vendredi 19 avril 2024

L’Espagne toujours promise à un avenir bien sombre

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Lareleve.ma-AFP

 

  Malgré les propos rassurants de la BCE jeudi, qui soulagent dans l’immédiat les tensions des marchés, l’Espagne reste confrontée à un avenir très noir, avec une hausse du chômage que rien ne semble pouvoir enrayer et une récession qui devrait s’aggraver.

 

  « Il suffisait de quinze mots de (Mario) Draghi », se réjouit le journal ABC, El Mundo saluant « les paroles magiques » du président de la BCE, qui s’est dit prêt à tout pour préserver l’euro.

 

  Ces déclarations apaisantes ont permis à Madrid de terminer la semaine sur une bonne note, après l’avoir débutée de la pire manière qui soit, avec une Bourse en chute libre, terminant sous les 6.000 points pour la première fois depuis 2003, et des taux d’emprunt atteignant de nouveaux sommets depuis la création de la zone euro.

 

  « Draghi a clairement indiqué que la BCE n’allait pas laisser perdurer la situation actuelle des taux obligataires, c’est-à-dire des coûts de financement, des pays du sud de l’Europe qui sont à des niveaux insoutenables à moyen terme, ce qui fait que ces pays, dans la pratique, n’ont plus accès aux marchés », souligne la maison de courtage Link Securities, en référence à l’Espagne et l’Italie.

 

  De quoi « donner un ballon d’oxygène aux marchés financiers dans les prochaines semaines », ajoute-t-elle.

 

  La BCE laisse entrevoir « la possible réactivation du programme d’achat de dette souveraine ou de nouvelles injections de liquidités », estiment les analystes de Bankinter, qui préviennent: « ces paroles sont positives, mais nous pensons qu’il est préférable d’attendre les faits ».

 

  Justement, « la BCE aura l’opportunité la semaine prochaine, lors de sa réunion du 2 août, de traduire les paroles de soutien en mesures concrètes », note la maison de courtage Renta4.

 

  Mais si une action de l’institution de Francfort peut relâcher la pression à court terme, difficile de croire que l’Espagne, qui concentre les inquiétudes en Europe, s’en sorte d’affaire aussi facilement.

 

  La promesse d’un coup de pouce de la BCE « ne veut pas dire que les problèmes des économies de l’Europe du Sud, qui ont toujours besoin de réformes structurelles importantes, soient finis », prévient Link.

 

  Piqûre de rappel, ce vendredi, avec l’annonce des chiffres du chômage: l’Espagne comptait fin juin près de 5,7 millions de chômeurs, soit un taux de 24,63% (dont 53% des jeunes), un record dans le monde industrialisé.

 

  Le nombre de sans-emploi continue de monter inexorablement, alors qu’une embellie était attendue grâce au lancement de la saison touristique.

 

  Cette mauvaise nouvelle s’ajoute à l’aggravation probable de la récession, dont les chiffres provisoires seront annoncés lundi: selon les prévisions de la Banque d’Espagne, le PIB devrait avoir reculé de 0,4% au deuxième trimestre, contre 0,3% au premier.

 

 

  Le gouvernement table sur une baisse de 1,5% sur l’année, pour un taux de chômage de 24,6%, et 2013 ne s’annonce guère meilleure, le PIB étant attendu en recul de 0,5%, pour un chômage de 24,3%.

 

  Le pays, qui a perdu son moteur en 2008 avec l’éclatement de la bulle immobilière, ne semble plus avoir d’espoirs de croissance à moyen terme.

 

  Le FMI, généralement plus pessimiste que Madrid, publie vendredi son rapport annuel sur le pays et devrait lui aussi tabler sur un sombre panorama.

 

  L’Espagne, qui a obtenu de Bruxelles un assouplissement de ses objectifs de déficit, a dû annoncer en échange un nouveau plan de rigueur draconien, dans le but d’économiser 65 milliards d’euros avant la fin 2014.

 

  Des mesures qui selon de nombreux analystes devraient encore aggraver la récession et le chômage.

 

  « Toutes les politiques de baisse des dépenses qui sont en train d’être prises sont restrictives et vont contre la croissance », note Alberto Roldan, de la maison de courtage Inverseguros.

 

  Et « augmenter la pression fiscale dans un pays avec un chômage de 25% est absolument régressif », critique-t-il.

 

  D’autant que cette rigueur, qui ne s’accompagne pour l’instant d’aucune mesure de relance, suscite une grogne sociale qui monte de jour en jour: les syndicats brandissent la menace d’une grève générale qu’ils jugent « inévitable » si le gouvernement ne change pas ses plans. Une grande manifestation est prévue le 15 septembre à Madrid.

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