vendredi 29 mars 2024

Egypte: deuxième journée du second tour de l’élection présidentielle

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Lareleve.ma-Agnces

 

  Les électeurs égyptiens, partagés entre méfiance, résignation et inquiétude, se rendaient aux urnes dimanche pour la deuxième journée du second tour de l’élection présidentielle, qui oppose le candidat des Frères musulmans Mohammed Morsi au dernier Premier ministre de l’ex-président Hosni Moubarak, Ahmed Shafiq.

 

  Les bureaux de vote ont ouvert à 8h (6h gmt) et devaient fermer à 21h. Les résultats officiels sont attendus jeudi, mais certains chiffres pourraient être connus lundi.

 

  Le scrutin intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors que la Cour constitutionnelle égyptienne a déclaré le 14 juin « illégal » le Parlement issu des élections législatives organisées par étapes entre fin 2011 et début 2012, suscitant de nombreuses protestations. La dissolution du Parlement, où les Frères musulmans détenaient près de la moitié des sièges de députés, a entraîné la suppression de l’Assemblée constituante. Principale force politique du pays, les Frères musulmans ont souligné que ce jugement de la haute instance « balayait » les progrès acquis depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011.

 

  Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui gouverne l’Egypte depuis la chute de Moubarak et a promis de céder le pouvoir à un gouvernement civil d’ici le 1er juillet, a maintenu le scrutin présidentiel des 16 et 17 juin.

 

  Plutôt que d’appeler à manifester contre ce que des responsables de l’opposition qualifient de « coup d’Etat » institutionnel, les Frères musulmans ont invité les électeurs à « isoler le représentant de l’ancien régime (Ahmed Shafiq) par l’intermédiaire des urnes » et voter pour Mohammed Morsi.

 

  Interrogés, des électeurs ont confié dimanche leur amertume. « Je suis plein de regrets d’avoir à choisir entre deux candidats que je hais », lance un retraité, habitant le quartier cairote de Bab al-Chariyah. « Je dois choisir un mauvais candidat, juste pour éviter le pire des deux », a-t-il ajouté. « Rien ne va s’arranger et l’Egypte ne connaîtra pas la stabilité », prédit-il.

 

  Yasser Gad, un comptable de 45 ans, se montre tout aussi pessimiste. « Le pays court à la catastrophe. Ca va bouillir jusqu’à ce que ça explose. Personne dans ce pays ne veut que l’ancien régime règne de nouveau ».

 

  Ahmed Saad el-Din, un architecte, fustige une « farce ». Il dit avoir « rayé sur le bulletin de vote les noms des deux candidats », pour écrire à la place « la révolution continue ».

 

  « Je ne peux pas voter pour celui qui a tué mon frère ou pour le second qui a dansé sur son cadavre », a-t-il poursuivi. Il faisait allusion au rôle présumé d’Ahmed Shafiq durant la répression du soulèvement populaire contre Hosni Moubaral, en janvier 2011 et à l’attitude de Mohammed Morsi et des Frères musulmans, accusés d’avoir récupéré les événements à leur profit.

 

  Asmaa Fadil, une jeune femme portant le voile, dit pour sa part avoir perdu confiance, surtout depuis la dissolution du Parlement. « J’ai le sentiment que tout est joué d’avance, et que ce qu’on peut dire fait juste partie du plan ». Elle précise qu’elle votera malgré tout.

 

  Certains électeurs faisaient part de leur volonté d’exprimer avant tout un vote de rejet. Les « anti-Shafiq » disaient vouloir faire barrage à une figure qui risquerait de perpétuer le régime de Moubarak. De leur côté, les « anti-Morsi » redoutent que le candidat des Frères musulmans ne favorise la mise en place d’un Etat islamique. Dans la crainte de l’instauration, à l’avenir, d’un nouveau régime autoritaire, certains affirmaient qu’ils allaient choisir celui qui leur semblait, en cas de besoin, le plus facile à renverser par des manifestations, notamment sur l’emblématique place Tahrir au Caire.

 

  On ne faisait pas état dans l’immédiat de fraudes significatives lors de ce scrutin, surveillé par plusieurs groupes d’observateurs. Mais beaucoup se montraient très méfiants, estimant que les militaires au pouvoir voulaient à tous prix, bien qu’ils s’en défendent, la victoire du candidat de leur choix, en l’occurrence d’Ahmed Shafiq.

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