samedi 27 avril 2024

La justice britannique décidera mardi sur un dernier recours du fondateur de WikiLeaks

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La justice britannique dira mardi si elle accorde au fondateur de WikiLeaks Julian Assange un dernier recours contre son extradition vers les Etats-Unis, où il est poursuivi pour une fuite massive de documents en vertu d’une loi de 1917 sur l’espionnage.

Quatorze ans après les fuites massives de documents confidentiels sur les activités de l’armée américaine, la journée s’annonce décisive pour l’Australien de 52 ans dans cette affaire au long cours, devenue symbole des menaces qui pèsent sur la liberté de la presse.

Deux juges de la Haute Cour de Londres, Victoria Sharp et Jeremy Johnson, doivent décider s’ils accordent ou non à Julian Assange le droit de faire appel de son extradition vers les Etats-Unis, acceptée en juin 2022 par le gouvernement britannique.

Leur décision sera rendue à partir de 10H30 GMT, selon l’agenda du tribunal publié lundi.

«On y est. DECISION DEMAIN», a réagi Stella Assange, épouse du fondateur de Wikileaks sur X (ex-Twitter).

En cas de défaite, Julian Assange saisirait la Cour européenne des droits de l’Homme dans l’espoir de faire suspendre l’extradition, mais les délais s’annoncent très serrés, selon son épouse.

La justice américaine poursuit Julian Assange pour avoir publié à partir de 2010 plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.

Parmi eux figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters, tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Il a été arrêté par la police britannique en 2019 après sept ans passés dans l’ambassade d’Équateur à Londres, afin d’éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite en 2019.

Risque de suicide

De nombreuses voix ont exhorté le président américain Joe Biden à abandonner les 18 chefs d’accusation retenus contre M. Assange durant le premier mandat de Donald Trump.

Ces dernières semaines, les proches de Julian Assange, détenu depuis cinq ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, ont alerté sur la dégradation de son état de santé.

Sa défense met également en avant un risque de suicide en cas d’extradition.

Souffrant, il était absent des audiences de février, à l’occasion desquels des dizaines de ses partisans étaient venus afficher leur soutien.

Lors de ces deux jours de débats, les avocats de Julian Assange s’étaient efforcés de convaincre les magistrats que ces poursuites contre lui étaient «politiques», et qu’une extradition mettrait sa santé et même sa vie en danger.

L’Australien est poursuivi pour des «pratiques journalistiques ordinaires» consistant à «obtenir et publier des informations», avait fait valoir son avocat Edward Fitzgerald. Son client risque une peine disproportionnée aux États-Unis et «il existe un risque réel qu’il subisse un déni de justice flagrant», a-t-il ajouté.

L’avocate Clair Dobbin, qui représente le gouvernement américain, avait de son côté fait valoir que M. Assange avait «publié sans discernement et en connaissance de cause les noms d’individus qui ont servi de sources d’information pour les États-Unis».

«Ce sont ces faits qui le distinguent (d’autres médias), et pas ses opinions politiques», a-t-elle fait valoir.

En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur du fondateur de WikiLeaks. Invoquant un risque de suicide, la juge Vanessa Baraitser avait refusé de donner son feu vert à l’extradition. Mais cette décision a ensuite été infirmée.

Pour tenter de rassurer sur le traitement qui lui serait infligé, les États-Unis ont affirmé qu’il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence (Colorado), surnommée l’«Alcatraz des Rocheuses», et qu’il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires.

Les Américains avaient aussi évoqué la possibilité qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a récemment dénoncé les poursuites engagées par la justice américaine contre M. Assange, et le Parlement australien a adopté une motion demandant d’y mettre un terme.

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