vendredi 17 mai 2024

Les 7 spectres qui hantent l’économie marocaine

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 Lareleve.ma

  Ils sont sept éléments qui érodent l’économie nationale et la menacent, sept éléments qui vont constituer autant de soucis pour l’équipe Benkirane qui entame son mandat, prévu jusqu’en 2016, et qui vont causer de grands tourments au gouvernement.

 

1/ Une saison agricole qui s’annonce difficile:

  C’est la première fois depuis 2007 que des prières rogatoires sont organisées… De trop faibles précipitations, selon les experts, et si la situation perdure ainsi au delà du 15 février, c’est toute la saison qui est compromise, surtout les cultures céréalières. Le secteur primaire contribue pour 17% au PIB national et emploie plus de 50% de la population active. Une mauvaise récolte impactera la Caisse de Compensation, mais aussi la balance commerciale qui devra supporter un surcroît d’importations de céréales dont les prix ont fortement augmenté, avec les conséquences également prévues sur les réserves de change.

 

2/ Les hydrocarbures, le gouffre de la Compensation:

  Ces dernières années, les prix du pétrole ont connu des hausses croissantes, et parfois durables, comme la période où le coût du baril avait excédé les 100 dollars, en raison de l’augmentation de la demande mondiale, principalement celles de la Chine et de l’Inde. Cela a de fortes répercussions sur une économie comme celle du Maroc, un pays non producteur et engagé dans une politique de grands travaux qui nécessitent beaucoup d’énergie.
 

 

  Cette situation marquera l’action du gouvernement Benkirane comme, avant lui, celle du gouvernement el Fassi, qui avait passé le plus clair de son temps à trouver des sources de financement supplémentaires pour la Caisse de Compensation, qui a atteint en 2011 le chiffre record de 45 milliards de DH, au lieu des 17 milliards de DH – déjà controversés. Cette année, le gouvernement risque de devoir faire face au même problème que son prédécesseur car, en plus des demandes des deux géants asiatiques, il y a également les tensions régnant dans les régions de production, comme l’Iran.

 

3/Investissements agricoles, le spectre du ralentissement :

  Le Maroc a déployé de grands efforts dans le passé récent pour attirer les investisseurs étrangers, avec une fortune relativement meilleure que celle des voisins. Depuis 2008, et en dépit de la crise, la manne ne s’est pas beaucoup tarie: ainsi en 2011, ce sont 20 milliards de DH d’investissements directs étrangers qui ont été injectés, avec une augmentation de plus de 16% par rapport à 2010, sachant que l’enveloppe des projets approuvés a cru de 61%, à 60 milliards de DH.

 

  La France, à elle seule, se réserve la part du lion, avec près de la moitié de ces investissements. Mais la grave crise que vivent la plupart des Etats européens laisse prévoir un tarissement de cette source de devises et d’emplois au Maroc, ce qui ne devrait pas arranger les affaires du gouvernement Benkirane, qui s’appuyait sur ces investissements pour relancer l’emploi.

 

4/ Le tourisme, ça commence mal…

  Les évènements de 2011 pèsent, semble-t-il, sur 2012. Ainsi, après toutes ces années où le Maroc a déployé des efforts énormes et consenti d’immenses sacrifices financiers pour bâtir une infrastructure touristique de qualité et en quantité, en parallèle à une politique de formation des ressources humaines, voilà que les arrivées de touristes commencent à diminuer, le mois de janvier ayant accusé un recul d’environ 20% en termes de nuitées. Là aussi, les raisons sont claires et consistent en la combinaison du printemps arabe, qui décourage les voyages, et de la crise économique en Europe, qui les empêche.

 

   Benkirane et ses ministres devront faire preuve d’imagination pour reprendre avec les orientations de la « vision 2020 », et son objectif de 20 millions de touristes. Il faudra donc fixer les marchés existants et en conquérir d’autres, ce qui n’est pas gagné, connaissant l’état de la zone euro.

 

5/ Les réserves de change, malmenées par l’alimentation et les hydrocarbures :

  Ce sont 169,4 milliards de DH en devises détenues dans nos coffres, soit 23 milliards de moins qu’en 2010, ou 11,2%. La raison essentielle de ce tarissement des réserves de change revient au duo infernal alimentation et hydrocarbures, dont les prix ont explosé, en même temps que la demande mondiale pour les deux. 354 milliards de DH d’importations en 2011… Pour les seules céréales, une augmentation de 48% de la facture, avec un montant de 11 milliards de DH; quant aux hydrocarbures, ce sont près de 32 milliards de DH qui sont dépensés, alors que les années précédentes, cette facture n’excédait pas les 7 milliards.

6/ La balance commerciale, un déficit chronique :
 

  Un déficit chronique et qui se creuse d’année en année, avec 166 milliards en 2011 contre 134 une année avant, soit une aggravation de 24%. Le taux de couverture des importations par les exportations est de 48%, après qu’il fut à 50% à fin novembre 2010. La demande, et les ventes, de phosphates ont bien augmenté de 36% pour le minerai et de 35,7% pour l’acide phosphorique et les engrais, mais cette augmentation n’a pas pu compenser celle des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers sur les marchés internationaux. Or, la crise européenne n’augure rien de bon du fait que ces pays en difficultés sont les premiers clients du Maroc et que leur demande va fatalement et forcément reculer, ce qui touchera plusieurs secteurs de notre économie, surtout certaines industries et l’agriculture. Le gouvernement ne pourra certainement donc pas faire honneur à sa promesse de ramener le déficit de la balance commerciale à 3%… La seule solution qui reste à Benkirane est de renforcer la compétitivité du tissu productif interne afin de tirer profit au mieux des accords de partenariat conclus ici et là, en Europe et ailleurs.

 

7/ Le déficit budgétaire, une limite et un frein à l’action gouvernementale :
 

  Un autre cauchemar de l’équipe Benkirane: en plus de l’augmentation des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires, le coût de la facture sociale léguée par el Fassi, le tout ayant contribué à une aggravation de 30% de ce déficit, qui se monte à 45,6 milliards de DH en 2010. Benkirane s’est engagé devant le parlement à ramener ce déficit dans une limite de 3%, se basant principalement sur les vertus de la bonne gouvernance. C’est sûrement bien, la bonne gouvernance, mais ce n’est pas suffisant, car le déficit provient également d’éléments externes et indépendants de la volonté du gouvernement, comme les prix des matières sur les marchés, et surtout si le baril de pétrole se maintient aux alentours des 100 dollars.

 

  Le ministre des Affaires Générales du gouvernement, Najib Boulif, a bien laissé entendre que le déficit, cette année 2012, risque fort de se maintenir à son niveau actuel, si les cours internationaux se maintiennent aussi… Un déficit budgétaire ne permettra pas de régler le problème de la Caisse de Compensation, qui à son tour aggrave ce déficit, et un déficit budgétaire menace la politique des grands travaux, sur lesquels le gouvernement compte tant pour endiguer le chômage

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