jeudi 28 mars 2024

A qui profitent les 29,5 milliards DH?

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Khadija Skalli

  Le droit à l’éducation, considéré universellement fondamental, ne couvre toujours pas l’ensemble de la population. Les infrastructures, comme les moyens humains ajoutent aux dysfonctionnements qui sévissent dans le secteur.

 

 

  Le bilan du Plan d’urgence de l’éducation nationale, présenté récemment par la tutelle, suscite la colère et le mécontentement de l’organisation démocratique de l’enseignement affiliée à l’ODT (Organisation démocratique du travail). Le bureau national de cette centrale syndicale qualifie de « maigres » les résultats de cette réforme et exige un audit financier global dudit Plan. « Une enveloppe financière de 29,5 milliards de DH a été investi dans le plan d’urgence de l’éducation nationale de 2009 à 2012. Le plan prendra fin d’ici quelques mois. Or, les objectifs escomptés de ce programme n’ont pas été atteints ni sur le plan quantitatif ni sur le volet qualitatif. Le montant du budget global est énorme. L’on se demande à qui a profité tout cet argent », s’indigne Jalal Khalid, membre du bureau national de l’organisation démocratique de l’enseignement. Et de poursuivre : « Nous voulons savoir dans quels projets a été réellement investi ce budget colossal. La réalisation d’un audit financier nous permettra de voir plus claire et de relever les dysfonctionnements. En somme, nous exigeons de la transparence ».

 

 

Une implication tous azimuts

 

  Pour rappel, le rapport du ministère de l’Éducation nationale souligne qu’une enveloppe financière de l’ordre de 8,1 milliards de DH a été mobilisée pour réaliser les projets du plan pour l’année 2009, 6,5 milliards de DH en 2010 et 7,4 milliards de DH en 2011. Alors que pour l’année en cours, la tutelle a accordé un budget de 7,37 milliards de DH. Des budgets qualifiés par l’ODE d’énormes en comparaison des résultats obtenus. Pour manifester son mécontentement, l’ODE appelle à l’observation d’un jour de grève nationale dans le secteur de l’éducation le 1er mars. Et interpelle la tutelle pour l’organisation d’un débat public. « Il faut mettre en place, et immédiatement, une réforme éducative globale et réelle, basée sur une approche participative à travers l’inauguration d’un débat public et un dialogue national responsable et élargi qui vise d’abord à établir un diagnostic de la situation actuelle du système éducatif caractérisé par une détérioration et une régression sans précédent. Tous les acteurs concernés par l’enseignement doivent participer, notamment les enseignants, les syndicats, la société civile et les associations des parents d’élèves », renchérit Jalal Khalid. Les dysfonctionnements pointés du doigt par l’ODE sont notamment « le surpeuplement des classes qui impacte le rendement scolaire et la qualité de l’enseignement », « les décisions de rafistolage à la va-vite » prise par le ministère pour palier à certains problèmes. A ce sujet, Jalal Khalid dénonce la « réduction des heures d’enseignement » dans certains collèges et lycées ainsi que la suppression de la matière de « la philosophie » dans certains établissements. L’ODE pointe également du doigt « le déficit des enseignants et des directeurs des établissements scolaires ». Un dysfonctionnement avoué même par la tutelle.

 

 

Des établissements sans directeurs…

 

  Dans son rapport, le ministère reconnaît « la mauvaise répartition géographique » des enseignants dans les différentes régions notamment entre les zones rurales et urbaines. Le nombre global des enseignants exerçant dans les différentes régions s’élèvent à 226 376 enseignants. Cependant, certaines régions connaissent un surplus estimé à 5620 enseignants. Alors que d’autres régions souffrent d’un manque, qui se chiffre à 7279 enseignants. De même pour les directeurs des établissements scolaires publics, le déficit est estimé à 328 directeurs dont 126 dans l’enseignement secondaire. « Comment ces établissements scolaires sont gérés sans directeurs ? », s’interroge Jalal Khalid. Dans la région Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, sept écoles fonctionnent sans directeurs. Le déficit en directeurs, d’établissements dans la région Sous massa darâa est de 25, dans la région Marrakech-Tansift EL Haouz est de 62 directeurs. Pas plus  loin que le Grand Casablanca, 34 écoles sont sans directeurs.

 

 

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