ le lien alimentation-énergie ».

Le Maroc a donc démontré encore une fois son « importance croissante en tant que partenaire géopolitique de l’Europe et des États-Unis en Afrique subsaharienne », précise le rapport avant de souligner que « la migration motivée par la faim en provenance d’Afrique pourrait être plus que ce que l’Union européenne peut gérer ». D’ailleurs, la vice-présidente de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a averti que cette migration « n’allait pas être aussi gérable » avant d’ajouter : « Nous avons un intérêt mondial à éviter cela ».

Ainsi, le rapport de MEI indique que « le Maroc est le quatrième plus grand exportateur d’engrais au monde, après la Russie, la Chine et le Canada », ce qui réconforte en quelque sorte les Européens.

Le 17 mai, l’OCP (L’Office Chérifien des Phosphates) a annoncé l’augmentation de sa production d’engrais pour 2022 de 10 % ce qui permettra d’injecter 1,2 million de tonnes supplémentaires sur le marché mondial d’ici la fin de l’année.

Ce chiffre reflète la capacité d’OCP à mettre en place une ligne de production d’une capacité d’un million de tonnes en six mois. D’ailleurs, le directeur financier de l’OCP a déclaré que le groupe prévoyait d’augmenter sa capacité de production entre 2023 et 2026 de 7 millions de tonnes supplémentaires, soit 58 % par rapport aux niveaux de production actuels.

Selon le rapport, « l’augmentation des niveaux de production de l’OCP irait à l’encontre de la capacité de la Russie à transformer les engrais en arme », notant que « le Maroc pourrait devenir la banque centrale du marché mondial des engrais et le gardien de l’approvisionnement alimentaire dans le monde ».

Le même rapport conclut que « le Maroc a investi un total de 6,3 milliards de dollars pour construire des usines d’engrais en Afrique subsaharienne, faisant preuve d’une remarquable prévoyance stratégique pour aider à contrer la menace russe de militariser la relation alimentation-énergie », note la même source.

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